Affiches Films à l'affiche mercredi 14 février 2024
Apollo Films/ Walt Disney Company France/ Paramount Pictures

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MAISON DE RETRAITE 2 ★★☆☆☆

De Claude Zidi Jr.

L’essentiel

Kev Adams récidive avec ses vieux grognards de la comédie française.  

Quand le film commence, on découvre que la maison de retraite du premier volet menacée de fermeture. Milann (Kev Adams) décide alors d’incruster les pensionnaires dans un autre Ehpad et se heurte à deux problèmes : d’abord le délicat mélange entre son équipe de vieux et les nouveaux briscards (Chantal Ladesou, Jean Réno, Enrico Macias….). Ensuite - et surtout - la confrontation avec la directrice d’une société d’Ehpad plus intéressée par le fric et les profits que par le bien-être de ses administrés.

MDR 2 utilise les mêmes ficelles que le premier. A commencer par les blagues régressives, petit jeu dans lequel Jean Reno tire le plus profit de la situation. Mais on est au cinéma, et il faut une histoire ou un sens. Et MDR 2 délivre une fois encore des leçons de vie, voire une moraline, un peu guimauve. Même s’il rajoute à ce cocktail deux particularités : une fin en forme d’escroquerie à la Ocean’s eleven mâtinée du Jeu de la dame et cette impression que Kev joue ici au Monsieur Loyal, pense d’abord collectif. Il semble regarder ses acteurs prendre plaisir à délirer. 

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

SANS JAMAIS NOUS CONNAÎTRE ★★★★☆

De Andrew Haigh

Adam (Andrew Scott, magistral) vit dans une tour de Londres que la plupart de ses habitant semblent avoir déserté, à l’exception d’un mystérieux voisin (Paul Mescal, impressionnant) avec qui il va entamer une liaison. Hanté par les souvenirs de son passé, il retourne alors dans la banlieue où il a grandi et y découvre que ses parents, morts il y a 30 ans dans un accident… occupent toujours les lieux, lui permettant une discussion avec eux qu’il n’avait jamais pu avoir. Cette porosité entre réel et surnaturel ouvre le champ des possibles d’un long métrage impossible à réduire à un seul genre, tout à la fois une chronique familiale, variation autour du deuil, grand film d’amour et œuvre puissamment politique autour de l’homosexualité et la solitude profonde qu’on peut vivre comme enfant queer et qui ne vous lâche jamais. Haigh laisse le spectateur tirer son propre fil pour vivre le récit à sa façon. Mais son extrême sensibilité lui permet de réussir ici un tour de force : une œuvre chaleureuse autour d’un trauma, dénué de toute sensiblerie, peuplée de chansons pop au surgissement déchirant et faisant un sort aux archétypes.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

VIVANTS ★★★☆☆

De Alix Delaporte

Alix Delaporte (Angèle et Tony) acte ici la fin d’un monde, celui du journalisme d’investigation. Car à la télé française, la quête du sensationnel et de cette « proximité » si chère aux annonceurs ont considérablement réduit la notion même de « terrain ». Ainsi les héros de Vivants, journalistes pour une émission jadis prestigieuse de reportages font figure de reliques, désespérés de tourner au ralenti, voire, à vide. Il faudra le regard d’un élément extérieur pour révéler la beauté enfouie, en l’occurrence ici, celui de Gabrielle (Alice Isaaz), dropée au sein d’une équipe « d’anciens combattants » qu’elle rêve d’intégrer. Et le film touche juste dans cette façon d’envisager leur bureau-bocal autant comme un refuge (espace de vie et de repos) qu’une prison (lieu de stagnation) alors qu’une fois au dehors, les protagonistes piétinent voire sont empêchés d’avancer.

Thomas Baurez

20 000 ESPECES D’ABEILLES ★★★☆☆

De Estibaliz Urresola Solaguren

Récompensé par un prix d’interprétation à Berlin (pour la saisissante Sofio Otero) et ce week- end aux Goyas, 20 000 espèces d’abeilles met en scène, le temps d’un été en famille au cœur du Pays Basque, Cocó, androgyne et réservé, qui, à 8 ans, peine à savoir qui il est. Fille ou garçon ? Et les interrogations de cette enfant transgenre donnent naissance à un film d’une rare sensibilité sur un sujet trop souvent survolé voire caricaturé mais sans s’enfermer dans un geste simplement militant. Et ce grâce à l’écriture tout en finesse des personnages d’adultes, jamais réduits à un seul trait, à commencer par cette mère qui, consciente de ce que vit Cocó, a depuis toujours pris garde de ne pas genrer les choses du quotidien pour protéger son enfant avant ce moment où le choix qu’il fera provoquera incompréhension voire hostilité. Il y a du Tomboy dans ce 20000 espèces d’abeilles, qui aurait juste gagné à être un peu resserré pour toucher encore plus puissamment.

Thierry Cheze

CHIENNE DE ROUGE ★★★☆☆

De Yamina Zoutat

Comme ces chiens de rouge qui suivent les traces de sang à la recherche du gibier blessé, Yamina Zoutat part à la chasse. Avec ce documentaire, cette ancienne chroniqueuse judiciaire traque le sang de manière obsessionnelle suite à une frustration longtemps refoulée : celle de l’interdiction d’en montrer lors de son enquête sur le procès du sang contaminé de 1999. Par ce simple fluide, la réalisatrice évoque le Sida, le chimérisme sanguin entre donneur et receveur, mais également la violence qui s’y rattache, avec une reconstitution particulièrement graphique des attentats de 2015 et de ses chairs ensanglantées. Dans la forme, elle expérimente. Dans le fond, elle évoque à quel point le sang est chargé d’histoire et d’enjeux identitaires. Aussi vulnérable que radical, Chienne de rouge convoque l’intimité des corps meurtris et incite, avec une grande délicatesse, à écouter ceux qui ont souffert.

