Les Virtuoses, Full Monty, Pride : carto de la comédie sociale à l'anglaise

Les Virtuoses, Full Monty, Pride : carto de la comédie sociale à l'anglaise

United They Stand

Des mineurs en grève, des manifs anti gouvernement, de beaux élans de solidarité au son de tubes d?époque : Pride, Queer Palm du dernier Festival de Cannes, s?inscrit dans la tradition <em>so british</em> de la comédie sociale engagée.Petit historique du genre.<strong>Vanina Arrighi de Casanova</strong>

Le musical : Good Morning England

2009. De <strong>Richard Curtis</strong> avec <strong>Philip Seymour</strong> Hoffman, <strong>Bill Nighy</strong>, <strong>Rhys Ifans</strong><strong>Qui monte au front ?</strong> Les DJ?s d?une radio pirate émettant depuis un bateau en mer du Nord à la fin des années 1960, alors que le rock explose en Grande-Bretagne mais que les ondes ne sont pas encore libres.<strong>Avec quelle arme ?</strong> Le rock n?roll.<strong>L?instant feel-good</strong> : La radio doit cesser d?émetter. Tandis que <strong>Philip Seymour</strong> « Le Comte » Hoffman arrive au bout du count down et qu?un silence de plomb tombe sur l?Angleterre, <strong>Kenneth Branagh</strong>, le rigide représentant de la Chambre des Communes, célèbre sa victoire. Mais la fête n?est pas fini, et <em>Let?s Spend the Night Together</em> des Rolling Stones retentit sur les ondes.<strong>La chanson qui reste dans la tête</strong> : <em>Elenore</em> de The Turtles<strong>La morale de l?histoire</strong> : <em>Fortune favours the brave</em> (La fortune sourit aux audacieux)  

Le féministe : We Want Sex Equality

2010. De <strong>Nigel Cole</strong> avec <strong>Sally Hawkins</strong>, <strong>Bob Hoskins</strong>, <strong>Miranda Richardson</strong>, <strong>Rosamund Pike</strong><strong>Qui monte au front ?</strong> Des ouvrières d?un atelier de fabrication de Ford qui, partant d?une revendication de changement de statut, finissent par exiger l?égalité des salaires entre les hommes et les femmes, au printemps 1968.<strong>Avec quelle arme ?</strong> La grève et la médiatisation de leur combat.<strong>L?instant feel-good</strong> : Alors qu?il se désolidarisait de son combat, <strong>Daniel Mays</strong> vient apporter son soutien à sa femme incarnée par <strong>Sally Hawkins</strong> et lui dire à quel point il l?admire après avoir écouté son discours à une tribune. Joli symbole d?un début de victoire dans les esprits. <strong>La chanson qui reste dans la tête</strong> : <em>You Can Get It If You Really Want</em> de <strong>Desmond Dekker</strong><strong>La morale de l?histoire </strong>: <em>Little brooks make great rivers</em> (Les petits ruisseaux font les grandes rivières)

Le dernier né : Pride

2014. De <strong>Matthew Warchus</strong> avec <strong>Bill Nighy</strong>, <strong>Imelda Staunton</strong>, <strong>Dominic West</strong><strong>Qui monte au front ?</strong> Des activistes gays et lesbiens, qui soutiennent le Syndicat des mineurs en grève dans un bled du fin fond du Pays de Galles en 1984. Sous Margaret Thatcher donc, une des plus grandes méchantes du cinéma britannique.<strong>Avec quelle arme ?</strong> Un sens aigu de la solidarité.<strong>L?instant feel-good</strong> : <strong>Dominic West</strong> (en tata peroxydée) donne des cours de danse aux mineurs du village.<strong>La chanson qui reste en tête</strong> : <em>Smalltown Boy</em> de Bronski Beat<strong>La morale de l'histoire</strong> : <em>A friend in need is a friend indeed</em> (C'est dans le besoin qu'on reconnaît ses vrais amis)

