Il était le roi des doubleurs français. Roger Carel s'est éteint à 93 ans.
Astérix, Winnie l’Ourson, Kermit la Grenouille, Capitaine Caverne, C-3PO, Benny Hill, on en passe, sont en deuil. Leur interprète français, le mythique Roger Carel, est mort à l’âge canonique de 93 ans, le 11 septembre dernier. « Nous n'avons pas souhaité communiquer sur son décès, pour préserver son épouse, fortement bouleversée. Nous ne souhaitions pas qu'elle soit assaillie de messages par les gens de la profession, ou des journalistes », a expliqué son fils au Parisien. Les boomers ont évidemment été les premiers à réagir. Pierre Lescure s’est ainsi fendu d’un tweet touchant, traduisant l’émotion générale et transgénérationnelle suscitée par cette disparition.
Roger Carel n’était pas seulement la voix de créatures animées (en particulier celles de Disney) ou d’acteurs célèbres (Peter Sellers, Jack Lemmon, Charlot dans Le Dictateur...) qui lui assurent l’éternité auprès de nouvelles générations de spectateurs. Il avait joué dans plusieurs films, souvent des seconds rôles parmi lesquels on retiendra le candidat politique rival de Michel Serrault dans La gueule de l’autre ou le général Müller dans Papy fait de la résistance. Sa gouaille, sa voix transformiste, ses mimiques “funèsiennes” en faisaient l’interprète idéal de mesquins, de pinailleurs, de ridicules.
Mais, rien à faire, l’histoire ne retiendra de lui, et c’est déjà beaucoup, sa capacité vocale à la caricature. Alexandre Astier, qui l’avait sorti de sa retraite pour interpréter Astérix dans sa version animée, nous avait confié à son propos : « Sans lui, on serait partis amputé d’une jambe. C’est le meilleur. Notre oreille a été formée à sa voix. On a eu du bol, parce que quand on a démarré, il n’était pas question qu’il le fasse. Il avait arrêté le doublage. Grâce à Dieu, il est sorti de sa retraite pour nous. Providentiel. C’était très impressionnant de le voir s’asseoir derrière le micro : il y a toute une palette qui s’ouvre, il peut aller dans toutes les couleurs… » Avec lui, c’est une histoire du cinéma qui se referme et dont Dominique Paturel, 89 ans, l’autre grand doubleur français, est désormais la mémoire.
Commentaires