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Ayka retrace le calvaire d’une immigrée kirghize dans un Moscou glacial, hostile et violent. Après avoir abandonné son enfant nouveau-né, l’héroïne (impressionnante Samal Yeslyamoca, visage fermé, bloc de détermination et de colère rentrée, primée à Cannes) rejoint le squat surpeuplé où elle survit, avant d’enchaîner des petits boulots ingrats qui lui permettront de rembourser l’argent qu’elle doit à des mafieux. Sergey Dvortsevoy (Tulpan) lève le voile sur un outremonde inhumain, où les animaux, nous dit-il, sont mieux traités que les hommes. La radicalité de la mise en scène condamnant le spectateur à l’apnée (une caméra portée qui ne lâche pas l’actrice d’une semelle) impressionne d’abord, avant qu’on réalise que le systématisme de ce néo-Rosetta ne débouche jamais sur autre chose que la sensation d’étouffement produite par son dispositif claustro.