Espion(s)
Mars Distribution

Arte poursuit son cycle cinéma d'espionnage en compagnie de Guillaume Canet et Géraldine Pailhas.

Sorti en 2009 au cinéma, Espion(s) sera rediffusé ce mercredi sur Arte. Avec ce long métrage, l’ex-journaliste des Cahiers du Cinéma Nicolas Saada se frotte avec brio au film de genre. Dans la veine des Enchaînés d’Hitchcock, il signe un film d’espionnage haletant sur fond d’intrigue amoureuse, avec un Guillaume Canet impeccable dans le rôle de l’infiltré rattrapé par ses sentiments.

Vous l'aurez compris, ce film avait enthousiasmé la rédaction de Première lors de sa sortie en 2009. Voici notre critique : Partant du postulat que vous et moi pouvons travailler demain pour les services secrets (en tant que « source », c’est-à-dire comme anonyme infiltré dans un milieu ou une organisation lambda), Nicolas Saada brosse le portrait d’un jeune homme d’aujourd’hui, un peu glandeur, un brin cynique, un poil aventurier et confronté à des enjeux qui le dépassent. À ce titre, le choix de Guillaume Canet pour l’incarner s’impose comme une évidence : avec son allure d’« adulescent » semi-dépressif, il personnifie au mieux le désenchantement d’une génération. L’identification est automatique. La dichotomie entre cet esprit libre mais manipulable et les impératifs de la tâche (stricte observation des règles, respect de la hiérarchie) imprime au récit un rythme soutenu et une confortable lisibilité. Dès lors que s’immisce « la » femme (Géraldine Pailhas, sensuelle et fragile), tout bascule : on passe du film d’espionnage classique à l’histoire d’amour, contrariée à la fois par l’état marital de la belle et par sa participation forcée à la mission. Même si les pistes narratives se multiplient au passage de façon un peu artificielle et conventionnelle, Espion(s) se révèle une incursion hexagonale intéressante dans le film de genre, entre efficacité narrative à l’américaine et sensibilité européenne. Jusque-là, seul Assayas, avec Demonlover et Boarding Gate, s’y était essayé avec succès.

Bande-annonce :


Drôle d’objet télévisuel que Thanksgiving, la série de Nicolas Saada pour Arte [critique]