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Le film à charge de François Ruffin contre Bernard Arnault cartonne au-delà des espérances. Explications.

117 221 entrées en trois semaines, un passage progressif de 39 salles à 71 (bientôt plus), un taux de satisfaction énorme, un engouement des exploitants qui s’arrachent les copies, des perspectives folles (certains spéculent sur 300 à 400 000 entrées au total) : Merci Patron ! de François Ruffin est le succès que personne n’avait vu venir, le sujet à éviter dans les rédactions du Parisien et des Echos (propriétés de Bernard Arnault) et la mascotte des manifestants du 9 mars qui ont repris en chœur le vieux tube éponyme des Charlots remis à la mode par le film. Pour Etienne Ollagnier, le cogérant de Jour2fête qui le distribue, c’est le signe incontestable que « Merci Patron ! dépasse le simple cadre du cinéma ». Il a sans doute raison.


Manifeste d’agit-prop conçu par François Ruffin (un enfant turbulent de Michael Moore qui exerce son journalisme de combat dans le Nord à travers sa revue Fakir), Merci Patron ! se distingue du docu militant classique par sa volonté concrète de changer les choses. Ainsi, il met en scène une famille, les Klur, étranglée par les dettes, victime collatérale des délocalisations du groupe LVMH d’Arnault, qui va être au centre d’une arnaque imaginée par Ruffin pour la renflouer dont on voit l’application et les effets en direct, à l’écran ! Au-delà de la dimension symbolique évidente dont est en train de s’emparer la France en crise (« il se passera sans doute des choses lors de la manif du 31 mars », nous prévient Ollagnier), Merci Patron ! est une comédie revigorante, beaucoup plus drôle et attachante que n’importe quelle grosse production française portée par des humoristes interchangeables. C’est peut-être aussi ça le secret de sa réussite.