Le nouveau Quentin Dupieux est une marrante et volatile petite compilation de sketches qui rappelle les bons moments de la télé parodique française.
La Tabac Force, des super sentai français utilisant l'énergie négative du tabc pour lutter contre des aliens en mousse, partent en séminaire pendant un week-end pour renforcer leur cohésion de groupe, et... et bien, comme pour presque tous les films de Quentin Dupieux, ce point de départ n'est justement qu'un point : une origine à partir de laquelle tout va se briser en de nouveaux petits récits qui reproduisent le postulat de départ. A savoir une bande de (très bons) acteurs coincés dans un lieu clos -une maison de vacances ensoleillés pour passer un chouette tournage, c'est encore mieux- et mis face à une dérive du réel et, souvent, des grosses surprises gore. En fin de compte, cette structure brisée et inachevée est rafraîchissante dans un monde de cinéma souvent plombé par un storytelling rassurant allant fatalement d'un point A à un point B ; Dupieux fait également de l'inachèvement de ses histoires un système, et presque une qualité, au sein d'une durée très courte (1h20) qui lui convient parfaitement.
Forcément, avec une telle légèreté, Fumer fait tousser finit par être très volatile, très inconséquent, et la tentative d'inversement de l'humour hétéro-beauf ne marche pas vraiment (ça reste des vannes, et des mécanismes d'écriture, de bonhomme : rien de trop incorrect là-dedans), mais les talents combinés de la Tabac Force et d'une bande de guests en super forme fonctionne réellement au niveau comique : Jean-Pascal Zadi, Vincent Lacoste, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier et Oulaya Amamra sont au top niveau. Même si tout le monde n'a l'air souvent que de passage pour balancer une bonne réplique, ils et elles le font extrêmement bien. Le bonus ? Alain Chabat qui double Chef Didier, répugnante marionnette en mousse, boss des Tabac Force leur donnant des ordres via un moniteur de télé rétro et que tout le monde considère comme un sex symbol (humour de bonhomme shoots again)... En fait, ce genre de trouvailles montre bien que l'ambition de cinéma de Fumer fait tousser trouve son origine dans la télé parodique des années 80-90, avec évidemment Objectif Nul et la Télé des Inconnus au panthéon. Parodie qui s'appuie sur des parodies, Fumer fait tousser serait plus à ranger dans la genre de comédie nostalgique -celle qui regrette le bon vieux temps où on pouvait apparemment faire les cons sans trop de conséquences. Un petit fantasme plutôt qu'une idée de cinéma, donc.
Présenté en séance de minuit au 75ème Festival de Cannes, Fumer fait tousser n'a pas encore de date de sortie.
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