Affiches Films à l'affiche mercredi 3 mai 2023
The Walt Disney Company France/ Diaphana/ KMBO

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LES GARDIENS DE LA GALAXIE : VOLUME 3 ★★★☆☆

De James Gunn

L’essentiel

Suite et fin des aventures des pirates de l’espace. Emotion, musique et bastons intergalactiques. Le meilleur Marvel récent ? Oui et de loin !

Rocket Racoon est blessé. Les gardiens vont devoir tout faire pour le sauver mais pour cela, il faut d’abord comprendre d’où il vient, et mettre un terme aux agissements d’un méchant eugéniste.  Qui aurait cru qu’on pourrait se mettre à pleurer devant les aventures d’un raton-laveur paumé dans l’espace ? Comment James Gunn réussit-il précisément là où ses copains de promo échouent tous ? Parce qu’au fond, ce Volume 3 n’est pas différent d’Ant-man 3. Mais si dans Ant-man l’orgie visuelle finissait par trahir quelque chose de maladif et de mortifère, Gunn lui rend son trip toujours joyeux, amusant et créatif, avec l’aide d’un casting impeccable est suffisamment investi pour qu’on y croit. Gunn clôt sa trilogie comme il l’avait commencé : en glissant dans les interstices du scénario convenu et des scènes de baston conventionnelles, de l’humour, de l’émotion et de la pop vintage qui donne un souffle pirate à son film.

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

SHOWING UP ★★★★☆

De Kelly Reichardt

Lizzy vit seule, fait de l’administratif dans une école d’art de la périphérie de Portland, sculpte dans son temps libre d’étranges figures féminines mi-dansantes, mi-endolories, et prépare une exposition imminente dans une galerie locale. De ce personnage en apparence toujours d’humeur massacrante dans un univers pourtant doux, Kelly Reichardt tire un film insituable, à la fois satire douceâtre d’une certaine Amérique baba-privilégiée, chronique dépressive intime, conte absurde voire macabre. Showing Up est d’une grande justesse sur l’espèce de nonchalance irrespirable de cet Hipsteristan, mais aussi d’une vraie drôlerie qui en fait peut-être la première comédie de KR – et surtout son premier “film sur rien”, ou sur des choses aussi ineffables que la contrariété, la quotidienneté, l’inconfort physique et mental, et l’art à l’épreuve de tout cela.

Théo Ribeton

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DISCO BOY ★★★★☆

De Giacomo Abbruzzese

Dans son premier long, Giacomo Abbruzzese met en scène Aleksei (Franz Rogowski) quitte la Biélorussie pour Paris et s’engage dans la Légion étrangère pour laquelle il ira combattre dans le delta du Niger, où il croisera la route de Jomo révolutionnaire en lutte contre les compagnies pétrolières qui détruisent la région. Les âmes et destins de ces deux personnages vont alors fusionner de manière étrange et Aleksei reviendra en France habité par l’esprit de Jomo, qui rêvait de devenir danseur. Pour raconter l’histoire de cette métamorphose et de ce rapprochement inattendu entre des guerriers au départ ennemis, le cinéaste – accompagné à la BO par l’entêtante musique signée Vitalic, maître français de l’électro - déploie une mise en scène impressionnante de fluidité qui agit comme une chorégraphie continue où les paysages, les sensations et les désirs se fondent et s’enchaînent avec une harmonie ensorcelante.

Damien Leblanc

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PREMIÈRE A AIME

LES ÂMES PERDUES ★★★☆☆

De Stéphane Malterre et Garance Le Caisne

Ce n’est un secret pour personne : depuis 10 ans, le régime au pouvoir de Bachar-Al Assad provoque la terreur en Syrie, à coups d’enlèvements et de tortures envers toutes celles et ceux qui s’attaquent à sa politique. Plutôt que de revenir directement sur l’histoire du pays, Stéphane Malterre et Garance Le Caisne plongent directement dans les abymes de cette machinerie sournoise à travers le profil d’un dénommé César, photographe de l’armée qui répertorie les clichés de cadavres sur un disque-dur. Tourné et monté comme un film-enquête, Les Âmes perdues insuffle une terreur malsaine qui parvient à réveiller les consciences face aux immondices montrées à l’écran, qu’elles passent par les témoignages des proches des disparus comme par les images concrètes des photos vues sur ordinateur. Un regard passionnant et singulier sur un dossier hélas plus actuel que jamais.

Yohan Haddad

LA GRAVITE ★★★☆☆

De Cédric Ido

L’Apocalypse semble pour demain dans la cité où se déroule l’action du deuxième long de Cédric Ido (La Vie de château). Sur la terre où trois potes d’enfance (deux frères - l’un athlète de haut niveau, l’autre en fauteuil roulant - et le troisième acolyte sortant de prison) vont devoir affronter le gang d’ados qui a pris le contrôle du deal dans le quartier et entend sauvegarder son business. Et dans les cieux embrasés par un alignement inédit des 8 planètes du système solaire, provoquant des troubles de la gravité. Ido avance ici un pied dans le réel, un pied dans l’imaginaire et c’est cette part de science- fiction, à l’œuvre récemment dans le magistral Gagarine (dont la BO était signée comme ici par les frères Galperine) qui donne relief et originalité à son propos tout en masquant ses maladresses. Un geste imparfait certes mais peuplé de scènes qui impriment durablement nos rétines.

