Portrait d'une ado trans qui veut devenir une femme : Girl, le premier long-métrage de Lukas Dhont, est très fort.
Cannes 2018 : Rencontre avec le réalisateur du bouleversant Girl
Lara a 15 ans, de beaux cheveux blonds et des yeux bleus pénétrants. Elle aspire à devenir danseuse et se bat pour être à la hauteur et faire virevolter un corps dont on sent bien vite qu’il souffre. A partir d’un tel topo, le film pourrait glisser tranquilou sur les rails d’un récit adolescent comme il en existe des tonnes. Sauf que le corps même du film semble, lui aussi, résister. La caméra colle l’héroïne de près, accompagne ses gestes et forcément dévoile un détail qui n’en est pas un. Lara est un garçon qui entend devenir fille. Avant que les hormones n’agissent, il faut faire avec et mettre un sparadrap pour cacher ce sexe d’homme dont elle ne veut pas. Girl n’est pour non plus le récit d’une jeune fille différente bientôt brimée par la communauté. Au contraire, le monde qui entoure Lara (père, petit frère, copines de classe, médecins…) a non seulement accepté cette "différence" mais fait avec. Certains soutiennent, d’autres se tiennent à distance. Ce qui importe le cinéaste flamand Lukas Dhont dont c’est le premier long-métrage a seulement 25 ans, n’est pas tant de savoir ce qu’en pensent les autres que la façon dont Lara vit sa lente métamorphose. Le spectateur regarde cette jeune femme courageuse qui intériorise tout jusqu’à perdre haleine. Girl est un film fort et puissant porté par un jeune acteur (Victor Polster) d’une force inouïe. Un choc.
Présenté au Festival de Cannes 2018 dans la sélection Un certain regard, Girl sortira le 10 octobre prochain.
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