Le pitch de Juror #2 ressemble énormément à une oeuvre en noir et blanc de Georges Lautner, sortie il y a une soixantaine d'années au cinéma, Le Septième juré.
On apprenait en fin de semaine dernière que Clint Eastwood était prêt à tourner son 40e film en tant que réalisateur. Intitulé Juror #2, et présenté comme "l'ultime film de sa carrière", il devrait suivre un procès pour meurtre au cours duquel l'un des jurés se rend compte qu'il pourrait avoir lui-même causé la mort de la victime. Se pose alors un dilemme : va-t-il se dénoncer ? Ou cachera-t-il la vérité au reste du jury pour sauver sa peau ?
Ce premier synopsis rappelle beaucoup celui d'un classique français : Le Septième juré, un film de procès réalisé par Georges Lautner en 1962. Adapté par Jacques Robert et Pierre Laroche (pour les dialogues) d'un livre à succès de Francis Didelot, il suit un certain Grégoire Daval, joué par Bernard Blier, pharmacien sans histoire qui vit à Pontarlier. Au cours d'une promenade au bord d'un lac de sa région, il est pris d'une pulsion meurtrière et assassine une jeune femme (François Giret). Quand son corps est découvert, c'est l'amant de cette dernière, Sylvain Sautral (Jacques Riberolles), qui est accusé. Nommé juré aux assises lors du procès, Daval sait qu'il n'est pas coupable, et va intervenir plusieurs fois pour tenter de le faire acquitter.
Ne spoilons pas la suite dans le résumé : Le Septième juré est un film plein de rebondissements, une étude de moeurs plongeant au coeurs des travers de l'âme humaine. Il est en plus porté par des comédiens très populaires de son époque : Danièle Delorme joue notamment la femme du pharmacien et Francis Blanche incarne le procureur général lors du procès.
A sa sortie, Le Septième juré fut bien accueilli par la critique et attira plus d'un million de spectateurs dans les salles françaises. S'il est loin d'être le plus gros succès de son réalisateur (Le Professionnel a passé les 5 millions d'entrées, Flic ou Voyou, Joyeuses Pâques et Les Tontons flingeurs, les 3 millions...), il s'agit cependant d'une réussite indéniable, qui a d'ailleurs déjà fait l'objet de remakes. A la télévision : dès 1963, dans la première saison de la série Alfred Hitchock Hour, l'épisode n°24, The Star Juror, reprenait ce concept avec Dean Jagger ; et en 2007, un téléfilm d'Edouard Niermans réadaptait ce même roman avec Jean-Pierre Darroussin.
Le lien entre Juror #2 et Le Septième juré reste encore à confirmer. Pour l'instant, on sait seulement que Clint Eastwood le mettra en scène, et qu'il refera équipe avec la Warner Bros. sur ce projet. Une décision qui n'était pas si évidente magré le partenariat de 50 ans entre le cinéaste et le studio hollywoodien, suite au flop américain de Cry Macho, qui avait entraîné la colère du nouveau patron de la firme, David Zaslav, l'été dernier. Grâce à Clint, la Warner a cependant gagné deux Oscars du meilleur film, pour Impitoyable, en 1993, et Million Dollar Baby, en 2005. Des oeuvres pour lesquelles il a aussi été récompensé de deux statuettes du meilleur réalisateur.
Rien ne dit pour l'instant qu'il jouera dans son propre film, à l'image de ces deux-là ou de Gran Torino et La Mule. Deux noms courent concernant son casting, mais sont à prendre avec des pincettes tant que Clint ne les aura pas officiellement annoncés : Toni Collette et Nicholas Hoult. S'ils signent, cela marquera les retrouvailles de l'actrice phare de Hérédité et du comédien de Mad Max Fury Road, qui jouaient une mère et son fils dans Pour un garçon, en 2002. Tirée du roman à succès de Nick Hornby, cette comédie dramatique -également portée par Hugh Grant- avait révélé Hoult au public, enfant, avant qu'il ne décroche le rôle principal de la série Skins.
Honkytonk Man, Gran Torino, Cry Macho... L'adieu perpétuel de Clint Eastwood
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