Catherine Deneuve dans Le Sauvage
@ StudioCanal

France 2 diffuse chaque jour à 14 heures un classique du cinéma français.Voilà trois secrets sur le Sauvage que vous ignoriez.

Un duo explosif et inédit – Deneuve et Montand-, un rythme endiablé, un décor exotique… Jean-Paul Rappeneau a réalisé un mètre étalon de la comédie française. D’ailleurs, plus de deux millions de spectateurs s’y précipitèrent à l’époque – faisant du Sauvage l’un des films les plus vus de l’année 1975. Voilà trois secrets que vous ignoriez sur le film.

 

Dabadie et Sautet en conseillers spéciaux

Claude Sautet est une des premières personnes à qui Jean-Paul Rappeneau fait lire son histoire de parfumeur réfugié sur une île dont la tranquillité est menacée par une jeune femme qui a des hommes aux trousses. D’emblée le réalisateur de Classes tout risques fait un peu la moue. Il pense que les spectateurs vont s’embêter avec deux personnages coincés sur une île. Il lui recommande d’ajouter de l’action. Ce que fait Rappeneau en ajoutant des scènes de poursuites et de bagarres. Jean-Loup Dabadie, lui, croit beaucoup dans le potentiel de cette partie, « le cœur du film », selon lui et intime au réalisateur de « se faire confiance ». « Au final, avouera, Jean-Paul Rappeneau, l’idée de l’île était et reste délicieuse alors que le reste, notamment le début du film avec les poursuites, a vieilli un peu. »

Un rôle écrit sur mesure pour Catherine Deneuve

Depuis leur rencontre sur La vie de château, son premier film, Jean-Paul Rappeneau a trouvé en Catherine Deneuve l’interprète idéale de son cinéma sautillant et mouvementé. Le débit mitraillette de l’actrice et son sens des déplacements s’intègrent parfaitement à ses comédies à l’américaine. Elle lui fait penser à Katherine Hepburn. Pour son deuxième film, Les mariés de l’an II, le réalisateur propose le rôle à son actrice fétiche, mais cette dernière est très prise par sa carrière. Le sauvage vient sceller leurs retrouvailles et le retour de Catherine Deneuve à la comédie.

Yves Montand mal à l’aise

Pour le rôle masculin, les choses se sont déroulées de manière moins évidente. Rappeneau rêve d’abord d’un comédien américain, pour asseoir le côté international de son aventure. Son choix se porte sur Elliott Gould qu’il a beaucoup apprécié dans Mash et Le Privé. Mais Raymond Danon, le producteur, exige une star française. Le premier acteur démarché est Alain Delon. A la lecture du scénario, il refuse, ne se voyant ni grimper aux arbres, ni cuisiner son petit poisson. Rappeneau se retourne alors vers Jean-Paul Belmondo qu’il vient de diriger dans Les mariés de l’an II. Ravi, le comédien arrive au rendez-vous au bras de sa chérie, la comédienne Laura Antonelli, rêvant d’une comédie romantique qu’ils pourraient interpréter tous les deux. Rappeneau ne l’entend pas de cette oreille. La liste des possibles interprètes de Martin Sanders s'allonge, comme en témoigne un document que Jean-Paul Rappeneau a légué à la Cinémathèque Française. C’est enfin vers Yves Montand que se tourne le réalisateur. Et entre eux, les discussions ne commencent pas de la meilleure manière. D’abord, Montand est vexé de passer après les autres. Ensuite, il ne voit pas le panache de son personnage et exige d’avoir « une revanche éclatante sur le système ». Des scènes en anglais à New York sont spécialement écrites pour lui. Mais le pire est à venir. Pendant le tournage, le comédien a du mal à supporter la complicité entre Rappendeau et Deneuve et est envahi par le sentiment de « servir la soupe à la petite ». Ce qui l’exaspère le plus : les scènes où il doit lui courir derrière. Il a l’obsession de ne pas vouloir être à ses trousses. Pour le tournage de la scène mythique sur le ponton, il supplie Rappeneau de demander à Catherine Deneuve de ralentir… Mais à l’aéroport de Caracas, il se met carrément en grève ! Le tournage est arrêté. Il faudra toute la diplomatie du réalisateur pour parvenir à tourner cette scène où Montand poursuit Deneuve moitié en marchant, moitié en courant. « J’ai souffert des disputes avec Montand, reconnaîtra, par la suite, Jean-Paul Rappeneau, des changements de répliques. Mais à la fin, il a été très heureux du film, et nous avons décidé d’en tourner un autre où nous ne nous disputerions pas. » Ce fut Tout feu, tout flamme.