Mon fils connaît la saga Star Wars sur le bout des doigts. Mais qu’a-t-il donc pensé du Réveil de la Force ?
Jar Jar, Ewoks, Droïdes rigolos, cantina… On le sait depuis 30 ans : George Lucas a conçu Star Wars pour les enfants. Et ça a marché au delà de toutes les espérances. Les gamins des années 70s sont devenus totalement accros et un imaginaire collectif s’est façonné autour de cet univers. Au moment où la Force se réveille, on a eu envie de savoir comment la nouvelle génération voyait le retour de Chewbacca et de Han Solo. Comment les enfants recevaient cet épisode 7. J’ai fait le test grandeur nature avec mon fils Louis, 9 ans. Louis est un fan. Un vrai. Vers quatre-cinq ans, Star Wars est devenu l’un des sujets de discussion principaux dans la cour de son école. Ses Lego Star Wars™ sont aussi nombreux que les clones numériques de l’Episode II. À l’approche de ses sept ans, nous avons commencé à regarder la trilogie (la seule, la vraie – j’avoue avoir fait un peu de prosélytisme). En parallèle, il regardait Star Wars Rebels, jouait avec l’une des nombreuses appli iPad dédiées à la saga. Et, histoire d’être complet, nous avons visionné il y a quelques mois l’affreuse prélogie - qui lui a plutôt plu.
Tout ça pour dire que Louis sait de quoi il parle. Il a des idées très arrêtées sur le sujet. C’est le genre d’enfant capable de vous expliquer de manière très argumentée pourquoi l’épisode 6 est le meilleur (la fosse du Rancor, la mort de Boba Fett…) et pourquoi le 4 est le moins bon (trop lent - pas faux). Le travail de Lucas a fait son office : pour Louis, Jar Jar Binks n’est pas si nul qu’on le prétend et l’attaque des Gungans à la fin de La Menace fantôme est l’un des passages les plus excitants de la saga. Il a une fascination exclusive pour Dark Vador devenu au fil du temps le personnage emblématique de la saga (au détriment de Luke, Han et Leia ). Super méchant, créatures amusantes, vaisseaux impressionnants : Star Wars, pour les enfants, est avant tout une affaire d’imaginaire peuplé d’ombres inquiétantes.
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Les premiers dans la salle
Mercredi 16 décembre, 9h45. Nous arrivons tous les deux devant l’Alcazar, le cinéma d’Asnières-sur-Seine. Contrairement au blitzkrieg annoncé par Disney, ça ne se bouscule pas à l’entrée et nous sommes les premiers dans la file. Ca traîne dans la file… Le temps pour Louis d’aviser une affiche du film et de me détailler un par un les nouveaux personnages. Il passe vite sur Rey et Finn, mentionne Han Solo et Leia, s’emballe un peu sur BB-8 mais manifeste un intérêt supérieur pour Poe Dameron ("il est habillé comme Luke, regarde !" ) et le nouveau méchant, Kylo Ren ("il ressemble à Dark Vador !"). 10h00. Direction la grande salle où nous pénétrons en vainqueurs. Louis enlève son blouson et arbore fièrement son t-shirt Star Wars floqué d’un vaisseau X-Wing. Nous sommes prêts.
Logo Lucasfilm Ltd. Générique déroulant sur la musique de John Williams (mais sans la fanfare de la Fox et sans le château Disney). Je dois calmer Louis qui commente chaque plan avec l’enthousiasme du geek qui sommeille en lui. Tout le reste de la projection, à deux-trois exceptions près, il restera scotché à l’écran sans faire de bruit ni bouger un cil. Ah si, il sursautera une fois.
Deux heures plus tard, la séance se termine sur des plans iconiques à mort qui me laissent la gorge un peu nouée. J’essaie de cacher mon émotion. Louis est imperturbable. Je comprends qu’à cet âge-là, on a bizarrement plus de recul que les adultes. On regarde ces films en amateur éclairé, pas encore en fan nostalgique.
Notre critique de Star Wars : Le Réveil de la Force
Bilan très positif
C’est le moment du debrief. Père et fils sont d’accord sur une chose : Le Réveil de la Force est l’un des meilleurs épisodes de la saga que Louis classe en troisième position, entre La Revanche des Sith et L’Empire contre-attaque. "Je ne suis pas encore sûr de l’ordre", me dit-il avec la sagesse du critique qui a besoin de digérer le film.
Le plus étonnant, c’est que l’enjeu principal du film - le passage de relais intergénérationnel – ait incroyablement fonctionné avec Louis. Pour JJ, il s’agissait dans SW7 de restituer la saveur particulière des madeleines cinéphiles de l’enfance tout en mettant de nouveaux personnages aux commandes du Falcon et de la saga. De fait, mon fils semble préférer les nouveaux héros. S’il aime bien Finn et Rey, il confirme sa prédilection pour Poe Dameron qu’il assimile à Luke Skywalker dans sa façon de piloter son X-Wing et de commander. "Comme Luke, Poe Dameron dit toujours 'je vise et vous me couvrez'", précise-t-il. Avant de poursuivre : "les scènes d’action ne changent pas tellement, ce sont toujours les chasseurs TIE qui attaquent les X-Wings qui ripostent." L’histoire ? Elle lui plaît bien, mais il ne s’étend pas sur la question. La mythologie de la saga, sa dimension shakespearienne, il s’en moque un peu. Il trouve cependant Kylo Ren "plutôt cool comme méchant".
Et les anciens ? Han ? Leia ? "Je ne pensais pas que Han Solo serait si vieux", me répond-il avec des regrets dans la voix... Ça fait partie des quelques bémols qu’il apporte. Il trouve que les nouveaux officiers impériaux ressemblent plus à des espions avec leurs tenues noires (elles étaient kakis avant) qu’à des militaires. Regrette qu’on ne retrouve pas les mêmes planètes qu’avant (il adore Tatooine), ce qui est un peu perturbant. Il me glisse d’ailleurs qu’il a reconnu la planète glacée Hoth, visiblement victime d’une apocalypse quelconque qui l’aurait défigurée. Il en a été un peu chagriné. Je n’ai pas osé le contredire.
Louis est un bon exemple de la manière dont les enfants reçoivent ce nouvel épisode. Sans a priori, avec beaucoup d’attentes mais sans hystérie. Et vu à hauteur d’enfant, ce qui se confirme là, c’est le respect pour la saga, la façon modeste dont JJ s’est emparé de l’entité et de l’univers qu’il a tenté de moderniser sans jamais heurter les vrais fans, les vrais spectateurs. Les mômes. Ceux d’aujourd’hui et ceux d’hier.
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