Affiches Films à l'affiche semaine du 2 octobre 2024
Warner/ Condor Distribution/ Diaphana

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
JOKER : FOLIE A DEUX ★☆☆☆☆

De Todd Phillips

L’essentiel

Cette suite de Joker, sous forme de musical dépressif, est tellement morne et inefficace qu’elle ressemble presque à un sabordage en règle de la part de Todd Phillips et Joaquin Phoenix.

Le fait que cinq ans après son triomphe, la suite de Joker ait été annoncé comme une comédie musicale pouvait faire espérer une proposition flamboyante, quelque chose d’un peu dingo et inédit, de la part d’un réalisateur et d’un acteur ayant respectivement remporté un Lion d’or et un Oscar pour le précédent volet, Raté : Joker: Folie à deux fait l’effet d’une douche glaciale. Le résultat est si monotone, si vide d’idées, d’envie et d’énergie, qu’on en vient presque à se demander si cette sortie de route n’est pas la conséquence d’une pulsion autodestructrice, comme si Todd Philips et Joaquin Phoenix avaient soudain décidé de casser leur jouet, de saborder leur lucrative association plutôt que de capitaliser sur leur succès. 

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A AIME

ALL WE IMAGINE AS LIGHT ★★★☆☆

De Payal Kapadia

Grand Prix du festival de Cannes, All we imagine as light suit l’itinéraire de deux infirmières d’un hôpital de Mumbai qui partagent un petit appartement. L’une, mariée, n’a pas vu son conjoint depuis belles lurettes et s’interdit, de fait, une nouvelle histoire d’amour. L’autre, plus jeune, essaye de vivre sa passion avec son fiancé d’origine musulmane, ce qui, les condamnent à une forme de clandestinité. Payal Kapadia avait été repérée en 2021 avec son documentaire, Toute une nuit sans savoir. Et All We Imagine As Light raccorde directement avec son précédent film dans cette façon de saisir sur le vif des vues de Mumbai. Il en résulte une approche sensible et intime de l’espace. Là où certains cinéastes imposent aux spectateurs leurs personnages, leurs histoires et leurs émotions, Payal Kapadia choisit la voie de la douceur et de la révélation à bas bruit. Ce qui n'empêche pas de taper fort.

Thomas Baurez

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THE DEVIL’S BATH : UN ENFANT POUR LE DIABLE ★★★☆☆

De Veronika Franz et Severin Fiala

Son titre est celui d’un film d’horreur mais The Devil’s Bath ne relève pas tout à fait du genre horrifique, même si le film est comme hanté, plongé dans une atmosphère lugubre qui évoque The Witch de Robert Eggers. Ici aussi, il s’agit de travailler à faire ressentir la réalité d’un univers lointain et disparu, où les traditions et les superstitions donnaient au quotidien une teinte irréelle et menaçante. Ce monde, c’est la Haute-Autriche du milieu du 18ème siècle, où la jeune Alice, peu de temps après son mariage, sombre dans les affres de la dépression et de la mélancolie. Le film est porté par une sorte de suspense ethnologique, révélant lentement les règles qui régissaient l’univers culturel et social de l’époque. Déroutant, original, assez obsédant, traversé par une entêtante impression de désolation, The Devil’s Bath confirme que lorsqu’on dit d’un film autrichien qu’il est « glaçant », c’est bien un pléonasme.

Frédéric Foubert

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THE OUTRUN ★★★☆☆

De Nora Fingscheidt

Tout part d’un récit autobiographique. Celui d’Amy Liptrot, une Ecossaise qui, devenue dépendante à l’alcool, a entrepris une cure de désintoxication rude, chaotique sur l’archipel des îles d’Orcade. Huit ans plus tard, le voici porté à l’écran à l’initiative de Saoirse Ronan qui fait à l’occasion ses débuts de co- productrice et a donc choisi celle qui le met en scène, Nora Fingscheidt (Benni). Un choix inspiré car la réalisatrice s’empare de ce récit en faisant exploser son côté programmatique par deux mouvements complémentaires. Un jeu avec la chronologie des faits, au fil des souvenirs qui remontent à la mémoire de son héroïne et une manière de représenter l’évolution de sa vision déformée du monde en mêlant images d’archives et séquences animées. Mais rien ne fonctionnerait sans une actrice de génie, aussi impressionnante dans l’excès que dans l’expression de la douleur intime. Saoirse Ronan est faite de ce bois- là.

