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Lost Highway, L’Apollonide, Des hommes sans loi, Trainspotting… Quand le cinéma utilise Lou Reed

Lou Reed au cinéma

Lou Reed est décédé dimanche 27 octobre : s'il est apparu dans huit films (dont trois films d'animation, y compris <em>Arthur et les Minimoys</em> 2 et 3 en version anglaise... no comment), il laisse évidemment avant toute chose un immense héritage musical, en groupe avec The Velvet Underground (dont il composa presque toutes les chansons) et en solo. Le cinéma a bien sûr utilisé ses titres sombres et torturés pour illustrer des scènes, parfois avec génie. De Trainspotting à Des hommes sans loi en passant par Men In Black 3 (et oui), petit best of subjectif de l'utilisation des chansons de Reed et du Velvet Underground au cinéma. Un best of dont le grand absent est Walk On The Wild Side, sa chanson la plus connue (ceci expliquant sans doute son emploi très rare au cinoche).

Brick (2005) de Rian Johnson

La chanson : Sister RayLa scène : Pour finir son premier film, Rian Johnson (futur réalisateur de Looper) coupe abruptement sur le désarroi de son héros (Joseph Gordon-Levitt) avant de balancer Sister Ray du Velvet et ses guitares saturées à fond les manettes. L'une des chansons les plus longues du groupe évoque la mort d'une myriade de personnages autour de Sister Ray -un dealer d'héro travelo new-yorkais. Ce qui fait écho au thème de Brick -l'enquête d'un lycéen autour de la disparition de celle qu'il aime et d'un paquet d'héroïne.Brick par zackdennis

Cogan, Killing Them Softly (2012) d'Andrew Dominik

La chanson : HeroinLa scène : Exemple frappant d'illustration musicale littérale -un camé se shoote à l'héroïne pendant qu'on entend Heroin en fond sonore- cette séquence, avec ses effets optiques épuisants et mortifères, accentué par le rythme tachycardique de la chanson, veut enterrer toutes les scènes de shoot. Le réalisateur Andrew Dominik fait de plus le choix de ne jamais faire entendre les paroles explicites de la chanson ("heroin, be the death of me").

L'Apollonide, souvenirs de la maison close (2011) de Bertrand Bonello

La chanson : Venus in FursLa scène :  Bertrand Bonello utilise visuellement le décorum Belle époque, mais illustre son film aussi bien avec Mozart et Puccini que Lee Moses et le Nights In White Satin des Moody Blues. Et pas trace de Reed et du Velvet ? Et non. "Je suis fatiguée, je pourrais dormir mille ans" sont les premiers mots prononcés (par Céline Sallette) dans le film. Des mots extraits de la chanson Venus in Furs ("I am tired, I am weary, I could sleep for a thousand years"), écrite par Reed à partir du fameux roman sado-maso de Sacher-Masoch. Et qui placent d'emblée le film dans un monde de soumission onirique.

Des hommes sans loi (2011) de John Hillcoat

La chanson : White Light / White HeatLa scène : Au milieu du film, une version par Mark Lannegan de White Light / White Heat du Velvet Undergound illustre un montage sequence plein d'activités illégales pendant qu'une tempête menace la ville. En utilisant une chanson de 1968 pour illustrer un film de gangsters dans les années 30, John Hillcoat s'affranchit des contraintes grâce à son scénariste Nick Cave : également co-producteur de la BO du film avec Warren Ellis, Cave voulait que la musique évoque la période tout en la transcendant. Et en plus, la version est vraiment cool. A la fin du film, une variation bluegrass de la chanson sera également utilisée.

The Lords of Salem (2013) de Rob Zombie

La chanson : All Tomorrow?s PartiesLa scène : Si l'on entend aussi Venus In Furs sur la bande originale de The Lords of Salem, on retiendra surtout l'utilisation de All Tomorrow?s Parties lors de la scène finale -enchaînement d'images psychédéliques et kitsch avec Jésus, des cardinaux morts-vivants qui se masturbent (!) et Sheri Moon Zombie transfigurée en Vierge Marie trash trônant sur une pile de cadavres. Le dernier film de Rob Zombie est particulièrement mou, et cette scène rattrape limite le coup. De là à conclure qu'il suffit de placer une chanson du Velvet sur une scène pour la rendre belle...

Lost Highway (1997) de David Lynch

La chanson : This Magic MomentLa scène : Lorsque Pete (Balthazar Getty) et Alice (Patricia Arquette) se rencontrent dans un garage, David Lynch utilise de façon hyper explicite This Magic Moment, dont la steel guitar accentue le côté 50's de la scène (la blonde platine qui sort d'une décapotable comme dans un film noir). Et les paroles se passent de commentaire, tout comme la scène se passe de dialogue. Facile mais magique.

Men In Black 3 (2012) de Barry Sonnenfeld

La chanson : I?m Waiting For The ManLa scène : Lorsque J (Will Smith) remonte le temps et débarque dans le New York 60's -Et qu'est-ce qu'on entend en fond sonore ? I?m Waiting For The Man du Velvet Underground, of course-, il ne peut faire autrement que de se rendre à la Factory -l'atelier/boîte de nuit/QG d'Andy Warhol (joué ici par Bill Hader) et sa clique, dont Lou Reed et sa bande. Si la vision hollywoodienne de la Factory est propre, chic et pop, l'idée que le mécène du Velvet soit en fait un man in black est trop marrante pour ne pas la relever. Et n'oublions pas que la chanson parle avant tout d'un type qui va chercher de la drogue chez son dealer.

Trainspotting (1995) de Danny Boyle

La chanson : Perfect DayLa scène : Le réalisateur Danny Boyle illustre l'overdose du junkie Mark (Ewan McGregor)  par le contrepoint parfait, la chanson Perfect Day de Lou Reed (face B de Walk On The Wild Side), qui cache sous son titre évident la noirceur, la solitude et l'abandon. "You're going to reap just what you sow", chante Reed -tu récolteras seulement ce que tu auras semé. Message !Lou reed - perfect day - trainspotting par Hypnotic-Poison

Velvet Goldmine (1998) de Todd Haynes

La chanson : Satellite of LoveLa scène : L'amour entre Brian Slade (Jonathan Rhys-Meyers) et Curt Wild (Ewan McGregor) est illustrée de façon littérale par le Satellite of Love de Reed, rappelant au passage que le musicien s'est frotté au glam rock décadent à la David Bowie (qui produira son album Transformer de 1972, dont est issu Satellite of Love). Le personnage de Curt Wild fusionne d'ailleurs Iggy Pop, Bowie et Reed (notamment à cause des électrochocs que le personnage subit pour "guérir" son homosexualité), et rappelons que  le faux groupe monté pour le film afin de chanter de nouvelles versions de standards du rock s'appelle Venus In Furs. Tout est lié !

Lou Reed est décédé dimanche 27 octobre : s'il est apparu dans huit films (dont trois films d'animation, y compris Arthur et les Minimoys 2 et 3 en version anglaise... no comment), il laisse évidemment avant toute chose un immense héritage musical, en groupe avec The Velvet Underground (dont il composa presque toutes les chansons) et en solo. Le cinéma a bien sûr utilisé ses titres sombres et torturés pour illustrer des scènes, parfois avec génie. De Trainspotting à Des hommes sans loi en passant par Men In Black 3 (et oui), petit best of subjectif de l'utilisation des chansons de Reed et du Velvet Underground au cinéma. Un best of dont le grand absent est Walk On The Wild Side, sa chanson la plus connue (ceci expliquant sans doute son emploi très rare au cinoche).