À l'occasion de sa rediffusion sur France 2, dimanche 2 juin à 23h15, redécouvrez les scènes choc du cinéma de Paul Verhoeven. Spoiler : on ne l'appelle pas le Hollandais violent pour rien.
"Nous ne sommes guère plus que des morceaux de chair", affirme Paul Verhoeven en interview -et surtout à travers ses films. Le surnom de Hollandais violent est un gros lieu commun mais lui va après tout comme un gant. A l'occasion de son 80e anniversaire, retour sur les scènes les plus marquantes.
Frapper le public dans ses yeux et dans sa chair est la spécialité de Paul, depuis son premier long, le joyeux film de fesses Business is Business (1971). Mais dès Turkish Delight (1973), les choses sérieuses commencent. Chez lui les climax ne sont jamais des électrochocs gratuits mais cherchent toujours, en pénétrant au plus profond des morceaux de chair que Paul agite devant nos yeux, à créer de grands moments de cinoche. Par contre, soyez prévenus, trigger warning : il y a beaucoup de scènes de viol.
L'ombre chinoise dans Katie Tippel
Katie Tippell fait des ombres chinoises avec ses mains et soudain l'ombre du pénis en érection de son patron apparaît. Il va la violer. Une belle idée de cinéma empruntée au cinéma muet, et le symbole du passage de l'enfance rêvée de Katie à son âge adulte, sans illusion.
Le tango de Soldier of Orange
Pendant un bal, le résistant Erik (Rutger Hauer) tombe sur son ex-meilleur ami Alex (Derek de Lint) qui s'est engagé chez les SS. Ils dansent un tango. Soldier of Orange, film d'Occupation déceptif et terrifiant annonçant Black Book, ouvre son dernier tiers avec cette scène viscontienne, subtilement décadente.
La scène de viol homo dans Spetters
Vous l'avez compris, le viol est décidément une obsession pour Verhoeven. Cette vision des homos comme une bande de violeurs en puissance qui rôdent vêtus de cuir dans l'underground batave et cette scène de viol collectif lui a valu en tous cas de fortes critiques à la sortie de Spetters en 1980.
La crucifixion dans Le Quatrième homme
L'écrivain alcoolo et bisexuel Gerard (Jeroen Krabbé) est assailli de visions catholiques (la Vierge Marie lui parle régulièrement) et rêve d'une crucifixion en version sauvagement homoérotique. Une image d'une puissance et d'une évidence folle qui exprime l'une des plus fortes obessions de Verhoeven, la dissection des mythes chrétiens.
La scène de viol de Flesh and Blood
Encore une scène de viol. Le mercenaire Martin (Rutger Hauer) force la virginité d'Agnès (Jennifer Jason Leigh) mais au cours du viol Agnès devient la dominatrice et retourne la force de Martin contre lui, et ainsi devient l'héroïne du film. Paul se souviendra plus de trente ans plus tard de cette ambiguité radicale dans Elle en montrant comment Isabelle Huppert va survivre à son viol et s'affirmer sans l'aide des hommes.
Le massacre de Murphy dans Robocop
En creux, Robocop est le biopic de Jésus dont rêve Verhoeven, avec son cyber-Messie mort et ressuscité (qui finit même par marcher sur les eaux). Et pas de Jésus sans Passion. La crucifixion de Murphy est une scène de fusillade ouf où Peter Weller (et sa doublure-mannequin) se fait littéralement déchiqueter par les balles. Et finit par recevoir une bastos en plein crâne. Un carnage du personnage principal qui intervient au bout de 20 minutes de film.
Showgirls : de la crucifixion à la résurrection
Le body count de Total Recall
Le trip SF de Paulot transforme la nouvelle bizarroïde de Philip K. Dick en actioner schwarzeneggerien d'une violence hallucinante (on la répète souvent, celle-là). Un body count de 77 morts, tous vus à l'écran (en 1990, les cadavres en CGI étaient encore loin), ça fait pour 113 minutes de film un mort toutes les minutes et demi. C'est le double de Robocop (body count de 34). L'hallu.
Le pic à glace de Basic Instinct
On aurait pu parler des jambes de Sharon Stone ou de la sodomie de Jeanne Tripplehorn par Michael Douglas. On a choisi l'ouverture du film, tout simplement. Une femme chevauche un homme et au moment de l'orgasme -et au son de la partition pyscho de Jerry Goldsmith- lui fait sa fête au pic au glace dans une giclée de violence d'une une puissance hallucinante, dyonisiaque.
La scène de viol dans la soirée de Showgirls
Molly (Gina Ravera) arrive enfin à emballer son idole, la rock star Carver, lors d'une soirée. Sauf que ce qui fait triper Carver c'est de la voir se faire violer par ses gardes du corps devant lui. Une séquence hardcore qui résume le propos du film mal-aimé et grotesque de Verhoeven : en coulisses le showbiz n'est que sexe et violence et perversion, ce genre de choses.
Paul Verhoeven : "Mon Total Recall était ringard ? Le remake est pire"
Le suçage de cerveau dans Starship Troopers
C'est la scène de viol de Starship. Le gros cerveau contrôlant les arachnides plante une griffe dans la tête du pilote Zander (Patrick Muldoon) pour sucer sa matière grise, et aucun détail de la scène ne nous est épargné. Une scène trash et gore qui nous prend autant par surprise que le pauvre Zander.
Le singe invisible dans Hollow Man
Verhoeven demande à Craig Hayes (Robocop, Starship Troopers) de s'inspirer des écorchés du musée de La Specola à Florence pour cette vision stupéfiante : les veines et les organes d'un gorille invisible apparaissent au fur et à mesure à l'image pour composer une créature sortie d'un cauchemar de savant fou. On pense aussi aux écorchés terrifiants de la chapelle de San Severo à Naples, et on réalise à quel point que même pour ses films les moins réussis Verhoeven parvient à exprimer une weird science du corps qui n'appartient qu'à lui.
Le seau de merde de Black Book
C'est la fin du film, c'est la fin de l'Occupation en Hollande. Les Résistants de la dernière heure nettoient le pays des nazis, s'emparent de Rachel (Carice Van Houten) et l'accusent de collaboration horizontale. Parquée dans une prison improvisée notre héroïne se fait torturer, humilier. Et reçoit un chaudron rempli de déjections humaines sur son corps dénudé. A ce moment-là le film atteint un sommet dans l'abjection et l'horreur, rejoint la fin de Soldier of Orange, et exprime très clairement la vision du monde de Paulot. Et c'est pas joli joli.
La chaudière dans Elle
On ne spoilera pas l'intrigue du choc cannois de Verhoeven mais guettez bien la scène de la chaudière. Non seulement le film démarre avec une scène d'une violence absolue mais son climax dans la chaudière a beaucoup fait parler.
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