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Entamée en 2007 avec Comme des voleurs (à l’est) – road movie tout en autodérision, conduisant deux fils de pasteur de Suisse à Cracovie – puis Les Grandes ondes (à l’ouest) – autre road movie, sur la Révolution des Œillets cette fois- ci – en 2013, le suisse Lionel Baier poursuit sa tétralogie consacrée à l’Europe avec ce Dérive des continents (au sud), découvert en mai dernier à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise. Il met cette fois- ci le cap sur la Sicile où Nathalie (Isabelle Carré, une fois encore remarquable), son héroïne, française, chargée de mission pour l’Union Européenne, doit organiser la visite d’Emmanuel Macron et Angela Merkel dans un camp de migrants pour montrer que tout est sous contrôle, alors que le chaos y règne en maître. Maniant l’ironie et la causticité avec brio, Baier touche juste pour pointer… les dérives absurdes et cyniques des politiques européennes. Il se révèle par contre moins convaincant dans le deuxième pilier de son récit, les retrouvailles inattendues entre Nathalie et son fils militant engagé auprès d’une ONG qui avait coupé les ponts avec elle depuis des années. Ce passage par l’intime – moins fluide, plus banal – finit par prendre trop de place et phagocyter le bijou de satire qui s’amorçait sous nos yeux.