Le film de Martin Scorsese a coûté 200 millions de dollars, soit le budget d’un blockbuster de super-héros.
Avec 120 millions de recettes dans le monde en trois semaines, Killers of the Flower Moon a clairement rencontré son public. Y compris en France où le film de Martin Scorsese a déjà franchi la barre du million de spectateurs, malgré sa durée de 3h26 qui limite le nombre de séances par jour. Mais est-ce suffisant pour en faire un succès industriel ?
Avec son tournage XXL étalé sur six mois, ses décors, ses costumes d’époque, ses figurants et le salaire mirobolant de Leonardo DiCaprio (30 millions de dollars), Killers of the Flower Moon a coûté la bagatelle de 200 millions de dollars à produire. Soit le budget d’un gros blockbuster. Seules des énormes machines comme Fast X, Mission : Impossible 7, Indiana Jones 5 ou The Marvels ont coûté plus cher cette année.
Pour rentabiliser un film de cette ampleur, il faut qu’il rapporte au moins 500 millions de dollars au box-office. Chiffre que Killers... n’atteindra jamais. On devrait donc considérer la fresque épique de Scorsese comme un flop ? C’est plus compliqué que ça…
Killers of the Flower Moon devait au départ être produit par Paramount Pictures. Sauf que le studio a commencé à prendre peur face au budget du film, qui a pris des proportions pharaoniques au cours de sa pré-production. Scorsese s’est alors rapproché des plateformes de streaming, et c’est Apple qui est venu mettre la main au pot et sauver le projet. Tout en laissant Paramount l’exploiter exclusivement en salles, avant de le proposer sur Apple TV+, avec un deal qui lui permet de gagner de l’argent quelques soient les performances du film.
L’arrivée d’un géant du streaming dans l’équation change complètement la donne. Et rend très opaque l’analyse de son succès ou de son échec commercial. Après son exploitation en salles, Killers... va générer de nouvelles recettes en VOD (ce qui n’aurait pas été le cas s’il était sorti directement en SVOD), et atterrir sur le catalogue d’Apple TV+. Avec des effets qui seront très dur à mesurer.
"On ne saura jamais comment Apple et les steamers répartissent vraiment leurs coûts de production et comment ils associent les revenus liés aux abonnements à la production", explique David A. Gross, un consultant spécialisé dans l’industrie du cinéma, dans les colonnes de Variety. "On ne sait pas s’ils ont un pic de nouveaux abonnés ou s’ils enregistrent d’autres profits."
Comme annoncé en mars dernier, Apple compte désormais investir un milliard de dollars dans des films qui sortent exclusivement au cinéma. Et il est difficile de juger leur stratégie en la comparant à celle des studios traditionnels. S’offrir le nouveau Scorsese, qui a été présenté en grande pompe au Festival de Cannes, ou le Napoléon de Ridley Scott (qui a également coûté 200 millions de dollars), c’est aussi une question de prestige pour Apple. Et il faudra attendre encore quelques mois, avec la saison des Oscars, pour savoir si ce pari a été payant.
Avec ses 166 milliards de dollars de cash, Apple a de quoi voir venir, et un autre film à 200 millions de dollars est déjà dans les tuyaux du studio : Argylle, de Matthew Vaughn, qui sera lui distribué au cinéma par Universal en 2024.
"Apple qui fait un film à 200 millions de dollars, c’est comme si vous achetiez un café et le renversiez", conclut un autre expert interrogé par Variety. "Mais c’est pas bon pour l’image de leur marque si ces films se plantent au box-office".
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