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On nous avait promis un lâcher de brebis sur les marches pour la promo de Tous au Larzac, un docu engagé présenté en séance spéciale. Arthur Hallereau d’Ad Vitam, qui distribuera le film, nous révèle comment le troupeau a été privé de festival.Par Mathieu CarratierUne question brûle les lèvres de tout le monde à Cannes cette année : on nous avait promis des brebis sur les marches. Elles sont où ?Arthur Hallereau : Elles sont restées dans leur pré, malheureusement. Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé, on a vraiment beaucoup bossé pour ça. Comme des acharnés. L’idée venait du festival, en plus. Ca demandait beaucoup d’organisation, et il fallait du temps. Les brebis restent des animaux très sauvages, compliqués à gérer et, du coup, le berger devait faire vivre les brebis entre elles pendant une quinzaine de jours avant. Il avait sélectionné les plus sages et les plus sympathiques du troupeau, qu’il avait donc rassemblées pour qu’elles se rassurent et puissent ensuite être gérables sur la croisette. Ca fait quinze jours que les brebis rêvent d’être à Cannes et sont bichonnées dans leur pré…A quoi aurait ressemblé le dispositif ?On avait douze brebis, deux bergers et deux chiens pour les encadrer. Ils devaient partir du Grand Hotel et aller jusqu’aux marches avec le cortège de Tous au Larzac.Le tout sous la supervision d’une équipe de sécurité ?Oui, mais on aurait pu faire sans. On a hésité.Il y avait quand même un risque que la foule les fasse paniquer, non ?C’est ce qui a fait peur au festival, au final. Il y avait un risque de dispersion, mais c’est ce qui aurait été marrant, en même temps. Et les brebis n’auraient fait de mal à personne… Au pire, le berger aurait couru partout. C’est dommage. Elles en rêvaient, des marches. Ca a été dur pour elles. Grosse déception. Si Thierry Frémaux croise un jour une brebis dans un champ, il a du souci à se faire (rires).Est-ce que c’est un coup dur pour le film ?Non… Enfin, si : quand tu fais un documentaire sur le Larzac, présenté en séance spéciale, c’est compliqué. C’est le genre d’opération qui va mettre le film en avant et nous assurer un peu de présence dans les médias. Et les brebis ont un côté très symbolique par rapport au film ; c’était la première arme que les paysans utilisaient pour lutter contre l’Etat dans l’affaire du Larzac quand le gouvernement a décidé d’étendre le camp militaire de 3000 à 14 000 hectares et a préempté les terres des paysans. Qui s’étaient lancés dans un combat non violent avec leurs brebis comme armes. Ils les avaient lâchées sur le Champ de Mars, avaient utilisé leurs troupeaux pour squatter des sous préfectures… C’était génial de leur rendre hommage à Cannes en y amenant les brebis.Et si les brebis étaient venues, vous auriez fait une fête avec elles ?Bien sûr. On aurait fait un méchoui (rires).