Bacurau (2019)
SBS international

Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles étaient récemment de passage à Paris pour défendre Bacurau, Prix du jury à Cannes et gros succès au Brésil.

Arte programme une soirée pleine de mystères. A 20h50, la chaîne proposera un classique des comédies policières, Un cadavre au dessert (1976), dans laquelle plusieurs enquêteurs renommés se retrouvent invités à la même table. Au casting, on retrouve notamment Truman Capote, Peter Falk, Alec Guinness, David Niven, Peter Sellers, Maggie Smith et James Cromwell. Puis, à 22h25, place à Bacurau, de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles (2019). Son histoire ? "Un petit village est subitement rayé de la carte et ses habitants commencent à disparaître les uns après les autres. Mais la résistance s’organise..."

Le réalisateur d'Aquarius et son chef décorateur attitré Juliano Dornelles signent ici une fable d’anticipation cruelle, ironique et violente, qui doit beaucoup au western et au cinéma de genre engagé des années 70. A sa sortie, Première avait rencontré ces deux réalisateurs espiègles et complices.

Quel est votre mode de fonctionnement sur un plateau ?
Juliano
 : Nous faisons tout ensemble, de l’écriture au montage. C’est très simple entre nous. On se connaît depuis longtemps, la confiance est totale. J’ai l’impression que les acteurs se sentent plus rassurés avec deux personnes qui leur tiennent le même discours.
Kleber : Il faut savoir que ça peut être un cauchemar de travailler avec certaines personnes, acteurs ou techniciens. On ne peut pas faire passer de tests psychologiques avant d’embaucher des gens ! J’ai personnellement eu la chance de faire trois films avec des collaborateurs extraordinaires.

Comment avez-vous pensé ce casting de gueules incroyables ?
Kleber
 : C’est un mélange de stars internationales (Sonia Braga, Udo Kier), d’acteurs confirmés, de non-professionnels et de figurants tellement bons qu’on les a pris comme acteurs ! La sauce a pris naturellement. C’était très organique.
Juliano : Les gens du casting ont passé beaucoup de temps avec les figurants en amont, ce qui n’est pas franchement commun. Quand on a commencé à travailler avec eux, ils comprenaient non seulement ce que nous attendions d’eux spécifiquement mais ils sentaient profondément le film, son atmosphère et nos intentions.
Kleber : Vers la fin du film, avant que les filles aillent dans le trou, il y a plusieurs plans des membres de la communauté. Si vous les regardez bien, ils ont tous une expression habitée, avec un mélange de tristesse, de colère et de tension. Ce n’est pas très habituel : il y a toujours quelques figurants à côté de la plaque qui pensent à autre chose. La caméra ne ment pas sur ces choses-là. 

Il y a beaucoup d’humour noir dans votre film. Allez-vous réaliser une pure comédie un jour ?
Kleber 
: J’en ai déjà fait une. Ça s’appelle Recife Frio (Cold tropics, titre international), un court métrage produit par Juliano. Je me souviens que pour la première, nous avions évoqué le sujet de Bacurau. C’était en 2009. 
Juliano : Comédie ou pas, j’aimerais bien qu’on refasse un film ensemble. 
Kleber : On y pense. Il nous faut juste la bonne histoire. Travailler à deux est en tout cas très stimulant, on peut tester nos idées sur l’autre. C’est presque comme un mariage : il y a tout pour que ça aille mal mais, parfois, ça marche ! (rires)

a playlist d’Aquarius commentée par son réalisateur