films jeunesse engagée
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A l’occasion de la sortie du piquant Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis dont la jeune héroïne cherche de nouveaux moyens de changer le monde, retour sur 5 films où des garçons et des filles de sa génération s’y sont employés. A leurs risques et périls.

Prima della rivoluzione de Bernardo Bertolucci (1964)

Le regretté Bernardo Bertolucci n’a que 23 ans quand il entreprend la réalisation de son deuxième long métrage. Son héros, inspiré par le Fabrice del Dongo de La chartreuse de Parme de Stendhal, est un jeune militant du PC Italie tiraillé, en 1962, entre sa vie bourgeoise et son appétence pour les idées marxistes. Comme son compatriote Marco Bellochio avec Les poings dans les poches un an plus tard, Bertolucci se fait l’annonciateur des mouvements sociaux et révolutionnaires à venir de mai 68… qu’il traitera plus frontalement un demi- siècle plus tard avec Innocents- The dreamers et le trio Louis Garrel- Eva Green- Michael Pitt.

Le nom des gens de Michel Leclerc (2010)

Comment faire quand on est une jeune femme de gauche pour rallier à sa cause des hommes de droite ? La jeune Bahia Benmahmoud, engagée corps et âme pour ses idées, a trouvé l’arme de séduction massive : coucher avec eux ! La stratégie de celle qui se définit comme une « pute politique » donne le ton bien secoué de cette réjouissante comédie où l’ex Premier Ministre (et candidat malheureux à la Présidentielle de 2002) Lionel Jospin joue son propre rôle face à Sara Forestier qui remportera le César de la meilleure actrice, cinq ans après celui du meilleur espoir féminin pour L’esquive.

El Estudiante de Santiago Mitre (2011)

Pour son premier long métrage, le futur réalisateur de Paulina et El Presidente met en scène dans un Buenos Aires intemporel un jeune étudiant monté de sa Province pour conquérir la capitale. Logiquement, celui- ci va donc s’engager en politique. Mais pas par convictions, juste pour séduire la jeune enseignant qu’il convoite… et qui va lui présenter son amant, un prof visant la Présidence de l’Université. Mitre raconte l’apprentissage par ce Rastignac argentin des stratégies plus et (surtout) moins licites pour conquérir le pouvoir. Un engagement qui fait rimer cynisme et efficacité.

Les lendemains de Bénédicte Pagnot (2013)

C’est une jeune femme au destin a priori tout tracé. Bac en poche, elle rentre en fac à Rennes. Mais voilà que soudain tout bascule. En quittant son cocon familial, sa meilleure amie et son petit copain, elle découvre dans sa nouvelle vie un nouvel univers : celui du militantisme politique à travers un groupe de squatters lui proposant une nouvelle manière de voir le monde. Passé injustement inaperçu, ce premier long métrage – Prix du Public au festival Premiers Plans d’Angers - a pourtant révélé une comédienne majeure (Pauline Parigot) et… s’est révélé précurseur, annonçant à sa manière les mouvements Zadistes et Nuit Debout qui allaient défrayer la chronique quelques années plus tard.

Une vie violente de Thierry de Peretti (2017)

Natif d’Ajaccio, Thierry De Peretti a choisi, pour son deuxième long métrage d’adapter librement le destin tragique de Nicolas Montigny, jeune militant nationaliste corse assassiné de 11 balles de pistolet automatique en 2001 à Bastia. Trois ans après que le FLNC ait décidé d’abandonner la lutte armée, le cinéaste interroge brillamment les fins et les moyens du combat politique à travers les actes d’une jeunesse engagée… et héritière de revendications remontant à deux décennies. Le tout avec une capacité à montrer aussi bien les causes et les conséquences de ces actes, sans se placer en avocat, en procureur ou en juge.

Tout ce qu'il me reste de la révolution de Judith Davis, en salles le 6 février 2019. Bande-annonce :