Lucie Chiquer

NUIT NOIRE EN ANATOLIE ★★★☆☆

De Özcan Alper

C’est une histoire qui se poursuit à l’ombre d’un mort. Après sept ans d’absence, Ishak revient dans sa péninsule anatolienne natale pour veiller sur sa mère malade. Grand gaillard au regard sombre, il semble porter sur ses seules épaules la culpabilité de tout un village. De flashbacks en cauchemars, Özcan Alper met peu à peu son spectateur sur la trace du disparu. Il s’appelait Ali, avait les yeux clairs et les cheveux blonds façon ange blond de Visconti. Il était différent des autres: lettré, écologiste et sans doute trop délicat pour être un homme, un vrai. Variation du As Bestas de Rodrigo Sorogoyen dans la forme, Nuit noire en Anatolie est servi par sa photographie somptueuse et son portrait, très juste, de la Turquie rurale. Le cinéaste pose un regard cru sur ces territoires reculés et brumeux desquels personne ne part ni ne vient. Ces enclaves où la différence est une tare, où l'obscurantisme et les réflexes virils font loi. 

Emma Poesy

ROSE, PETITE FEE DES FLEURS ★★★☆☆

De Karla Nor Holmbäck

Rose est une adorable petite fée. Précisons : une fée des fleurs. Habillée d’une robe en forme de bourgeon et munie d’une baguette magique, notre héroïne parcourt chaque jour une clairière enchantée. Le matin, elle fait éclore les fleurs du rosier qu’elle habite avant de les fermer à la nuit tombée. Mais en dépit de cette existence bucolique et enchantée, Rose se sent triste. Plutôt, elle se sent seule. Un jour, au hasard d’un malentendu entre plusieurs habitants de la clairière, la fée rencontre un papillon, Satin. Une nouvelle amie, le début du bonheur. Mais contrairement à Rose qui est peureuse, Satin est intrépide. À cause de son imprudence, le papillon sera capturé par un monstre. Charge à Rose d’aller la secourir. Derrière ses apparences enfantines, la petite fable féerique impose un narratif rafraîchissant : deux petites filles tournées vers l’amitié plutôt que l’amour.

Emma Poesy

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

BOB MARLEY, ONE LOVE ★★☆☆☆

De Reinaldo Marcus Green

Ce qui frappe dans ce Bob Marley, one love, c’est comment le film se définit par ses manques -on reste sans cesse sur notre faim, tant le film semble éviter soigneusement tout risque d’aspérité en gommant le plus de passages possibles. Au fond, le film ne surprendra pas les accros aux biopics musicaux-pâtés en croûte, sur-verrouillés par l’entourage de l’idole concernée, façon Bohemian Rhapsody. Le film alterne une double structure (le récit de la jeunesse et un concert-clef) qui rappelle celle de Walk the Line, sauf que l’histoire de Bob Marley Begins s’arrête au bout d’un moment pour aucune raison. On ne verra pas grand-chose de l’étonnant bouillon musical de la Jamaïque 50s dans laquelle grandit le jeune Marley, pas plus que l’on ne captera la source de son génie musical. Plutôt que de tenter d’invoquer la voix des morts, le film exprime la voix officielle des survivants. Difficile, ceci dit, de ne pas vibrer quand la musique remplit la salle de cinéma, canalisée par Kingsley Ben-Adir -une perf complètement casse-gueule mais réellement habitée par le comédien, investi à fond dans son rôle, jusqu’à l’effacement. Grâce à lui, One Love capte un peu la mystique qui guidait Marley dans son art et dans sa vie.

Sylvestre Picard

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LE MOLIERE IMAGINAIRE ★★☆☆☆

De Olivier Py

Se déroulant intégralement le soir du 17 février 1673, ce film réalisé par le dramaturge Olivier Py relate les dernières heures de la vie de l’illustre Molière, en assumant une part d’invention. Présent sur la scène du théâtre du Palais-Royal où il joue lui-même sa pièce Le Malade imaginaire, Molière se trouve au coeur d’un tourbillon d’affects à régler en coulisses avec sa troupe de comédiens. Souhaitant dépeindre l’urgence créative et la fine frontière entre l’art et la mort, Olivier Py propose une forme faite de plans-séquences et de flash-backs agités. Mais si les couleurs criardes et la volonté de filmer l’artificialité théâtrale peuvent évoquer le cinéma de Peter Greenaway, cette mise en abyme de l’adieu tragique au génie de Molière manque cruellement d’impact émotionnel. Et malgré l’énergie de Laurent Lafitte dans le rôle principal, l’ensemble tourne trop vite à l’exercice de style figé.

Damien Leblanc

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

CHIEN ET CHAT ★☆☆☆☆

De Rheem Kherici

Sur le papier, il y a bel et bien une idée de cinéma intéressante à la base de Chien et chat : raconter façon cartoon la traque d'un couple félin-canin par des humains délirants (un faux aveugle, une influenceuse et un super-flic) pour retrouver un rubis volé à un musée. Les modèles sont là, indéniablement : Fous d'Irène, La Panthère rose, le cartoon américain... Mais le film ne semble visiblement s'adresser qu'à des enfants très, très jeunes, ou alors très, très indulgents : les gags sont rares et répétitif, Lacheau fait le même numéro de super- Clouseau que dans Nicky Larson ou Trente jours max, les SFX animant le chien et la chatte font plus « work in progress » qu'autre chose... Dommage ! Reste Dubosc, hilarant en cambrioleur qui se fait passer pour un aveugle, qui nous montre que le légendaire créateur de Patrick Chirac est actuellement au top de son game.

Sylvestre Picard

 

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