“Ce n’est pas un film ordinaire” : retour sur la conférence cannoise de Furiosa
ABACA

Accueillis triomphalement hier soir, George Miller, Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke et Doug Mitchell, le producteur, reviennent sur l’un des films à ne pas manquer de Cannes 2024.

Une standing ovation de sept minutes. C’est de cette façon que s'est conclue la présentation de Furiosa : une saga Mad Max au Grand Théâtre Lumière hier soir. Le prequel de Fury Road, qui avait été présenté hors-compétition au Festival de Cannes en 2015, fait fureur, et c’est en partie grâce à ses têtes d’affiche : Anya Taylor-Joy, qui prend la relève de Charlize Theron, et Chris Hemsworth, le plus hollywoodien des acteurs australiens. On leur a laissé la nuit pour descendre de leur nuage. C’est chose faite : ils réagissaient ce matin à ce triomphe dans une conférence de presse, à deux pas de la Croisette.

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Ce succès, George Miller, le réalisateur du film, le trouve remarquable lorsqu’on sait qu’il n’était pas fini deux semaines avant sa projection. Il l’explique plus largement par le fait que la saga Mad Max est composée “d’histoires allégoriques” : si, les Français ou les Américains y voient des “westerns sur roues”, d’autres, comme les Japonais y voient une référence aux samouraïs.

“C'est vraiment extraordinaire de vivre une expérience à travers les yeux du public,” déclare Anya Taylor-Joy, vite suivie par Chris Hemsworth, dont c’est la première fois au Festival de Cannes et qui assure avoir entendu “sonner les cloches de la gratitude dans son coeur” devant un “tel honneur”.

Tout ça, c’est à George Miller qu’on le doit. Selon son actrice principale, “certaines personnes de l’équipe sont sorties de leur retraite” pour faire ce film. Son producteur, Doug Mitchell, ajoute que Miller a cette capacité “à mener depuis le front”, ce qui en a fait un excellent leader pour les 13 000 personnes employées pour la production de Furiosa.

George Miller décrypte le trailer de Furiosa : Une saga Mad Max
Warner Bros.

Lorsqu’on lui demande s’il voit une différence entre le tournage de Fury Road et celui de Furiosa, George Miller rappelle que lorsqu'il a commencé ce métier, il tournait sur celluloïd.

“La seule chose que l'on puisse dire du cinéma, c'est qu'il évolue et change constamment,” déclare le vétéran.

Pour lui, c’est l’histoire qui doit primer, et il a remarqué que les outils utilisés pour raconter Furiosa étaient “différents et plus avancés”. “C'est l'un des aspects fascinants du processus,” conclut-il.

Plus tard, il précisera même que les films d’action “sont du pur cinéma”, renvoyant les détracteurs du genre à Buster Keaton ou encore Harold Lloyd. Pour le réalisateur de soixante-dix-neuf ans, “depuis ses débuts, le cinéma est cinétique”

“Il n'y a pas de film d’action sans un département de doublures formidable,” tient à souligner Anya Taylor-Joy. “Ce film était si sécurisé que ça n’a pas de sens,” précise l’actrice, dont on sait qu’elle n’est pas sortie indemne de ce tournage. Comme le reste de l’équipe, elle a tenu à rendre hommage aux cascadeurs. “Tous les jours, nous nous réveillons avec l’idée que quelqu’un puisse être blessé,” complète Doug Mitchell.

Le tournage de Furiosa a été éprouvant pour Anya Taylor-Joy, son visionnage aussi

Une préoccupation qui concernait autant les doublures que les acteurs eux-mêmes, très impliqués dans leurs scènes d’action, tout autant que dans la construction de leurs personnages. Interrogé sur Dementus, Chris Hemsworth confie avoir trouvé “créativement très satisfaisante la liberté d’être inconsistant”. Dans ce nouvel opus de Mad Max, il joue le chef d’un gang de pillards cannibales, responsable de la mort de la mère de Furiosa.

“Il s’agit d'un personnage méchant, raconte le comédien, mais il était très important pour George et moi d’y trouver de l'humanité. Pas pour excuser ses actes horribles”, précise-t-il, mais plutôt pour comprendre la façon dont cet homme “répond à un monde hyper violent.”

Warner Bros - Furiosa: une saga Mad Max, affiche
Warner Bros

Dans cette saga, aucun des films ne ressemble à l’autre, remarque un journaliste. “Je n’ai aucun appétit face à l’idée de répéter ce que j’ai déjà fait,” répond George Miller, qui précise être motivé par la curiosité, par le sentiment d’apprendre quelque chose, par le challenge de raconter l’histoire par le prisme d’outils différents.

Les outils en question ? Les décors, Les costumes, Les scènes d’action. “Tout ce que vous concevez ou voulez voir dans le cadre doit servir l'histoire,” nous apprend Miller, qui ajoute que ses équipes et lui ont travaillé une certaine complexité :

“Chaque costume est une extension du personnage, chaque accessoire, chaque arme. [...] Il y a un lien étroit entre l'esthétique du véhicule et celle du personnage. Tout sert la progression de l'histoire. Ce n'est pas quelque chose que nous faisons au hasard. Nous en discutons, nous avons une logique interne cohérente sur tout ce que vous voyez.”

“Chaque scène d'action est une extension du personnage, il n'y a rien de frivole. Au fur et à mesure que l'on se rapproche, tout devient de plus en plus complexe,” renchérit Anya Taylor-Joy.

Une complexité sur laquelle elle et Tom Burke ont également eu l’occasion de revenir, sans toutefois trop spoiler les liens unissant leurs deux personnages, Furiosa et Praetorian Jack.

“Il y a tant de types d'amour différents dans le monde, commence la comédienne. Ici, c'est une véritable croyance dans les idées de quelqu'un. Il tombe amoureux de son rêve, de sa promesse. J'ai trouvé que c'était une très belle chose à vivre à l'écran.”

“Nous voulions tous que ce soit une histoire intéressante, mais tendre,” ajoute Tom Burke.

George Miller est "ravi" de revenir à Cannes pour y présenter Furiosa "avec Anya, Chris et Tom"

“J'ai la chance de travailler avec le cinéma, ce média qui fait appel à tous ces sens,” professe le réalisateur de Furiosa. Je suis toujours curieux, non seulement de savoir comment raconter des histoires, mais aussi de savoir pourquoi nous racontons des histoires. [...] C'est ce qui me motive en quelque sorte.”

“Ce n’est pas un film ordinaire,” tranche Doug Mitchell à la fin de la conférence, disponible en intégralité sur YouTube.

Alors, y aura-t-il une suite à Furiosa ? “Pour écrire Fury Road, nous devions connaître l'histoire de Furiosa et l'histoire de Max,” répond malicieusement George Miller, laissant cette question sans réponse.

Il a pourtant confié au micro de Première, avoir "une nouvelle histoire à raconter sur Max". La vidéo est à découvrir ici :