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Lorsque le deuxième film du cinéaste américain a remporté la Palme à Cannes, il n'a pas vraiment fait l'unanimité.

Cannes.
23 mai 1994.
Dernier jour du festival, jour de palmarès.

Clint Eastwood et sa vice-présidente Catherine Deneuve ont débattu avec leur jury et ils sont prêts à annoncer leur verdict.
Si la méchante rumeur de l'époque veut que Catherine Deneuve ait mis son veto pour qu'Isabelle Adjani n'obtienne pas le prix d'interprétation pour La Reine Margot (le prix sera remporté par Virna Lisi pour... La Reine Margot), l'événement de la soirée a lieu en fin de cérémonie, pour le dernier prix : la Palme d'Or.

A la surprise générale, c'est Pulp Fiction, le deuxième film de Quentin Tarantino, 30 piges à l'époque, qui remporte le Graal au nez et à la barbe de Nanni Moretti (Journal Intime), Nikita Mikhalkov (Soleil Trompeur), Zhang Yimou (Vivre !) ou Atom Egoyan (Exotica).
Lorsque Clint Eastwood annonce que l'odysée sanglante du réalisateur américain est sacrée, c'est l'hystérie dans la salle. Entre les pro et anti Pulp, il y a quelques minutes de flou total. Certains spectateurs hurlent de bonheur. Tarantino prend John Travolta et Harvey Weinstein dans ses bras. Bruce Willis et son improbable bouc tape dans ses mains à se les faire exploser. Le producteur Lawrence Bender affiche un sourire hilare. Samuel L. Jackson est lui aussi tout en dents.
Derrière ses explosions de joie, une voix s'élève au fond de la salle, celle d'une femme qui hurle à qui veut l'entendre : "C'est un scandale ! C'est un scandale ! C'est une daube !!!"
Le temps parlera contre cette délicieuse dame très distinguée, le film étant devenu la Palme d'Or préférée des spectateurs et plus de vingt ans après, son statut d'oeuvre culte n'a jamais été remis en cause.

Un manque de respect auquel Quentin Trantino répondra de la meilleure des façons en allant chercher son prix.
- Vous voulez un whisky ?
- Oh ! Juste un doigt.

Vidéo de la remise de la Palme d'Or à Pulp Fiction, diffusé ce soir à 23h30 sur TMC :