Toutes les critiques de Le Secret De Kelly-Anne

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Deux films en un dans ce titre signé par le réalisateur de Full Monty : l'un réussi, description intense du monde de mineurs en recherche de pierres précieuses ; l'autre, niais à force de couplets sur l'imaginaire et la nécessité de croire en ses rêves. Reste un conte pour enfants, certainement joli aux yeux des petits mais agaçant pour les grands.
    Le secret de Kelly-Anne est un conte gentillet qui s'inscrit dans la lignée du Petit Prince de Saint-Exupéry. Adapté d'un roman de Ben Rice, il raconte l'histoire d'une fillette qui a perdu ses deux compagnons de jeu imaginaires, baptisés Pobby et Dingan. Sa famille s'est installée depuis peu dans une bourgade minière dont la recherche d'opale est la principale activité. Cet univers étrange et fascinant, situé au milieu de nulle part, est un monde d'hommes buvant des bières, tendus et nerveux à l'écoute d'une improbable rumeur de filon. Les femmes n'y sont qu'un complément subalterne. Elles sont la partie raisonnable de la famille, occupent des petits boulots mais sont soumises à la passion dévorante de leurs maris.Cette caractérisation, géographique et humaine, du milieu minier est très bien menée et nous plonge dans les profondeurs d'une folie cachée qui s'apparente à celle du jeu. On y voit l'homme continuer à creuser comme le joueur ne peut s'arrêter de croire à sa chance. Chaque jour, investi d'une croyance immuable en sa bonne étoile, il retourne à la mine avec l'espoir de décrocher le Jackpot. Mais en portant aussi l'incompréhension d'un entourage qui voudrait bien un peu de répit, constate les dégâts financiers, mais ne peut lutter contre cette lumière qui brûle et dévore son âme de futur gagnant.Etrange film qui s'appuie donc sur la description réussie d'un environnement dur, brutal, voire primaire mais... s'adresse d'abord aux enfants. Son héros, au fil du récit, se révèle d'ailleurs être Ashmol. C'est un garçon dégourdi, qui sillonne la ville sur son vélo et partage la passion de son père pour les opales. Sa soeur, Kelly-Anne, l'agace. Renfermée, elle perturbe la cellule familiale avec sa drôle d'imagination. Mais, comme c'est un gentil grand frère, il va l'aider avec beaucoup de talent...Là encore, le monde enfantin est restitué avec une vraie grâce et l'on devine notamment que des ponts existent entre les fantasmes d'un père chercheur de pierres et les chimères de sa petite fille.On retrouve donc certaines caractéristiques qui firent la réussite de Full Monty, le premier film de Peter Cattaneo. En particulier la capacité de nous amadouer en rendant attachant un milieu que le film pénètre au plus juste, observe à la bonne distance, sans compassion excessive mais sans jugement non plus. Sur cette base, il essaye à nouveau de nous emmener vers un final aussi improbable que positif. Mais cette fois, ça ne marche pas. Car, dans sa dernière partie, tous les atouts du film sont réduits à néant. Pourtant court, il étire les derniers moments de façon insupportable. Alors que les enjeux ont tous été dévoilés, que la morale gentillette aurait pu être accepté sans mal puisqu'il s'adresse à un public jeune et à la puissance de leur imaginaire, on craque devant tant de guimauve dégoulinante. Dans ce milieu brut, l'humanité dévoilée des habitants n'est guère crédible. Est-ce la raison qui convoque cette affligeante surdose musicale soulignant avec prétention une émotion qui aurait gagnée à rester contenue ?La force du Petit Prince réside dans sa simplicité apparente et un sens certain de l'épure. En creusant le même sillage thématique, mais en oubliant cet aspect fondamental, Cattaneo livre un oeuvre bancale qui laisse un goût désagréable. Il y a donc deux films dans son nouvel opus. L'un beau et réussi, c'est sa partie adulte, la première, qui nous met l'eau à la bouche. L'autre, avec son couplet sur la force de l'imaginaire et la nécessité de croire en ses rêves, subit de plein fouet les conséquences d'un traitement formel proche du ridicule. Le message en est amoindri. Reste un joli conte pour enfants, agaçants pour les grands, surtout dans son final, franchement niais.Le Secret de Kelly-Anne
    Un film de Peter Cattaneo
    Avec : Vince Colosimo, Sapphire Boyce, Christian Byers, Jacqueline McKenzie, Peter Callan.
    Australie/Grande Bretagne, 2005 - 86 minutes
    Sortie en salles (France) : 12 juin 2006[Illustrations : © Haut et Court]
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