Le Dernier des Mohicans : Daniel Day-Lewis a la flamme [critique]
A.M.L.F.

Arte consacre son dimanche soir à l'acteur britannico-irlandais.

En 1757 dans l’état de New York, alors que la guerre fait rage entre Français et Anglais pour l’appropriation des territoires indiens, un jeune officier anglais, Duncan Heyward, est chargé de conduire deux soeurs, Cora et Alice Munro, jusqu’à leur père. Ils sont sauvés d’une embuscade par Hawkeye, un frontalier d’origine européenne, élevé par le Mohican Chingachgook et son fils Uncas. Les trois hommes acceptent d’escorter les deux jeunes filles jusqu’à leur destination.

Le Dernier des Mohicans de Michael Mann reviendra ce soir à la télévision, suivi d'un documentaire intéressant sur son acteur principal intitulé Daniel Day Lewis : l'héritier.

Nicolas Maupied et Jeanne Burel, qui l'ont conçu en 2020, y reviennent, à l'aide de nombreuses archives, sur la drôle de carrière du comédien célèbre pour se fondre complètement dans ses personnages. Grâce à ses choix audacieux, l'acteur a brillé d'emblée au cinéma, et est aujourd'hui le seul comédien à avoir reçu trois Oscars du meilleur acteur au cours de sa carrière (pour My Left Foot, There Will Be Blood et Lincoln). Pourtant, celle-ci a aussi été entrecoupée de longues pauses pour se ressourcer entre deux incarnations mémorables. Le docu insiste aussi sur ses rapports compliqués avec son père, le poète Cecil Day-Lewis, qui l'a poussé vers plusieurs oeuvres évoquant le sujet des relations père-fils, notamment Au nom du père, de Jim Sherridan, sorti en 1993.

Le Dernier des Mohicans est à voir sur Première Max

Quant au Dernier des Mohicans, c'est l'un des grands classiques du cinéma américain. Fait rare, il est d'abord sorti en France (le 26 août 1992) avant d'être proposé au public de son pays d'origine, le 25 septembre de la même année. Première avait adoré cette fresque historique, publiant une longue critique coup de coeur dans le numéro de septembre de l'époque (n°186) avant de proposer un article sur le traitement des "native americans" à Hollywood intitulé "Les Indiens sur le sentier de la gloire". Car à la même période sont sortis aussi Danse avec les loups ou 1492, Christophe Colomb.

En adaptant ce roman, Michael Mann s'attaquait à un monument de la littérature populaire américaine : Le Dernier des Mohicans, écrit en 1826 par James Fenimore Cooper, avait déjà été maintes fois adapté aussi bien sur le grand que le petit écran avant lui. Sous sa direction, Le Dernier des Mohicans a connu l'une de ses relectures les plus célèbres, inspirée par la version qu'en avait donné le réalisateur George B. Seitz dans les années 1930. Porté entre autres par le couple formé par Daniel Day-Lewis et Madeleine Stowe mais aussi par sa bande-son inoubliable composée par Trevor Jones et Randy Edelman (qui remplaça ce dernier, épuisé par les innombrables changements qui durent être apportés à la musique tout au long de la production), le film reçut un accueil critique très chaleureux et s'avéra être à sa sortie un succès public qui attira 1,3 millions de spectateurs en France.

Voici un extrait de la critique de François Forestier, publiée à l'époque :

"Un scénario très serré, extraordinairement nourri de documentation. Des images d'une beauté invraisemblable, où les 'manteaux rouges' anglais font la guerre en rang serré, face aux sbires de Montcalm. Des astuces de mise en scène (mouvements de caméra, travellings dans la forêt...) qui dynamisent le récit... Michael Mann sait que, pour faire passer des idées (l'injustice des colons blancs envers les Indiens), il faut une histoire fortement structurée (ce que le roman n'est pas) et des personnages bien définis. Ce faisant, il donne à Oeil de Faucon une profondeur insoupçonnée : ce dernier évoque, en passant, son enfance et son goût de la liberté. Daniel Day-Lewis, qui campe le héros, est tout simplement extraordinaire : il a la flamme. (...)

Le Dernier des Mohicans vient dans la foulée de Danse avec les loups, auquel il ne manquera pas d'être comparé. Ce sont pourtant deux films très différents. Là où Kevin Costner prenait son temps, Mann galope. Là où Danse... avait une (petite) faiblesse (sur le personnage féminin, visiblement trop américain), l'autre est affûté comme un rasoir (pas un ruban, pas une coiffure anachronique chez Madeleine Stowe). Costner était plus élégiaque, Mann est plus cadencé. Mais les réalisateurs disent, enfin, la même chose : le temps des Peaux-Rouges fourbes et cruels est terminé. John Wayne est mort."


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