L'ancêtre : Tortillard pour Titfield

1953. De Charles Crichton avec Stanley Holloway, George Relph, Naunton Wayne<strong>Qui monte au front ?</strong> Un pasteur et le dignitaire local qui décident de reprendre à leur compte l?exploitation de la ligne de chemin de fer ralliant leur village de Titfield et dont le gouvernement vient de décider la fermeture.<strong>Avec quelle arme ?</strong> L?argent d?un riche ivrogne à qui on promet un bar ouvert à toute heure dans le train, lui évitant d?attendre toute la matinée l?ouverture du pub du coin. Et l?aide de villageois dévoués.<strong>L?instant feel-good :</strong> Tout le village débarque en rase campagne pour pousser le wagon qui s?est détaché de sa locomotive alors qu?un inspecteur des chemins de fer était à bord pour décider de la vie ou de la mort du projet.<strong>La chanson qui reste en tête</strong> : Le sifflet des locomotives à vapeur. L?Angleterre pré-Beatles n?écoutait pas encore de musique.<strong>La morale de l?histoire</strong> : <em>God helps those who help themselves</em> (Aide-toi et le ciel t'aidera)

L'histoire vraie : Les Virtuoses

1996. De <strong>Mark Herman</strong> avec <strong>Pete Postlethwaite</strong>, <strong>Ewan McGregor</strong>, Tara Fitzgerald<strong>Qui monte au front ?</strong> Un brass band qui se mobilise face à la fermeture des mines dans le Yorkshire du Sud, dix ans après les grandes grèves illustrées dans Pride, sous le gouvernement conservateur de John Major.<strong>Avec quelle arme ?</strong> La musique. Ayant perdu tout espoir de sauver leur mine, les membres du brass band tentent de sauver l?honneur en remportant le championnat national de brass band.<strong>L?instant feel-good</strong> : Lorsque leur fanfare gagne la finale du championnat, <strong>Pete Postlethwaite</strong> monte à la tribune et, refusant le prix, prononce un speech engagé et humaniste.<strong>La chanson qui reste dans la tête</strong> : L?ouverture de Guillaume Tell de Rossini interprétée par le Grimethorpe Colliery Band. <strong>La morale de l?histoire</strong> : <em>While there's life, there's hope</em> (Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir)

Le carton planétaire : Full Monty

1997. De <strong>Peter Cattaneo</strong> avec <strong>Robert Carlyle</strong>, <strong>Mark Addy</strong>, <strong>Tom Wilkinson</strong><strong>Qui monte au front ?</strong> Des chômeurs, pour la plupart anciens employés de l?industrie sidérurgique sinistrée dans le Yorkshire du Sud, laissés-pour-compte des mutations industrielles.<strong>Avec quelle arme ?</strong> Le striptease (intégral). <strong>L?instant feel-good </strong>: Alors qu?ils font la queue à l?ANPE, le métier commence à rentrer pour la bande de chômeurs aspirants stripteaseurs, qui se mettent à bouger au rythme de <em>Hot Stuff</em> diffusé à la radio.<strong>La chanson qui reste dans la tête</strong> : <em>Hot stuff</em> de <strong>Donna Summer</strong><strong>La morale de l?histoire</strong> : <em>Clothes don't make the man</em> (L'habit ne fait pas le moine)

Le cousin irlandais : Les Commitments

1991. D?<strong>Alan Parker</strong> avec <strong>Robert Arkins</strong>, <strong>Colm Meaney</strong>, Andrew Strong<strong>Qui monte au front ?</strong> Des prolétaires dublinois réunis par l?ambition de l?un d?entre eux : monter le plus grand groupe de musique de l?histoire de l?Irlande, voire du monde.<strong>Avec quelle arme ?</strong> La soul. « Les Irlandais sont les Noirs de l?Europe » assène <strong>Robert Arkins</strong> à sa bande de rouquins celtes.<strong>L?instant feel-good :</strong> Le discours inspiré de <strong>Robert Arkins</strong> justement : « Vous comprenez pas les gars ? Les Irlandais sont les Noirs de l?Europe. Les Dublinois sont les Noirs de l?Irlande. Et les Dublinois du nord sont les Noirs de Dublin. Alors dites-le haut et fort : "nous sommes Noirs et fiers de l?être" ».<strong>La chanson qui reste dans la tête</strong> :  <em>Mustang Sally</em> de Mack Rice (popularisé par <strong>Wilson Pickett</strong>)<strong>La morale de l?histoire</strong> : <em>Faith can move mountains</em> (La foi soulève les montagnes)