Damien Chazelle et son équipe ont fait un travail de titan.
La La Land reviendra ce soir sur M6, suivi d'une autre comédie musicale culte : West Side Story. On ne résiste pas à l'envie de revoir sa scène d'ouverture, décryptée par Damien Chazelle un peu après sa sortie, début 2017.
Pourquoi La La Land est un chef d’œuvre"La scène vient du fait que je vis à Los Angeles et que je suis tout le temps dans les bouchons, à me demander si je veux me tirer une balle ou bien danser. Et on avait déjà vu la version où vous voulez vous flinguer dans Chute Libre", résume Damien Chazelle à Entertainement Weekly quand il évoque la scène d'ouverture de La La Land. Fou, incroyablement joyeux et chorégraphié avec génie, le début du film semble être un plan-séquence de six minutes. Ce n'est pas le cas : le réalisateur et ses équipes ont coupé la scène en "trois plans", comme il le confiait dernièrement à The Wrap (une coupe à 3 minutes, une autre à 4 min 45). Une fois parfaitement assemblés au montage, difficile de s'en rendre compte à l'écran. Et chaque plan devait être tourné à la même heure de la journée, pour que la lumière soit toujours à peu près identique. "C'était un casse-tête technique", assure le chef opérateur Linus Sandgren à Indiewire. "On a gardé l'idée du mouvement, mais on a dû à certains moments rester derrière les danseurs au lieu de devant". Mais comment cette scène dingue - qui a demandé six mois de préparation et quelques bosses sur les voitures qui ont servi aux répétitions - a-t-elle été concrètement été filmée ? Une vidéo qui compare le film et ses coulisses donne une bonne idée du dispositif :
Mais avant le tournage, il a déjà fallu obtenir les autorisations pour fermer une rampe d'accès à l'échangeur qui relie les autoroutes 105 et 110 de Los Angeles. "On l'a fermée un samedi et un dimanche d'août 2015, mais une semaine avant on a eu une autorisation pour un dimanche, afin d'effectuer les essais de costumes", explique le réalisateur à EW. Chazelle, la chorégraphe Mandy Moore et les danseurs ont répété sur des parkings de la ville, en essayant de limiter l'espace pour retrouver les mêmes dimension que celles de l'autoroute. "On était tellement précis en répétition qu'on a pris un peu trop de confiance". Et le réveil a été d'autant plus difficile en arrivant sur place pour la première fois : "Auparavant j'utilisais mon iPhone, mais évidemment, c'est plus compliqué avec une grue. Il y avait des tas de choses auxquelles nous n'avions même pas pensé. La rampe de l'autoroute est en pente, ce n'est jamais plat. Vous devez composer avec la chaleur, le soleil qui rend le toit des voitures brûlant… Et le vent était puissant", il fallait donc gérer les mouvements de la grue pour éviter que la caméra ne se cogne sur un danseur ou un véhicule. Il a également fallu cacher l'ombre de la grue, évidemment visible au sol : "C'est pour ça qu'on a décidé de couper le plan-séquence en plusieurs plans, et de les masquer avec un panoramique très rapide", détaille Sandgren. "Pour le public, c'est invisible, mais c'était important pour Damien de garder l'idée de plan-séquence".
Damien Chazelle et son équipe ont alors décidé de légèrement modifier la chorégraphie pour s'adapter. À Time.com, il précise que la première prise a été un désastre. Les grues manquaient de taper sur la tête des danseurs et la chorégraphie les rapprochaient dangereusement du bord de la route… La seconde prise a été la bonne. "C'était difficile, on était limite par moment", explique-t-il. Mais il confie à EW que "grâce à la répétition de la semaine d'avant, on a réussi à tout boucler en deux jours. Je ne dirais pas que c'était facile (…) mais on a eu ce qu'on voulait. Et sans ces mois de préparation, on n'aurait jamais pu le faire". Un tournage compliqué pour une scène qui a déjà trouvé une jolie place dans la mémoire collective.
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