« Une dose de ciné » sur France Ô vous propose ce soir de plonger dans la naissance du Printemps arabe en Tunisie grâce au film du trop rare Férid Boughedir
Un réalisateur rare
Né en 1944, Férid Boughedir entre dans la catégorie des touche- à- tout de génie. Critique, historien du septième art et prof d’université, ce Tunisien est d’abord et avant tout l’un des réalisateurs tunisiens les plus reconnus modialement. Même s’il se fait rare. Depuis son premier long métrage, La Mort trouble (co- signé par Claude d’Anna) voilà déjà 50 ans et après un passage par le documentaire (Caméra d’Afrique en 1983 et Caméra arabe en 2007, tous deux sélectionnés au festival de Cannes), il n’a signé… que trois longs métrages de fiction ! Le premier, Halfaouine, l’enfant des terrasses, sorti en 1990 reste encore à jour le film tunisien le plus vu dans le monde. Le deuxième, Un été à La Goulette, avait été sélectionné en compétition au festival de Berlin 1996. Et le troisième, celui diffusé donc ce soir sur France Ô, Parfum de printemps, a été sacré meilleur film arabe de l’année 2016 au Festival International du film du Caire.
Le film de la revanche
Comme son titre l’indique, l’action de Parfum de Printemps se déroule à la naissance du fameux Printemps des pays arabes, en Tunisie début 2011. On y suit les aventures d’Aziz – alias « Zizou » - jeune diplômé au chômage, un Candide des temps modernes qui quitte son petit village du Sahara pour monter à la capitale y trouver du travail et l’amour. Cette ville de Tunis où, par sa maladresse et sa naïveté, il deviendra célèbre malgré lui au fil des mille péripéties qu’il va y traverser. Un film politique donc signé par un réalisateur… très politique. Puisque son absence derrière la caméra depuis 20 ans s’explique autant par ses activités militantes très prenantes que par la censure dont il fut victime par un ministre de la Culture sous le régime de Ben Ali pour s’être opposé aux coupes exigées dans un film de son compatriote Nouri Bouzid, Bezness. L’ironie qui domine ce Parfum de Printemps, entièrement basé sur cette réalité du quotidien tunisien qui a abouti à l’explosion du Printemps arabe, trouve évidemment sa source dans ses propres mésaventures
Un fonctionnaire en tête d’affiche
Alors qu’il avait dirigé Michel Boujenah et Claudia Cardinale dans Un été à la goulette, Férid Boughedir a cette fois- ci choisi de faire appel à un comédien non professionnel pour camper le rôle central de ce Parfum de Printemps : Zied Ayadi. Le cinéaste a découvert… ce fonctionnaire du Ministère des Finances tunisiens au sein d’une troupe de théâtre amateur.
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