Claude Lelouch revient au Festival de Cannes hors-compétition avec Les plus belles années d’une vie, la suite d’Un homme et une femme, Palme d’Or 1966. Retour sur son extraordinaire parcours cannois.
Avec Les plus belles années d’une vie, suite d’Un homme et une femme (Palme d’Or 1966), Claude Lelouch boucle à Cannes un parcours commencé il y a 53 ans au festival. Le cinéaste est venu de nombreuses fois sur la Croisette. Et avec plusieurs casquettes : réalisateur, bien sûr, mais aussi producteur, membre du jury, documentariste et même distributeur.
Tout commence en 1966. Claude Lelouch n’a pas trente ans, aucun succès à son actif mais du culot à en revendre. Il pousse pour que son film, Un homme et une femme soit sélectionné au Festival de Cannes. Il le sera in extremis. Cette histoire d’amour interprétée par Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant est d’emblée adoptée par les festivaliers, et plutôt bien reçue par la critique. Le jury, présidé par Sophia Lauren, ne partage pas l’enthousiasme du public. Le 20 mai, le jury octroiera à Claude Lelouch, une Palme qu’il devra partager avec l’italien Pietro Germi et son Signori e Signore. Peu importe, ce baptême cannois est un succès. Et 50 ans plus tard, c’est en solo que Claude Lelouch viendra fêter le jubilé de son triomphe à Cannes Classics en 2016.
Un festival de Cannes 1967 mouvementé
Claude Lelouch a été tant apprécié par les instances cannoises que l’année d’après, on lui demande de faire partie du jury du 21 ème Festival de Cannes. "En 1967, j'étais l'un des membres du jury, présidé par le réalisateur italien Alessandro Blasetti, raconte-t-il. Je voulais voter pour J'ai même rencontré des Tziganes heureux du Yougoslave Aleksandar Petrovic. Le président du Festival, Robert Favre-Le Bret, m'a invité à déjeuner et m'a dit qu'il avait promis la Palme d'or à Michelangelo Antonioni pour Blow-up. Tout était donc arrangé à l'avance. Du coup, j'ai démissionné du jury avant les délibérations." Patatras ! Du coup, Claude Lelouch a pris le Yougoslave sous son aile et a distribué le film en France.
68 le film non projeté
En 1968, Claude Lelouch doit présenter à Cannes, hors-compétition, Treize jours en France, son documentaire sur les JO d'hiver de Grenoble commandé par le général de Gaulle. "Je suis allé chercher la copie de mon film tout juste monté au laboratoire Eclair et j'ai pris ma voiture pour descendre à Cannes car il n'y avait plus ni avion ni train". Le 17 mai, Il arrive enfin. Sur place, la bronca commence. Louis Malle, Roman Polanski et Monica Vitti, membres du jury, démissionnent. Carlos Saura s'accrochait au rideau de la grande salle pour empêcher la projection de son film, Peppermint frappé. Godard, Truffaut, Berri réclament l’arrêt du Festival. Il leur emboîte le pas. Il est même chargé par la petite troupe d’aller l’annoncer à Robert Favre Le Bret. Treize jours en France sera finalement projeté en 2008 dans le cadre de Cannes Classics.
C’est hors-compétition qu’il fait désormais l’événement à Cannes : en 1972 avec L’aventure c’est l’aventure, en 1973 avec Visions of Eight (un documentaire à huit voix sur les JO de Munich), en 1974 avec Toute une vie, et en 1979 avec A nous deux. En 1978, c’est en tant que producteur de Molière d’Ariane Mnouchkine, présenté en compétition, qu’il vient défendre les couleurs de la France. Il ne revient lui-même en compétition qu’en 1981 avec Les Uns et les autres qui remportera Le Grand Prix de la commission Supérieure et Technique. Ce sera sa dernière présence en compétition.
En 1986, il célèbre les vingt ans de sa Palme d’Or avec un film inégal, Un homme et une femme Vingt ans déjà. L’accueil est mitigé. Claude Lelouch entame alors une décennie sans projection cannoise. Il retrouve la Croisette en 2002 pour la présentation en clôture du Festival de son nouveau film, And Now Ladies and Gentlemen.
Sur la Croisette incognito
En 2007, Claude Lelouch va jouer un tour aux festivaliers avec la complicité du Festival de Cannes. Il va revenir sur la Croisette incognito. En effet, c’est sous le nom de son meilleur ami qu’il présente en séance spéciale Roman de gare. Le public accueille avec délectation ce nouveau-venu, avant que Claude Lelouch ne révèle qu’il se cachait derrière cet alias qui lui permettait de se renouveler et d’être redécouvert.
On redécouvrira les années suivantes, à Cannes Classics, ses documentaires Treize jours en France, Loin du Vietnam et Visions of Eight. Les plus belles années d’une vie marque donc sa treizième sélection au festival de Cannes. Un chiffre auquel le cinéaste n’est pas indifférent. C’est son porte-bonheur.
Commentaires