Histoire d’un déserteur israélien traitée de manière à la fois angoissante et burlesque, le second film de Dani Rosenberg se révèle d’une acuité très contemporaine.
Tourné plusieurs mois avant les attaques meurtrières du 7 octobre 2023, le deuxième long métrage de Dani Rosenberg (déjà réalisateur de La Mort du cinéma et de mon père aussi) fait pourtant puissamment écho à l’actuelle situation de la société israélienne. Avec ce portrait d’un soldat israélien de dix-huit ans qui déserte le champ de bataille pour tenter de rejoindre sa petite amie à Tel Aviv, le cinéaste met en scène le désir propre à sa génération de fuir autant que possible la violence dans laquelle est depuis longtemps plongé le pays. Et le film se pare d’une couche supérieure de complexité quand le jeune déserteur découvre que l’armée israélienne, convaincue qu’il a été kidnappé, se lance à sa recherche.
Errant dans Tel Aviv, ville dont l’ambiance en apparence hédoniste et touristique est en réalité dévorée par l’angoisse, le jeune héros essaie de faire triompher ses idéaux pacifistes mais se heurte à une foule de personnages qui ne semblent pas le comprendre. Dani Rosenberg adopte pour cela un style tragi-comique et réussit plusieurs séquences burlesques où le protagoniste, incarné avec brio par Ido Tako, apparaît comme un pantin tout droit sorti du cinéma muet. Persuadé que l’amour et le romantisme existent encore, alors que tout n’est que brutalité et paranoïa autour de lui, le jeune homme va tomber de haut et réaliser que ses rêves de paix relèvent de l’illusion.
Décapant et surprenant, ce Déserteur parvient ainsi à mettre des images sur les maux guerriers qui ravagent aujourd’hui la planète.
De Dani Rosenberg Avec Ido Tako, Mika Reiss, Efrat Ben-Zur… Durée 1h38. Sortie le 24 avril 2024
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