Thierry Cheze

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DRONE ★★★☆☆

De Simon Bouisson

Après la série Stalk, Simon Bouisson a choisi de creuser doublement le thème du voyeurisme pour ses débuts sur grand écran avec pour héroïne, une étudiante en architecture (Marion Barbeau, impeccable), travaillant secrètement comme camgirl pour gagner sa vie, qui découvre un jour en rentrant chez elle, qu’un drone déboule régulièrement pour scruter chacun de ces actes. Qui se cache derrière ses commandes ? Un inconnu qui lui veut du bien ? Un pervers qui veut en faire sa proie ? Bouisson a pour lui un réel talent dans l’art de faire monter la tension et une élégance jamais chichiteuse dans la manière d’intégrer dans sa mise en scène, les vues panoramiques offertes par le drone. Certes ce thriller souffre d’une écriture moins convaincante de certains rôles secondaires (le prof incarné par Cédric Kahn, trop chargé en masculinité toxique) et sa résolution – quoique tout sauf basique – est un peu déceptive. Mais ce premier long vaut de détour.

Thierry Cheze

SUPER SENIORS ★★★☆☆

De Dan Lobb

Leonid, Ukrainien de 95 ans, a un rêve : gagner une compétition internationale de tennis. Et il a toute ses chances puisque dans sa catégorie les adversaires se comptent sur les doigts d’une main. Super Séniors nous fait suivre quatre fous de la raquette pour lesquels l’âge n’est pas un frein mais un moteur. Romancés par une mise en scène attendrissante, ils nous font sourire et nous donnent le genre d’espoir que l’on attend d’une histoire de sport. Plus qu’une envie : oublier son arthrose et enfiler ses baskets.

Bastien Assié

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

QUAND VIENT L’AUTOMNE ★★☆☆☆

De François Ozon

Après la tonalité drôle et ludique de Mon Crime, Ozon revient à une intrigue criminelle en privilégiant cette fois les zones d’ombre. L’histoire d’une grand-mère qui mène une retraite en apparence paisible en Bourgogne. Jusqu’à ce que, lors des vacances de la Toussaint, un empoisonnement aux champignons déclenche pourtant tout un engrenage qui mènera à une enquête de police. Avec cette question : l’octogénaire a-t-elle voulu tuer sa propre fille, avec qui elle entretient des rapports complexes ? Si le scénario prend plaisir à laisser planer les non-dits, le rythme souffre précisément de cette indécision qui cadre assez mal avec l’ambition d’un thriller vénéneux. Reste un honorable casting, porté par l’ambivalente Hélène Vincent et l’écorché Pierre Lottin, qui forment une famille recomposée dysfonctionnelle face à laquelle on aurait adoré être encore davantage troublés.

Damien Leblanc

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

MAYA, DONNE- MOI UN TITRE ★☆☆☆☆

De Michel Gondry

La crise artistique de Michel Gondry – détaillée dans son précédent film, Le Livre des solutions – est-elle terminée ? Malheureusement non, si l’on en juge par Maya, donne-moi un titre, compilation de courts-métrages bricolés avec du papier découpé et animés en stop-motion, mini home-movies que le cinéaste a l’habitude de fabriquer à la maison pour sa fille Maya. La petite donne un titre à son papa (genre « Maya sirène » ou « Maya policière et les trois chats ») et celui-ci s’emploie à lui inventer une jolie histoire farfelue. C’est très mignon, mais était-ce nécessaire de nous les montrer ? L’autocomplaisance qui plombait parfois déjà Le Livre des Solutions embarrasse encore ici, et le film finit par ennuyer autant que ces parents s’extasiant des adorables mots d’enfants de leur progéniture. Interminable (malgré sa durée d’une heure) et très excluant pour les gens n’étant pas membres de la famille Gondry.

Frédéric Foubert

LA DAMNEE ★☆☆☆☆

De Abel Danan

En matière de paranoïa domestique, Roman Polanski a tué le game il y a bien longtemps avec Repulsion (1965) ou Rosemary’s Baby (1968) faisant de la claustration l’enjeu même d’une réflexion sur la mise en scène. On ne va évidemment pas s’amuser à juger les films à l’aune de ces écrasantes références. Pour autant cette Damnée joue sur une note tellement entendue et attendue qu’on scrute la façon dont un jeune cinéaste peut se réapproprier ces figures. Malheureusement Abel Danan bute sur l’objet même de ses intentions : filmer une jeune femme prise au piège de ses angoisses. Celle-ci vit recluse dans son petit meublé parisien (le dehors l’effraie) persuadée qu’une présence maléfique lui veut du mal. Le dedans soudain menaçant oppresse. Ceci posé, le film étire jusqu’à plus soif ce point de départ, épuise très vite les possibilités de tension et se retrouve condamné à se répéter. L’héroïne est fatiguée. Nous aussi.

Thomas Baurez

 

Et aussi

Libres, de Santos Blanco

On fait quoi maintenant ?, de Lucien Jean- Baptiste

Reprise

Papa est en voyage d’affaires, de Emir Kusturica