Affiches Les Films en salles du 14 août 2024
Walt Disney Company/ Pyramide/ Metropolitan Filmexport

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
ALIEN : ROMULUS ★★☆☆☆

De Fele Alvarez

L’essentiel

Fede Álvarez livre un best of artificiel des meilleures idées de la franchise Alien.

Dans le cycle de vie d’une franchise, on arrive toujours à ce moment où on promet au public "le meilleur film depuis le premier". Alien : Romulus est de cette espèce, accumule les clins d’œil explicites, les citations littérales aux deux premiers films de la saga. A tel point qu’on se demande même s’il reste ne serait-ce qu’une idée originale dans les soutes de ce Romulus , en dehors de son excitante idée de départ, celle d’une bande de jeunes working class heroes coincés sur une atroce planète-exploitation minière, rêvant du soleil de l’ailleurs, cherchant leur ticket de sortie sur une station spatiale abandonnée ? Sinon, pour le reste toute la charte graphique d’Alien est là, parfois magnifique et scrupuleusement recopiée. Sans que cette copie, ce réplicant en somme, ne soit elle-même un principe de cinéma. Là où Prometheus et Alien : Covenant était d’étranges réplicants, des objets expérimentaux à la fois ratés et passionnants, où Ridley Scott réinvestissait la franchise Alien, dialoguant avec sa propre mythologie, montrant les clichés pour mieux les dépouiller, au risque de l’implosion.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LE ROMAN DE JIM ★★★★☆

De Jean- Marie et Arnaud Larrieu

Karim Leklou constitue le centre de gravité, l'axis mundi de ce film-roman (adapté d'ailleurs d'un livre de Pierric Bailly) qui s'étale sur des décennies, où les personnages changent en bien comme en mal, s'attirent et se quittent, inventent et réinventent constamment d'autres formes de famille. Un type de star en soi. Pas la star dévorante qui écrase tout le cadre, mais celle que le film a désigné comme point d'ancrage, comme référent, comme incarnation physique en apprenti photographe contrarié par un séjour en prison dans le Jura des 90s se retrouvant papa d'un enfant qui n'est pas le sien. Ni chronique sociale, ni film à thèse, Le Roman de Jim est un mélo (souvent marrant). Ou plus précisément une espèce de nouveau western : un film misant tout sur son héros, qui pense trouver sa voie dans l'Ouest, c'est-à-dire le monde (ou dans les rochers du Jura) tant qu'il gardera sa rectitude morale.

Sylvestre Picard

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CITY OF DARKNESS ★★★★☆

De Soi Cheang

Drôle de bagarre : celle d'un film de baston 80s dans une ville-décharge. Un film de baston qui cogne sévèrement, Soi Cheang dépouillant son matériau d'origine (une BD très colorée) de ses oripeaux fluo, et enfermant ses personnages dans un décor très « soicheangien » qui est un autre personnage : la « cité emmurée » de Kowloon, enclave dans une enclave, labyrinthe de béton régi par des combattants surpuissants animés de pulsions tragiques. C'est l'histoire d'un clandestin affamé (épatant Raymond Lam), paumé dans Kowloon, qui se clashe avec des héros nommés Cyclone (coiffeur et fighter d'élite), Mr Big (le légendaire Sammo Hung en personne, fatigué mais bien présent) ou encore King, épatant grand méchant à mulet capable de bloquer les lames des sabres avec ses dents... Le purgatoire de Limbo s'est ordonné (et légèrement coloré), pour devenir bien plus que le décor de beat them all de borne d'arcade : un nouvel horizon de cinéma pour Soi Cheang. Fight !

Sylvestre Picard

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LA LEGENDE DE L'AIGLE CHASSEUR DE HEROS ★★★★☆

De Jeffrey Lau

Qu’est-ce que ça vient faire dans votre été ? Une comédie kung fu de 1993 avec un casting royal (les deux Tony Leung, Maggie Cheung, Brigitte Lin…)… Déjà, ne vous fiez pas du tout à ce titre. En fait, la vraie légende du film, c’est sa conception : tourné à la suite des Cendres du temps parce que la post-production du film d’arts martiaux démesuré de Wong Kar-wai prenait trop de temps, le producteur a décidé d’emballer cette comédie vite fait avec le même casting, par sécurité, pour rentrer dans ses frais… il y a toute une histoire qui reste à écrire là-dessus, mais on peut déjà se contenter du film en soi : une parodie complètement foutraque des films d’arts martiaux, tournée dans trois décors avec des costumes brillants, qui risque de ressembler aux yeux des gweilos à un sketch des Inconnus shooté à Hong Kong. Ça reste hyper drôle (Tony Leung est génial en grand méchant qui devient de plus en plus moche) et très divertissant, surtout comparé à un certain blockbuster auto-proclamé « délire » qui cartonne en salles ces temps-ci, suivez notre regard. Donc, si vous vous demandez encore ce que ça vient faire dans votre été, vous allez vite comprendre que vous n’attendiez que ça.

Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE A AIME

GOLO ET RITCHIE ★★★☆☆

De Ahmed Hamidi et Martin Fougerol

Tout a commencé sur Snapchat, alors que Golo s’amusait à filmer son ami d’enfance Ritchie, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, dans le quartier de la Grande Borne à Grigny. Une complicité naturelle, évidente, qui a fait d’eux les stars des réseaux depuis 3 ans. Et tandis que les deux acolytes ont charmé la toile, ils entament maintenant leur conquête du cinéma. Plus qu’un simple récit de leur histoire, ce documentaire (co- réalisé par Ahmed Hamidi, le co- scénariste du Grand bain) suit Golo et Ritchie alors qu’ils décident de traverser la France en tandem. Un voyage qui regroupe tout ce qui caractérise leur amitié : entraide, tolérance, bienveillance… et humour. Car c’est réellement le comique naturel de Ritchie qui rythme le récit, sans jamais devenir une attraction. Léger et vivant, ce film est avant tout celui de deux amis qui espèrent redonner le sourire à ceux qui les regardent. Mission accomplie, avec quelques larmes en prime.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LA MELANCOLIE ★★☆☆☆

De Takuya Katô

Son titre dit vrai. Dès l’entame de ce premier long, un sentiment de puissante mélancolie vous envahit pour ne plus vous lâcher, épousant ce que traverse son héroïne confrontée à la perte brutale de son amant dans un accident. Une femme qui, retournant à sa vie conjugale en faisant comme si cette relation n’avait jamais existé, va comprendre que plus rien ne pourra être comme avant si elle ne se confronte aux problèmes qu’elle a enfouis sous le tapis. On se laisse emporter par cette tempête sous un crâne grâce au parti pris du cinéaste d’entretenir un flou dans la temporalité de ce qu’on voit, de ne jamais présenter les flashbacks comme tels. Ce choix peut décontenancer mais donne un ton vaporeux presqu’irréel au film avant hélas que, dans son ultime ligne droite, le récit devienne plus terre à terre et explique par des mots ce que l’on avait ressenti. Comme si Takuya Katô n’avait pas osé faire confiance à ce que ses comédiens expriment et à la capacité d’abandon de ses spectateurs.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Jamais plus- It ends with us, de Justin Baldoni

Les Rois du rallye, de Rosa Venekur

Reprises

La Chute de l’empire romain, de Anthony Mann