Alain Delon dans Borsalino
Adel Productions

Disparu ce dimanche, l'acteur français laisser derrière lui une pléiade de rôles cultes.

Il était l'un des derniers monstres sacrés du cinéma français. Icone internationale pendant six décennies, Alain Delon est mort ce dimanche à l'âge de 88 ans en laissant derrière lui une filmographie exceptionnelle, parmi les plus éblouissantes du 7e art tricolore. Sa beauté, son charisme animal, sa maîtrise du cadre et du jeu ont fait d'Alain Delon un acteur immense, certainement l'un des plus talentueux de tous les temps. Retour sur 8 de ses performances exceptionnelles qui ont fait de lui l'acteur ultime. 

Alain Delon regrette de ne pas avoir tourné de film sous la direction d’une femme

Le plus beau : La Piscine, de Jacques Deray (1969)

Difficile d'oublier l'image d'Alain Delon étendu en maillot de bain au bord de cette piscine. Un demi-siècle après la sortie du film, la prestation et la beauté du comédien, qui avait trente quatre ans à l'époque, sont encore gravées dans les esprits. A tel point que le film est encore utilisé de nos jours pour des campagnes de pub, notamment pour du parfum. Charmeur, séduisant et tout simplement beau, Alain Delon irradie dans ce film troublant à la réalisation maîtrisée et à l'interprétation sublime.



Le plus Zorro : La Tulipe noire, de Christian-Jaque (1963)

Sorti en 1963 et signé Christian-Jaque, La Tulipe noire plonge au coeur du Roussilon à la veille de la Révolution française. Le film suit un jeune aristocrate qui vole des nobles caché sous l'identité de la Tulipe noire. Balafré au visage par le chef de la police, il convainc son frère jumeau de prendre sa place pour cacher qu'il est désormais défiguré. Film de cape et d'épée soporifique pour certains, divertissants pour d'autres, La Tulipe noire met à l'honneur un personnage qui n'est pas sans rappeler par certains de ses aspects Zorro. De quoi réjouir les amateurs.


 

Le plus ambigu : Plein soleil, de René Clément (1960)

C'est un rôle troublant, pervers et ambigu qu'Alain Delon a endossé devant la caméra de René Clément. Adapté du roman Mr Ripley de Patricia Highsmith, ce long-métrage noir a permis de faire éclater le comédien sur grand écran. Porté par une mise en scène que ne renierait pas Hitchcock, Alain Delon éblouit dans la peau d'un homme chargé par un milliardaire de faire revenir le fils de ce dernier (en vacances en Italie) en Californie et qui va finir par prendre sa place après l'avoir assassiné. Elégant, séduisant et inquiétant, Alain Delon est brillant dans la peau d'un manipulateur au magnétisme électrisant. Du personnage incarné par le comédien aux relations entre les personnages, l'ambigüité est au rendez-vous dans Plein soleil.



Le plus Kafkaïen : Mr Klein, de Joseph Losey (1976)

C'est grâce à ce film de Joseph Losey qu'Alain Delon a raflé sa toute première nomination aux César dans la catégorie meilleur acteur. Si le comédien en tant que personne ne fait pas l'unanimité, en tant qu'acteur il mérite grandement la reconnaissance de ses pairs. Notamment pour ce film dans lequel il incarne un Alsacien, marchand d'art, qui découvre qu'un Juif utilise son nom. Un inconnu qu'il va essayer de retrouver. Un long-métrage qui reprend certains thèmes kafkaïens exprimés notamment dans La Métamorphose ou encore Le Château, à savoir la quête et la question de l'identité. 

Monsieur Klein Alain Delon
DR

Le plus existentiel : Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (1967)

Dans ce classique de Jean-Pierre Melville, Alain Delon incarne Jef Costello alias Le Samouraï. Tueur à gages, il est sur le point d'être découvert lorsqu'il croise, après avoir assassiné sa dernière victime, la pianiste du club baptisée Valérie. Alors que les soupçons de la police se portent sur lui, la seule personne capable de l'incriminer feint de ne pas le connaître. Une décision qui intrigue Le Samouraï incarné avec puissance par un Alain Delon d'une beauté fascinante. Subtil et intense, le film marque notamment par le questionnement existentiel que traverse ce héros qui va s'interroger peu à peu sur la solitude, son âme et son identité. Le tout avec une sobriété et un minimalisme au diapason d'une mise en scène travaillée



Le plus chic : Le Guépard, de Luchino Visconti (1963)

Palme d'or au Festival de Cannes 1963, Le Guépard de Luchino Visconti montre un Alain Delon au top de l'élégance. Petite moustache bien taillée, costards à tous les étages, petite raie sur le dessus et mèche sur le côté : le comédien joue à merveille les nobles et son personnage de Tancrède, neveu du prince Salina. Ce dernier, qui sent que l'aristocratie va décliner alors que Garibaldi et ses Chemises Rouges bouleversent la Sicile, accepte de marier son neveu, pourtant promis à sa propre fille, avec la fille du maire dont la classe sociale monte en puissance. Une fresque marquée par un certain formalisme mais portée par un scénario intéressant, des décors travaillées et des costumes qui mettent le chic à l'honneur. 



Le plus fantastique : Histoires extraordinaires, de Federico Fellini (1968)

Alain Delon est à l'affiche du deuxième des trois sketchs rassemblés dans ces Histoires extraordinaires présentées au Festival de Cannes en 1968. Dans William Wilson de Louis Malle, il incarne un officier autrichien bien despote et sadique qui voit certains de ses plans malhonnêtes contrariés par son double. Adaptée d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe, tout comme les deux autres sketchs, ce court-métrage avec Delon est plutôt froid et fidèle à son texte d'origine mêlant fantastique et grotesque.



Le plus "Delonien" : Borsalino, de Jacques Deray (1970)

Alain Delon/Jean-Paul Belmondo : le combat des titans. Dans ce film de Jacques Deray, qui suit la grandeur puis la chute de deux caïds marseillais dans les années 1930, les deux stars du septième art de l'époque se donnent enfin la réplique. Chacun dans la peau d'un truand, ils font des étincelles dans ce long-métrage qui a attiré plus de 4 millions de spectateurs. Un joli succès bien boosté par les rumeurs autour de la rivalité des deux têtes d'affiche qui se sont d'ailleurs affrontées devant un tribunal après la sortie du film. Un conflit né après un accord non respecté pour l'affiche du film. Une belle affaire d'égo en somme. 

Le saviez-vous ? Borsalino, film culte avec Delon et Belmondo, a été privé de télé pendant 12 ans