De Succession à Castle Rock, en passant par Sharp Objects et The Innocents, il y a eu beaucoup de choses à voir cet été sur le petit écran. Vous étiez peut-être en vacances et vous avez peut-être tout loupé. Alors session de rattrapage.
La claque de l'été : Succession (sur HBO)
Elle nous avait fait bonne impression en ouverture du Festival Séries Mania, à Lille, en avril dernier. Succession a tenu toutes ses promesses, au court d'une saison 1 formidable, aussi dramatique que réjouissante, aussi sarcastique que captivante, aussi attachante que glaçante. L'histoire du richissime Logan Roy, magnat du divertissement, et de son héritage impossible, nous a offert le must de la réunion de famille sur le petit écran. Du repas de Thanksgiving au mariage final, en passant par la thérapie de groupe, tout a été glorieusement écrit et on a tellement hâte de retrouver la fratrie Roy l'année prochaine (en France sur OCS).
La décépetion de l'été : Yellowstone (sur Paramount)
Le scénariste acclamé de Sicario et Comancheria, Taylor Sheridan a signé ce western moderne, sur l'intégration de la communauté amérindienne dans l'Amérique moderne. Mais l'histoire de la famille Dutton, propriétaire du plus grand ranch des États-Unis et pure héritière des pionniers du far west, penche malheureusement vers le soap, le feuilleton un peu ringard et racoleur, dopé aux saynètes surjouées et aux drames sur-écrits... De chocs sirupeux en twists capillotractés, Sheridan a même du mal à ne pas sombrer dans la facilité. Voire par moment, dans un certain manichéisme pro-rancher un peu gênant.
La performance de l'été : Amy Adams dans Sharp Objects (sur HBO)
Évoquant la possibilité d'une saison 2, le patron de HBO, Casey Bloys, confiait cet été aux journalistes américains : "Amy ne veut plus vivre dans la peau de ce personnage et je ne peux pas lui en vouloir. C'est beaucoup pour une actrice." En quelques mots, tout est dit. La jeune comédienne - révélée par Disney et Il était une fois - a donné de sa personne pour incarner cette journaliste alcoolique, scarifiée et totalement dépressive, de retour dans son horrible famille, au fin fond du Missouri. Si Sharp Objects (en France sur OCS) a été l'une des grandes séries de l'été 2018, poisseuse et fascinante, c'est grâce à la performance majeure de son actrice principale, qui se dirige tout droit vers un Golden Globe et un Emmy Award.
La révolution de l'été : Pose (sur FX)
Ryan Murphy n'en est pas à son coup d'essai. Après avoir chamboulé le paysage de la télé US avec Nip/Tuck, Glee, American Horror Story, Scream Queens, Feud, et plus récemment 9-1-1, il a co-créé cette année, avec son compère Brad Falchuk, une histoire de danseur rejeté par ses parents et recueilli par une femme transgenre dans le New York de 1987. Pose (en France sur Canal+ Séries) est tout simplement la première série portée par des interprètes transgenres. Des comédiens débutants, pour la plupart, qui n'avaient encore jamais eu leur chance. Et derrière la caméra aussi, Murphy a joué la carte de la diversité. En ce sens, Pose impose donc sa marque dans l'Histoire du petit écran américain, mais ne s'en contente pas. Ce drama humain et culturel est une vraie bonne série, enlevée et divertissante à souhait.
La polémique de l'été : Insatiable (sur Netflix)
Flinguée par la critique américaine, qui l'a jugée offensante, allant même au-delà du simple "Fat Shaming" '(l'humiliation des personnes en surpoids), la nouvelle série adolescente de la plateforme a connu un sévère bad buzz, début août. Une polémique improbable, tant la série doit se regarder au millième degré. Oui, Insatiable est une farce délirante et jusqu'au-boutiste, ce qui la rend évidemment hallucinante. Mais traiter du harcèlement scolaire, de l'obésité chez les jeunes, de l'homosexualité, de la bi-sexualité, de la religion et même de la vision de la femme dans la société moderne, sous le prisme de la comédie burlesque, était un pari forcément osé.
Le flip de l'été : Castle Rock (sur Hulu)
Les fans de Stephen King ont peut-être trouvé l'adaptation qui leur manquait. Et pourtant, à proprement parler, ce n'est pas une adaptation. Castle Rock est une histoire originale, qui pioche ses références dans divers romans du maître de l'horreur, pour construire un conte dark et mystérieux. Une excellente série à tiroirs, qui regorge d'énigmes et de questions plus intrigantes les unes que les autres... et surtout de clins d'oeil à la bibliographie de King. (Bientôt en France sur Canal +).
La bonne surprise de l'été : Luke Cage - saison 2 (sur Netflix)
Ce n'était pas forcément évident, tant les dernières séries Marvel de la plateforme ont déçu. Et pourtant, Luke Cage a fait un retour en force, cet été, bien aidé par Bushmaster et ses amis Jamaïcains qui ont mis Harlem à feu et à sang, grâce à une Misty Knight plus cool et grâce au passage fun de Danny Rand. Cette saison est certainement l'une des plus cohérentes et des plus consistantes de la franchise Netflix. Si en 13 heures, on a parfois eu le temps de s'ennuyer et de se lasser du "show Mariah Dillard", le jeu à trois entre la patronne de Harlem, son rival Jamaïcain et le héros local, fonctionne à plein, n'hésitant pas à basculer dans l'horreur, quand l'histoire le demandait.
La romance de l'été : The Innocents (sur Netflix)
June et Harry sont jeunes, beaux, ils s'aiment, mais leur amour est impossible alors ils vont fuir leur bled écossais pour la capitale londonienne. En chemin, ils vont comprendre pourquoi le père de June faisait tout pour la garder à l'écart du monde : la jeune fille est une "shapeshifter". Elle prend l'apparence des gens qu'elle touche, lorsqu'elle panique, et sans aucun contrôle. Une belle love story sincère, qui utilise intelligemment la science fiction pour parler de l'adolescence et des bouleversements qui l'accompagne. Un drama qui met un peu de temps à décoller, mais qui finit immanquablement par nous attendrir.
La confirmation de l'été : Preacher - saison 3 (sur AMC)
Après une saison 2 réjouissante, qui avait réussi à lancer la série, notre pasteur préféré était de retour cet été, pour une saison 3 toujours aussi folle. Jesse Custer, de retour chez mamie, a connu l'enfer. Entre Dieu et le Diable, ses camarades Tulip, Cassidy et Eugene ont, eux, connu une sévère crise de foi. Preacher (en France sur OCS) se regarde désormais comme un pur délire christique, cool et exaltant. La série a franchi un nouveau palier, et on espère sincèrement la voir continuer.
La résurrection de l'été : Orange is the New Black, saison 6 (Netflix)
On avait un peu enterré la série culte de Netflix après une saison 5 franchement décevante. Mais Piper et ses copines ont retrouvé tout leur charme d'antan, comme par magie, dans de nouvelles cellules. Comme si le changement de décor et de pénitencier avait permis à la série de se régénérer. Une bonne nouvelle, alors qu'OITNB arrive à la fin et que la future saison 7 sera visiblement la dernière.
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