En 1989, Nintendo laissait Link et les siens vivre des aventures sur petit écran. Découvrez cinq choses à retenir de ce dessin animé vraiment pas comme les autres.
Treize épisodes, et pas un de plus. Petite étoile filante dans le ciel de la télévision de la fin des années 80, la série Princesse Zelda (The Legend of Zelda en VO) a été diffusée en France sur Antenne 2, puis France 2 et France 3. Il y était question d’une Triforce - parfois appelée « Force Trois » chez nous - douée de parole (!), d’un Link obsédé par l’idée d’embrasser Zelda (!!) et d’un Ganon qui ressemble à un sanglier anthropomorphique (!!!). Alors que le surexcitant Zelda : Tears of the Kingdom s’apprête à débouler sur Switch, découvrez les coulisses de la série animée.
Aucun des scénaristes n’avait joué à Zelda
À la fin des années 80, alors que le second Zelda allait prochainement débarquer sur NES aux États-Unis et en Europe, Nintendo a décidé de confier au studio DIC (qui produisait en parallèle la série d’animation Super Mario, et allait ensuite s’occuper des Aventures de Sonic, Action Man ou Archie, Mystères et Compagnie) le dessin animé adapté du jeu de Shigeru Miyamoto et Takashi Tezuka. Mais les scénaristes n’étaient absolument pas des gamers et n’avaient même jamais touché au premier Zelda : « Princesse Zelda devait être un petit supplément à la série Super Mario Bros, qui était la star de ce créneau horaire », confiait dernièrement Bob Forward, chef scénariste de Princesse Zelda, à nos confrères de Polygon. « DIC avait besoin de quelqu’un qui pourrait gérer quasiment seul, sans surveillance (…) Ils m’ont donné une cassette vidéo de quelqu’un qui jouait l’intégralité du jeu, puisque je n’étais pas joueur moi-même (…) Mes fils étaient fascinés. Voilà, c’est la somme de mes recherches pour la série. » , le réalisateur, assure que « Nintendo voulait qu’on base la série sur le nouveau jeu, Zelda 2, parce que c’était une bonne idée marketing. Ils m’ont donné une version japonaise car il n’était pas encore sorti. Je ne connaissais rien au jeu quand j’ai commencé. Je n’étais pas du tout gamer. C’est là que j’ai appris comment les personnages bougent, les effets sonores, la musique… » Au final, Princesse Zelda n’a pas grand-chose à voir avec Zelda 2, et les scénaristes ont pris énormément de libertés.
L’inspiration est venue de Clair de Lune avec Bruce Willis
Aussi saugrenu que cela puisse paraître, Princesse Zelda doit sa naissance à Clair de Lune, la série qui a fait de Bruce Willis une star, et qui était un énorme carton à l’époque. « Princesse Zelda était marrant à écrire grâce à la tension entre Link et Zelda », détaille Phil Harnage, scénariste. « On a pris exemple sur Clair de Lune. On a essayé de retrouver l’esprit et je crois qu’on a réussi. Bon, c’est peut-être un peu too much, mais c’est ce qu’on visait. On aurait pu faire plein d’autres épisodes. C’est triste de n’avoir eu droit qu’à une seule saison. » Par ailleurs, Princesse Zelda est connue (et moquée) en VO pour la phrase que Link prononce à tout bout de champ : « Excuuuuse me, Princess ». Là encore, l’influence de Clair de Lune se fait sentir : Bob Forward explique que c’est un cadre de DIC qui lui a suggéré ce dialogue, inspiré par la relation entre les personnages de Bruce Willis et Cybill Shepherd et un spectacle de Steve Martin. « Bon, j’ai peut-être utilisé la phrase beaucoup plus que nécessaire », admet Bob Forward. « Mais ça fonctionne, je trouve. Même si les gens ironisent là-dessus, ils s’en rappellent. »
La Triforce n’avait aucun sens dans la série
Pas très au fait de la mythologie de Zelda, les créateurs de la série se sont retrouvés avec la Triforce sur les bras. Comment lui donner du sens dans un dessin animé ? Visiblement, la seule solution était de lui donner une voix… Phil Harnage : « Tout le truc autour de la Triforce venait du jeu. Mais, je ne sais pas… C’était dur à comprendre. Qu’est-ce que ça veut dire ? La Triforce ? Comment faire en sorte que ça fonctionne ? Je n’étais pas ravi de tout ça. Je me disais que ce serait beaucoup plus marrant qu’ils se battent pour un territoire. Mais la Triforce était dans le jeu, alors on devait s’en servir pour les gamers. » Bob Forward avait de son côté choisi de mettre en scène deux Triforce différentes. Il explique que « Link et Zelda voulaient la Triforce du Pouvoir, et Ganon voulait la Triforce de la Sagesse. Donc ça voulait dire que durant la moitié des épisodes, Link et Zelda allaient propulser l’action au lieu de juste attendre que Ganon lance les hostilités. » Plutôt malin, même si tout ça n’a pas donné des scénarios à la hauteur des jeux.
Personne ne pouvait mourir
Comme Princesse Zelda était une série destinée aux plus jeunes, la chaîne refusait que des personnages puissent mourir à l’écran. Pas facile quand le héros du jeu se promène avec une épée et s’en sert quasiment tout le temps… Le réalisateur John Grusd s’interrogeait : « Link a une épée, mais est-ce qu’il peut s’en servir pour couper la tête à quelqu’un ? Il ne peut pas faire ce qu’il fait dans le jeu [où il ne coupe la tête de personne]. Nintendo aurait bien aimé, mais le network a dit non. On ne peut pas tuer quelqu’un dans un programme pour enfants. » Phil Harnage : « On ne peut pas faire ce qui pourrait être copié par un enfant. On ne veut pas que des mômes se mettent à se battre à l’épée. » Alors la décision a été prise de permettre à Link de tirer des « balles magiques » avec son épée, qui étourdissent ses ennemis et ne les tuent pas. « C’était plus simple comme ça. Et on a ajouté qu’après avoir été touchés, les ennemis étaient envoyés automatiquement dans une sorte de bocal pendant un temps. Il a fallu minimiser beaucoup de choses. »
Zelda a eu au moins quatre voix différentes en VF
En France, la princesse n’a pas eu de chance. Si aux États-Unis, la même actrice la doublait durant les treize épisodes, cela n’a pas du tout été la même chose chez nous : le personnage a eu au moins quatre voix différentes durant la saison (sans qu’on sache pourquoi) et elle pouvait parfois avoir deux voix au cours d’un seul épisode, si l’on compte la voix du générique, rejoué à chaque fois.
Les épisodes de Princesse Zelda sont disponibles sur YouTube mais la série n’est jamais sortie en DVD. Le nouveau jeu vidéo Zelda : Tears of the Kingdom sera disponible sur Switch ce 12 mai.
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