Thierry Cheze

NOS CEREMONIES ★★★☆☆

De Simon Rieth

Avec cet envoûtant premier long métrage, le prometteur Simon Rieth n’a pas eu peur de mêler le cinéma fantastique le plus assumé à la sensualité physique la plus débridée. Situé sous le soleil de Royan, le film démarre par une séquence où deux jeunes frères jouent avec leur vie au bord d’une falaise jusqu’à ce qu’un accident arrive. Dix ans plus tard, les deux garçons, désormais unis par un pacte secret, reviennent sur les lieux et renouent avec une jeune femme qui était leur amour d’enfance. Malgré des dialogues parfois très fades, cette histoire de communion spirituelle entre frères (joués par Raymond et Simon Baur, vrais frangins à la ville) bénéficie de l’éblouissante photographie de Marine Atlan et frappe par sa manière de rapprocher grâce et cruauté et de marier lueur d’espoir et flamme tragique.

Damien Leblanc

TEMPS MORT ★★★☆☆

De Eve Duchemin

Un premier film. Trois histoires. Trois parcours de détenus - l’un arrivant au terme d’une longue peine, l’autre sous camisole chimique pour réfréner ses pulsions autodestructrices, le dernier ayant perdu l’insouciance de son adolescence derrière les barreaux - qui ont l’opportunité de renouer avec leur famille ou leurs amis le temps d’un week- end de permission. Au plus près de ses personnages dans une mise en scène au cordeau et un scénario dépouillé de tout artifice, Eve Duchemin raconte aussi bien la difficulté pour ces hommes de se reconstruire hors des murs que les sentiments contradictoires traversant leur proches, cette honte et ce ressentiment qui viennent percuter ces retrouvailles. Trois histoires intenses - dont chacune aurait pu mériter un film à elle seule - portés par trois interprètes impressionnants, en tête desquels Karim Leklou qui poursuit son début 2023 de feu.

Thierry Cheze

RÊVE ★★★☆☆

De Omar Belkacemi

Koukou, un jeune de 20 ans, vit dans un village en haute montagne de Kabylie avec ses parents et sa sœur Jura. Au village, Koukou est traité de fou à cause de son look et son comportement différents aux yeux du comité des sages du village et de son père. Pendant un des rassemblements hebdomadaires du village, le comité des sages décide d’interner Koukou, avec la complicité de son père, dans un asile psychiatrique. Son frère Mahmoud, enseignant de philosophie dans un lycée à Bejaia, apprend la nouvelle. Il est révolté par la décision du comité. Pendant son séjour au village, Mahmoud mène un combat quotidien pour convaincre son père et les sages du village de l’innocence de son frère.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

UN AN, UNE NUIT ★★☆☆☆

De Isaki Lacuesta

Certes, le calendrier des sorties ne joue pas en faveur de ce film espagnol, adapté des mémoires d’un survivant du Bataclan. Mais l’ombre d’Amanda et de Revoir Paris écrase ce récit autour d’un couple de rescapés de cette funeste nuit de novembre 2015 tentant de se reconstruire chacun à sa manière, lui en extériorisant, elle dans le déni. Car contrairement à Mikhaël Hers et Alice Winocour, Isaki Lacuesta évoque, lui, directement le Bataclan, et peuple son récit de flashbacks peu adroits de la fusillade. Et en dépit de la qualité du duo Nahuel Perez Biscayart- Noémie Merlant, son film trop long se perd peu à peu dans une psychologisation qu’il avait su esquiver de prime abord. Et se révèle meilleur dans le ressenti et l’expression des souvenirs - sans qu’on sache s’ils sont réels et fantasmés - que dans l’explication de texte peuplée d’échanges verbeux trop terre à terre.

Thierry Cheze

TRENQUE LAUQUEN- PARTIES 1 ET 2 ★★☆☆☆

De Laura Citarella

Laura Citarella appartient au collectif Pampero Cine, artistes désireux de bouger les lignes du cinéma argentin, qui a notamment permis la production du monumental La Flor de Mariano Llinás en 2019. Son quatrième long-métrage – le premier à sortir en France - est un diptyque autour d’une disparition, celle, à priori volontaire, de Laura, jeune femme férue de botanique. Deux de ses amants sillonnent les boulevards monotones de la ville de Trenque Lauquen pour comprendre son geste. Divisé en douze chapitres, le récit assume de tourner en rond et tente d’envelopper ce relatif sur-place de mystères. Et si cet effacement était, par exemple, lié à la découverte d’une correspondance secrète entre les pages des livres d’une bibliothèque ? A défaut de nous perdre, cette épopée intime finit par évaporer notre attention dans la nature. Intriguant, certes, mais pas trop.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LA MARGINALE ★☆☆☆☆

De Franck Cimière

Depuis Capitaine Marleau, Corinne Masiero peine à se libérer de l’emploi qu’elle s’y est construite, une zone de confort dans lequel elle évolue de nouveau dans ce road movie où elle campe une SDF partant avec un balayeur de l’aéroport d’Orly atteint d’un handicap mental rejoindre son fils à Lisbonne. Ce scénario poussif dégoulinant de bons sentiments s’appuie sur son seul abattage pour créer un peu de relief. Mais en pilote automatique, la comédienne s’auto- caricature et semble s’ennuyer autant que nous. C’est dire !

Thierry Cheze

 

Et aussi

Le Panthéon de la joie, de Jean Odoutan

Pour l’honneur, de Philippe Guillard