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Adaptant sa BD éponyme de 1996, Rabaté sort des sentiers battus en choisissant pour héros des vieux et en parlant de leur sexualité. « C’est pas parce qu’on a passé l’âge de la gaudriole épicée qu’il faut faire maigre jusqu’au trou ! », dit l’un d’eux. Tourné à Mazé, commune pleine de douceur angevine qui inspira la BD, le premier film de Rabaté ne trouve jamais vraiment son rythme de croisière, mariant de façon un peu gauche
la réalité provinciale aux rêves érotiques d’Émile. De ce voyage aux images façon chromos, on retient le jeu subtil de Daniel Prévost, à
l’aise dans le registre mélancolico-contemplatif pour incarner un personnage qui redécouvre, le pétard aidant, les plaisirs de la chair dans une communauté aux saveurs du Larzac d’antan. Old is beautiful.
Toutes les critiques de Les petits ruisseaux
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On savoure le ton de Rabaté, entre humour, tendresse et poésie mais sans mièvrerie. Et la trop grande sagesse de sa mise en scène a beau l'enfermer dans une imagerie bucolique convenue, ses débuts sont plus que prometteurs.
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Ce tableau tout en tendresse passe d'un pavillon de banlieue à une communauté hippie et à une salle de bal avec la légèreté d'un souffle. Ce film fleure le bonheur de vivre et d'aimer. En marge du jeunisme en vogue, il fait résonner une bien douce musique en démontrant qu'il n'est jamais trop tard pour s'amuser.
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Daniel Prévost, lui-même bouleversé il y a quelques années par la disparition de son épouse, a jeté par-dessus les moulins ses habits de pitre professionnel. Il n’avait jamais campé un personnage comme celui-ci, ni joué dans un film où les acteurs de sa génération n’hésitent pas à se montrer nus. En célébrant l’amitié, la gentillesse et la simplicité, « les Petits Ruisseaux » font un sort à l’hypocrisie et laisseront leur frais gazouillis dans l’histoire du cinéma français.
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Etriqué, le film ne s'aère pas bien plus lorsqu'il se mue en road-movie sénior, façon Groland revu par Télérama, avec une auto sans permis en guise de Mammuth. Sans grande audace formelle ou thématique, le récit aborde le sujet de la sexualité du 3e âge avec (trop de) pudeur, sans jamais sortir des clous de la bienséance, usant en particulier d'un running gag éculé pour dire le réveil de la libido (Prévost voit les gens nus), agaçant à la longue. Rarement drôle, Les petits ruisseaux ne provoque pas plus des torrents de larmes, malgré une prestation digne de Daniel Prévost, tout en raideur malicieuse, et d'un casting féminin délicat (Bulle Ogier, Hélène Vincent).
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Quand le réalisateur et son personnage quittent l’entre-soi masculin (doublé de l’entre-soi de l’esthétique de la caricature) et se rapprochent de l’Autre (la femme, la séduction à 70 ans), quand ils délaissent le trop connu pour l’inconnu, enfin il se passe quelque chose d’intéressant et de vibrant dans la vie d’Emile et dans le film.
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"Les Petits Ruisseaux" mêle la douceur angevine à la renaissance sentimentale d’Emile, emprunte des chemins de traverse et vante l’absence de préjugés. Pascal Rabaté, dont la mise en scène ne fait jamais les pieds au mur, joue sur le charme et le décalage. Du travail bien fait.
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Hymne à la vie et à ses joies les plus simples, Les petits ruisseaux nous présente un homme décomplexé par son âge, qui s’autorise toutes les folies, assumant son corps et ses faiblesses. Le décalage entre ses enthousiasmes et la réalité de sa condition provoque nombre de situations comiques, habilement menées par un Daniel Prévost très touchant : il parvient à être à la fois ahuri, au bord des larmes et à garder ses distances en permanence. Clown triste, l’acteur livre une performance liant le tragique au comique. Etre confronté à la mort d’un de ses amis rappelle à son personnage qu’il se rapproche lui-même de l’inéluctable. Le premier film de Pascal Rabaté est ainsi une œuvre sur la force et l’appréciation de l’instant présent. Positif et gonflant le moral, cette tranche de vie est un petit bonheur.
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A rebours de l'onirisme et des extravagances formelles d'un Joann Sfar, Rabaté opte pour une mise en scène « ligne claire », modeste et naturaliste. Au risque de paraître quelconque... Le récit, si touchant sur le papier, souffre parfois du passage à l'écran : les scènes au bistrot ressemblent à un mauvais sketch de Groland, le jeu outré de Philippe Nahon transforme le personnage d'Edmond en beauf, et la rencontre avec une communauté de néo-babas (déjà peu convaincante dans l'album) devient risible. Le film garde pourtant un vrai charme buissonnier, au rythme paisible des virées d'Emile dans sa drôle de voiturette électrique. La représentation de la sexualité des seniors ne tombe jamais dans le graveleux ou le ridicule. Et Rabaté réussit de jolies scènes sur la solitude du troisième âge, à l'image du bal où Emile se retrouve l'objet de tous les regards. Et pour cause : il est le seul homme de l'assistance...
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Dans ce premier film, adapté par l'auteur de sa bande dessinée, on ne retrouvera pas la démesure, l'inquiétude fantastique, qui mettaient Mammuth hors de tous les sentiers, battus ou non. Les Petits Ruisseaux, fidèles à leur titre, coulent vers la grande rivière du cinéma populaire. Le cours qu'ils empruntent reste assez plaisant, assez près de la nature (celle des paysages ruraux ou urbains loin de Paris, celle des personnages, aussi) pour charmer ceux que la ligne d'horizon de la retraite fascine.