Toutes les critiques de Santosh

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    L’Inde a frappé fort à Cannes. Avec All we imagine as light de Payal Kapadia qui marquait le retour du pays en compétition après 30 ans de disette, couronné d’un Grand Prix du Jury. Et donc avec Santosh, présenté, lui, à Un Certain Regard. Un premier film de fiction signé - et ça se voit par le regard qu’elle porte sur les situations et ses personnages ! – par une réalisatrice issue du documentaire. Santosh est le nom de son héroïne, jeune veuve d’un policier mort dans l’exercice de ses fonctions qui, bénéficiant d’une loi permettant à toute compagne d’un fonctionnaire d’hériter de son poste en cas de décès, se retrouve à endosser le costume de policière. Et immédiatement, cette rookie se trouve plongée dans le grand bain : une enquête sur la mort d’une jeune Hindoue de caste inférieure qui va la confronter à la corruption régnant au sein des forces de l’ordre comme aux brimades liées à son sexe dans ce monde de mâles dominants. Santosh fonctionne comme une arme à double détente. Tout à la fois thriller à la tension allant crescendo et brûlot politique qui tend un miroir sans concession à une Inde gangrénée par le sexisme institutionnel, la gabegie et les humiliations induites par le système de castes. Mais en sachant distiller de l’ambiguïté pour ne jamais sombrer dans des facilités manichéennes, à travers le personnage de la supérieure de Santosh, inspectrice qui tout en la prenant sous son aile, semble en permanence prête à la sacrifier pour sauver son statut et sa réputation. Si Santosh tient en haleine jusqu’à sa dernière image, ce duo- duel y est pour beaucoup.