LA VEUVE COUDERC (1971)
C.F.D.C.

Retour les deux films réunissant les deux comédiens en tête d’affiche : La Veuve Couderc- diffusé ce soir sur Arte – et Les Granges brûlées

La Veuve Couderc de Pierre Granier- Deferre (1971)

Ils avaient déjà partagé l’affiche d’Amours célèbres de Michel Boisrond en 1961 et de Paris brûle t’il ? de René Clément en 1966 mais cette adaptation du roman éponyme de Georges Simenon marque la première vraie rencontre sur grand écran de Simone Signoret et Alain Delon. Signoret vient tout juste de tourner une autre adaptation de Simenon pour Granier- Deferre : Le Chat face à Jean Gabin. Et c’est d’ailleurs son interprétation dans ce film qui a d’ailleurs donné envie au réalisateur de rempiler sans attendre avec elle pour une nouvelle aventure. Delon, lui, vient d’enchaîner coup sur coup Le Cercle rouge de Jean- Pierre Melville et Borsalino de Jacques Deray. A l’écran, ils incarnent la propriétaire d’une ferme et un ancien bagnard qui s’y fait engager en sortant de ses cinq années d’incarcération. Leur relation purement sexuelle va basculer chez elle en jalousie dangereuse quand le jeune employé tombe sous le charme de leur séduisante voisine… C’est l’une des dernières fois que Delon jouera au cinéma le jeune séducteur troublant de sensualité. A 35 ans, il juge forcément inéluctable de passer à d’autres emplois. Cette adaptation signée Pascal Jardin, accompagnée par la musique de Philippe Sarde, rencontrera un formidable succès public avec plus de 2 millions d’entrées. De quoi inciter son producteur Raymond Danon à réassocier très vite à l’écran le duo Signoret- Delon


Les Granges brûlées de Jean Chapot (1973)

Deux ans après La Veuve Couderc, le producteur Raymond Danon réunit donc pour la deuxième et dernière fois en têtes d’affiche Simone Signoret et Alain Delon. Chez Granier- Deferre, ils s’aimaient et se déchiraient. Là, ils se font face et s’opposent. Delon incarne un juge d’instruction qui enquête sur un crime commis dans un coin isolé du Haut- Doubs et soupçonne un des membres d’une famille dont la chef – Signoret donc – va se dresser contre lui. Cette histoire est fortement inspirée d’un fait bien divers célèbre, l’affaire Dominici : le meurtre de trois Anglais dans la campagne française en 52 resté non élucidé même si un gars du coin, Gaston Dominici, a été arrêté et incarcéré avant d’être gracié par le Président de la République René Coty puis libéré. Cette affaire venait d’ailleurs d’être porté à l’écran dans L’Affaire Dominici quelques mois avant la sortie des Granges brûlées. Avec dans le rôle du patriarche, Jean Gabin. Le scénario des Granges brûlées a donc imaginé une femme dans ce personnage fort et l’autorité naturelle de Simone Signoret y fait merveille. Aux commandes, on retrouve Jean Chapot, lauréat un an plus tôt du Grand Prix du court métrage du festival de Cannes avec Le Fusil à lunette. Il retrouve pour l’occasion Simone Signoret qu’il avait côtoyée 20 ans plus tôt sur Les Sorcières de Salem de Raymond Rouleau dont il fut l’assistant. Ce sera le dernier de ses trois longs métrages pour le cinéma mais l’un des premiers rôles marquants d’une petite débutante, Miou- Miou, un an avant que sa carrière ne décolle avec Les Valseuses. Alain Delon enchaîne, lui, en cette année 73 où il se retrouve coup sur coup à l’affiche de quatre films en plus des Granges brûlées : Les Grands fusils de Duccio Tessari, Scorpio de Michael Winner, Traitement de choc d’Alain Jessua et Deux hommes dans la ville de José Giovanni face à Jean Gabin, dont la fille Florence Moncorgé tient le petit rôle de son épouse dans Les Granges brûlées. Un film dont la BO est signée par un jeune compositeur de 25 ans alors au balbutiement de sa carrière. Jean- Michel Jarre. Trois ans plus tard, il connaîtra un triomphe planétaire avec son album Equinoxe. Et il n’a retravaillé à ce jour que trois fois pour le grand écran.