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Après un prologue confus (narrativement) mais sur-signifiant (symboliquement) qui met en scène la première tentative de suicide de Dalida, Lisa Azuelos fait défiler l’histoire de Iolanda Cristina Gigliotti comme une élève appliquée, chaque période de sa vie délimitée par ses relations amoureuses et illustrée par ses grands tubes de l’époque. Ce portrait en chansons, supervisé par Orlando, frère et gardien du temple de la star, est celui d’une femme solaire mais en souffrance, une collectionneuse d’hommes souvent torturés et /ou minables qui finissent presque tous suicidés et l’accablent de deuils et de regrets. Franchement misérabiliste, activant dès la première scène le cliché de l’artiste tourmenté, de la femme abîmée, ce film-monument à la mémoire de Dalida avance en justifiant constamment son futur suicide, comme pour l’en absoudre. Un portrait en chansons donc, mais d’une femme beaucoup plus que d’une chanteuse – étonnamment peu en prise avec les époques, à peine esquissées par l’évolution du répertoire, le film ne s’intéresse pas beaucoup au processus créatif ou à l’industrie musicale. Ne resterait donc que le plaisir d’écouter les plus grands tubes de Dalida (à la puissance nostalgique folle) sans l’incarnation de Sveva Alviti, actrice débutante qui endosse ce rôle comme si elle jouait sa vie et devient une star en deux heures de film. Sa beauté, son intensité, ce mélange de sex-appeal ravageur et de fragilité enfantine qu’elle a su capter chez son modèle transcendent la platitude intrinsèque au « biopic autorisé ».