- Fluctuat
Le film de droite a un avantage sur celui de gauche, il est souvent beaucoup plus drôle (malgré lui). Ainsi de Secret défense, thriller géopolitique boursouflé et d'une prétention effarante. On veut tutoyer Hollywood, on vouvoie le pire. Enorme et consternant.- France/Hollywood : histoire d'un malentendu Grosse tambouille patriotique qui n'a rien à envier à La nuit du risque de Sergio Gobbi avec son meeting du RPR filmé en plan séquence, Secret défense s'impose comme le nouveau maître étalon d'un cinéma symptôme qui fout la honte. Franchement craignos, le thriller géopolitique de Philippe Haïm ressemble à un croisement bâtard et dégénéré entre du Ridley Scott pour le sujet, du Tony Scott pour la réalisation façon Domino sous amphé, et du Peter Berg tendance Le Royaume pour l'ambiance middle east et le côté pédago gros sabots. Le pire, c'est la prétention de l'engin, qui en collant à la ligne éditoriale de notre gouvernement vante les mérites de la DGSE et sa lutte anti-terroriste. A droite toute, Secret défense est un film politique dont le message est clair et hurlé fort : remettre notre pays sur les rails de ceux qui comptent dans cette guerre du troisième millénaire. Important en effet de rappeler combien nos services oeuvrent en secret pour notre protection. Soyons paranoïaque, les terroristes sont à notre porte, et méchants, très méchants, la preuve. Film bleu blanc rouge jusqu'à la moelle, Secret défense se la joue pourtant à l'américaine, il sort les gros moyens. Mise en scène rutilante, montage speedé avec 3000 plans à la minute, le film est exténuant, un vrai marathon où rien ne s'installe, surtout pas les personnages, noyés dans une bouillie d'images exsangues. Le plus étonnant dans ce nanar involontairement comique, c'est son sérieux imperturbable. On en a vu d'autres, là ça dépasse l'entendement. Le film est d'une grandiloquence indescriptible : la musique pompière surlignant un simple travelling sur Vahina Giocante en Nikita moderne, les sentences définitives et cultes de gérard lanvin à bloc dans son rôle d'homme de l'ombre autoritaire et solitaire, la mutation hilarante de nicolas duchauvelle qui après un petit séjour en tôle puis en Afghanistan devient une human bomb, les perles ne manquent pas. Toute la trajectoire des personnages : d'un côté une étudiante en langue orientale embringuée malgré elle dans la DGSE par un Aurélien Wiik bi, de l'autre un jeune gars paumé devenu djihadiste après avoir été manipulé par de « mauvais » musulmans, alimente une psychose délirante dont le film se sert comme argument imparable pour faire valoir sa cause démago. Complaisant, raciste, grotesque, irregardable, Secret défense se paie même le luxe d'un scénario blindé aux rapports d'experts. Mais comme tout est écrasé par un montage post Jason Bourne où rien n'a le temps d'exister, zéro crédibilité. Film terroriste et frustré (il rêve d'Hollywood), Secret défense se croit audacieux et courageux à se coltiner un cinéma nourri à l'actu, il fait juste pitié. On n'oubliera jamais qu'avant, Philippe Haïm c'était Les Dalton. D'ailleurs c'est pareil. Secret DéfenseDe Philippe HaïmAvec Gérard Lanvin, Vahina Giocante, Nicolas DuchauvelleSortie en salles le 10 décembre 2008Illus. © Thibault Grabherr - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil film policier sur le blog cinéma- France/Hollywood : histoire d'un malentendu