À peine sorti de l'université, il publie trois recueils de nouvelles et de poèmes et écrit avec Andrzej Wajda le scénario des Innocents charmeurs (1959) tout en se consacrant à la boxe en amateur. Wajda le fait alors entrer à la fameuse école de cinéma de ód, où il se lie avec Roman Polanski (avec qui il écrit le scénario du Couteau dans l'eau, réalisé en 1961), et dirige un moyen métrage qu'il interprète : Boxer (id.) et plusieurs courts métrages. Il s'impose internationalement avec son premier long métrage : Signe particulier : néant (Rysopis, 1964), dont il est aussi scénariste, décorateur, monteur et principal interprète, et avec la suite qu'il lui donne l'année suivante : Walkover (1965), dans laquelle il incarne un étudiant, boxeur amateur, qui erre dans la vie à la recherche d'un but et ne rencontre que vide autour de lui. Après la Barrière (Bariera, 1966) et le Départ (BEL, 1967), il entreprend une virulente satire : Haut les mains ! (Rece do gory), qui, interdite par les autorités, ne sera achevée et distribuée que près de quinze ans plus tard, et pour seulement quelques mois. À partir de 1968, il se partage entre la Grande-Bretagne et la Pologne et commence la plus cosmopolite des carrières : Dialog 20-40-60 (un sketch, TCH, 1968), les Aventures du brigadier Gérard (The Adventures of Gerard, GB-IT-SUI, 1970) d'après Conan Doyle, Deep End (id., ALL-US, id.), Roi, dame, valet (Herzbube / King, Queen, Knave, ALL-US, 1972), le Cri du sorcier (The Shout, GB, 1978), Travail au noir (Moonlighting, GB, 1982). Au décousu délibéré des premiers films succède, dans cette seconde phase de sa carrière, une rigueur de plus en plus exigeante qui parvient à préserver, dans les meilleurs cas (Deep End, Travail au noir), l'illusion de l'improvisation tout en en élaguant les facilités.Errance ou désarroi de l'adolescence, plongée dans la folie, incapacité de communiquer, expatriation : le dénominateur commun des films majeurs de Skolimowski est bien l'isolement qui fait de l'homme, où qu'il soit, un étranger au monde. Mais si le réalisateur propose à sa manière métaphorique une vision à la fois fataliste et tragique de la société contemporaine, il le fait sur un ton très personnel, oscillant entre un pathétique et un comique toujours décalés, qui dément narquoisement l'ambition de ses intentions : commentaire évident de la situation polonaise contemporaine, Travail au noir est aussi un tableau incisivement drôle de la société anglaise en même temps qu'un autoportrait sans complaisance de Skolimowski lui-même, autoportrait qu'il tente de peaufiner, mais avec moins d'efficacité, dans le Succès à tout prix (Success Is the Best Revenge, 1984). En 1985, le cinéaste tourne un brillant huis clos maritime qui est aussi un suspense policier, proche des uvres de John Huston : le Bateau-phare (The Lightship) avec Robert Duvall et Klaus-Maria Brandauer, avant de s'égarer du côté de Tourgueniev dans Eaux printanières (Torrents of Spring, 1989) où la joliesse des images ne parvient guère à rendre séduisante une mise en scène appliquée et conformiste. En 1991 il signe Ferdydurke. L'emploi restreint du dialogue, l'utilisation mesurée de la caméra subjective et un travail constant sur les correspondances chromatiques caractérisent formellement une uvre singulière et forte, toujours sur le point de basculer dans l'absurde surréel, profondément polonaise dans son apparent manque d'identité culturelle, qui pose sur le monde le regard de l'éternel étranger.
Nom de naissance | Jerzy Skolimowski |
---|---|
Naissance |
(86 ans) Lódz, Lódzkie, Poland |
Genre | Homme |
Profession(s) | Réalisateur/Metteur en Scène, Scénariste, Interprète |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
---|---|---|---|---|
2023 | The Palace | Scénariste | - | |
2022 | Eo | Réalisateur, Scénariste | - | |
2018 | Une histoire sans nom | Acteur | Jerzy Kunze | |
2015 | 11 Minutes | Réalisateur, Scénariste | - | |
2010 | Essential Killing | Réalisateur, Scénariste | - |
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