Moi Daniel Blake
Le Pacte

Ce drame sera diffusé ce week-end à la télévision. En 2016, Première le trouvait "inattaquable sur le fond", mais "mécanique, voire paresseux".

Ken Loach est une nouvelle fois en compétition à Cannes, festival où il pourrait gagner sa troisième Palme d'or (tout comme ses "concurrents" les frères Dardenne). Si son nouveau film, Sorry We Missed You, a beaucoup plu à la rédaction de Première, ce n'était pas tout à fait le cas de Moi, Daniel Blake, qui avait pourtant remporté le prix suprême lors de l'édition 2016. Le film sera diffusé sur France 2 dimanche soir, l'occasion de le revoir et de peut-être changer d'avis ?

Cannes 2019 - Sorry we missed you : Ken Loach vise juste, on sort KO [Critique]

Voici notre critique, publiée lors de sa découverte dans le cadre du festival de Cannes 2016 :
Il y a dix ans pile, Ken Loach remportait enfin la Palme d’Or pour Le Vent se lève, sa grande fresque guerrière et romanesque qui n’était sans doute pas son meilleur film mais le plus représentatif. Une consécration méritée pour le cinéaste anglais le plus politisé et, sans doute, le plus intègre et sincère de sa génération. Depuis ce fait d’armes, pas grand-chose : Ken Loach, presque aussi métronomique que Woody Allen, a enchaîné les films sociaux "nécessaires", certains étant meilleurs -It’s a free world, L’esprit de 45- que d’autres -Looking for Eric, Route Irish. Avec Moi, Daniel Blake, il obtient une nouvelle Palme d'Or dont le sens cette fois nous échappe : le film semble marquer la fin d'un cycle, celui de sa longue et fructueuse collaboration avec le scénariste Paul Laverty.

Un cinéma trop sûr de ses effets
Le Daniel Blake en question est un menuisier de 59 ans contraint d’arrêter suite à des problèmes cardiaques. Problème : l’aide sociale lui dénie ses droits et l’oblige à travailler sous peine de sanction. Lors d’une énième visite, il rencontre Rachel, une mère de deux enfants isolée, obligée de s’installer à des centaines de kilomètres de chez elle pour bénéficier d’un logement décent. Ces deux laissés-pour-compte vont finir par s’entraider… Sur le plan documentaire, rien à dire. Laverty a pour habitude d’enquêter longuement avant d’écrire et ça se sent. Les rouages absurdes de la machine administrative sont parfaitement décrits, ce qui provoque l’indignité escomptée. Il a plus de mal à faire vivre ses deux personnages qu’il enterre sous des tonnes de pathos, un malheur chassant l’autre sans l’ombre d’une respiration ou d’une surprise. Le dénouement, qu’on sent venir à des kilomètres, est à cet égard symptomatique d’un cinéma mécanique, sûr de ses effets, incapable de varier de sa trajectoire, ou mieux de se transcender. On peut y voir une forme de constance et d’intégrité. Ou de paresse.

"Un autre monde est possible, et même nécessaire" : à Cannes, le discours engagé de Ken Loach en intégralité

Extrait de Moi, Daniel Blake :