Les livres de Daniel Handler sont volontairement évasifs et remplis de mystères non résolus.
"Les questions obsédantes de l'enfance n'auront peut-être jamais de réponses... Tous mes livres, et même toute ma vie, viennent de là." Dans cette interview à Syfy.com (en 2017), Daniel Handler, l'auteur des Orphelins Baudelaire, dit le fond de sa pensée. Effectivement, certains points cruciaux de sa saga n'auront jamais de résolution. Et c'est le but.
Alors que la série Netflix vient de prendre fin, au terme d'une troisième saison haletante, il y a de quoi être surpris, et même franchement frustré, par les derniers épisodes, qui ne répondent que partiellement aux mystères posés depuis le départ. Comment a été créé le VFD et quelle est concrètement sa mission ? Qui sont l'Homme à barbe sans cheveux et la Femme à cheveux sans barbe ? Ont-ils été arrêtés ? Comment Klaus, Violet et Prunille s'en sont-ils sortis ? Que sont-ils devenus ? Ont-ils retrouvé un parent ? Qu'est-il arrivé aux Quagmires ? Et à Lemony Snicket ? Et au vieux Ishmael et à ses sujets ?
Une foule de questions sans réponse risquent de nous hanter pendant encore longtemps. Et c'est tout à fait normal. Parce que même si la série est relativement fidèle au matériel d'origine, les livres sont en réalité beaucoup plus obscurs que la série. Intentionnellement. Les nombreuses questions sans réponse de A Series of Unfortunate Events ne sont pas un défaut. Elles sont la finalité, l'ambition de Daniel Handler. Au lieu de tout donner, et de dire noir sur blanc ce qui se cache derrière ce point d'interrogation sur un sonar ("The Great Unknown" porte bien son nom), il espère que les lecteurs feront le travail par eux-mêmes ou proposeront leurs propres explications.
D'une manière générale, les réponses brutes sont très rares dans les livres. Cela est principalement dû au fait que l'auteur a choisi délibérément de limiter la narration à ce que vivent les enfants Baudelaire, et par le prisme de leur biographe, Lemony Snicket, et des éléments qu'il a réussi à recueillir. Le reste, du coup, demeure flou. Malgré tout, pour ne pas totalement perdre les abonnés de Netflix qui ne connaissent par les livres, la série a choisi d'être plus explicite que les romans. "Les changements sont mineurs mais les ajouts sont importants. L'idée était de mettre en avant certains événements et idées cachés à l'arrière-plan des livres", révélait Daniel Handler dans la même interview.
Concrètement, certains éléments, qui ne sont que suggérés dans la source originale, sont purement et simplement montrés à l'écran. Comme lorsque les enfants croisent la route de Lemony Snicket, qui leur propose de les prendre dans son taxi (alors qu'il s'agit d'un homme mystérieux, dans les livres, que le narrateur Lemony dit connaître...). Plus encore, il y a le "Sugar Bowl". La saga littéraire a choisi de ne jamais livrer le contenu du "Sugar Bowl", volontairement resté vague. Mais dans Les Orphelins Baudelaire de Netflix, on apprend qu’il contient une source d'immunisation permanente contre le mortel mycéloïde Medusoid. Alors est-ce mieux quand l'explication est manifeste ? On vous laisse juge.
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