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(...) Jay et Mark Duplass font leurs premiers pas dans le cinéma de studio avec cette comédie acide qui tente d’allier l’amateurisme décontracté de leurs débuts avec une tendance plus mainstream. Le mariage n’est pas toujours heureux : d’un côté, la caméra tremblotante et les zooms impromptus semblent forcés et, de l’autre, la présence de John C. Reilly fait basculer le film dans la zone plus balisée des productions Judd Apatow. Comédie de l’embarras, Cyrus contient assez de situations horriblement gênantes pour faire hurler de rire les amateurs du genre, mais c’est lorsque les Duplass abordent de front leur sujet – une relation toxique quasi incestueuse – que leur film se révèle le plus percutant. Dommage qu’il s’achève sur une note un peu trop rassurante.
Toutes les critiques de Cyrus
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Du profil des personnages - le fils en particulier, sorte de créateur incompris et pathétique, à la fois très mûr et complètement dépendant - à l'intelligence d'un scénario entre rire et amertume, la subtilité de Cyrus est portée par des comédiens hors norme.
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A priori énième comédie potache, Cyrus séduit au contraire par la maturité de son propos - pertinence du questionnement, gravité sous-jacente et humour subtil. Seul (petit) reproche : les zooms incessants, vrais tics de mise en scène "indé".
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Dans cette comédie, la logique du conte se heurte à la réalité. Et la belle romance annoncée dévie rapidement vers une guérilla domestique qui offre au film ses plus belles séquences, avec un humour froid qui tend moins vers un happy end que vers un statut quo amer. Les losers ne sont plus des héros.
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Les Duplass ratent pourtant la marche quand il s'agit de choisir, éternel dilemme de la comédie américaine, entre la farce burlesque et la comédie sentimentale. (....) les Duplass font du surplace, soudain hésitants devant la méchanceté qui s'ouvre à eux. Malgré cette prudence excessive, Cyrus vaut le détour.
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C'est une chronique un peu amusante, très indépendante, au scénario souvent hésitant, comme si ses auteurs rechignaient à saisir le plat chaud à pleines mains. Le vif du sujet (la guerre ouverte entre le fils et son éventuel beau-père) arrive au bout d'une heure. Avant - mais il s'en faut de peu - on ne s'ennuie pas, en grande partie grâce à John C. Reilly, second rôle enfin tête d'affiche. Et qui se révèle l'élément primordial de ce petit film.
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(...) la surprise du film, c’est sans doute Jonah Hill dans le rôle de Cyrus, le beau-fils qui va tout faire pour se débarrasser de son beau-père. Jonah Hill, qu’on connaissait surtout comme gros garçon sympathique (de Superbad de Greg Mottola au tout récent American Trip de Nicholas Stoller) est méconnaissable, retenant au maximum la tentation de la performance pour jouer au compte-gouttes son personnage de dingo de la famille aux yeux cerclés comme un binoclard anxieux. Il vaut mieux s’essayer à la peur qu’aux larmes, donc, c’est ce qu’avait compris Jerry Lewis dans The King of Comedy (Martin Scorsese).
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Cyrus des frères Jay et Mark Duplass unit comédie hollywoodienne et cinéma indépendant en un mariage réussi. A la première, les frangins ont emprunté le rythme et le côté gentiment vachard. Au second, ils ont piqué une mise en scène frisant l'expérimental en captant chaque scène avec des caméras dissimulées dans le décor. Malgré un léger abus de zooms, la réalisation des Duplass convient bien aux aventures du fiston quasi incestueux et du futur beau-père teigneux. Aussi complices devant la caméra que leurs personnages sont ennemis à l'écran, Hill et Reilly se régalent à en faire des tonnes.
On déplorera juste le happy end un peu convenu. Entre Judd Apatow et les frères Farrelly, Cyrus trouve sa place au soleil en donnant enfin de vrais beaux rôles à des acteurs trop souvent cantonnés au bas de l'affiche. Rien que pour cela, ce film dynamique vaut le déplacement. Ce duo, c'est de la balle !
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Réalisé par les frères Duplass, deux auteurs issus de la mouvance du "mumblecore" (terme qui renvoie au fait que les personnages de ces films seraient censés marmonner, ou du moins bavarder beaucoup), le film imbrique plusieurs registres. Celui de la comédie inspirée par des adultes qui veulent rester enfants, qui fait penser à Frangins malgré eux (où jouait déjà John C. Reilly), celui du thriller psychologique centré sur la perversité d'un enfant (dans la veine de Joshua), et celui d'un naturalisme psychologique à la Humpday (dans lequel jouait Mark Duplass). Chacun avait en soi un potentiel. Les conjuguer en revanche était risqué. Faute de prendre clairement une direction, le film n'en prend aucune. Au bout du compte, il laisse le spectateur étrangement insatisfait.
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Avec leurs velléités réalistes traduites par une caméra parkinsonienne et des zooms sauvages, les Duplass tentent de sonder maladroitement l’intensité des rapports humains soumis aux traitements surréalistes de situations comiques...qui ne le sont pas tant que ça. En fait, ils échouent sur les deux tableaux et laissent le spectateur le cul entre deux chaises. L’humour famélique et la mélancolie grossière de Cyrus ont également troublé les acteurs qui semblent absents parfois, en tous cas bien mal dirigés. Nous attendions une autre performance de la part de John C.Reilly et de Jonah Hill, mais est-ce vraiment de leur faute ? Leur affrontement n’est pas bien exploité et ne monte pas crescendo comme on pouvait l’espérer. A bien y réfléchir, et à tous points de vue, Cyrus est un Greenberg raté. Le récent film de Noah Baumbach bénéficiait en effet d’une puissance comique et dramatique indéniable en plus de l’interprétation inspirée de Ben Stiller. Tout ce que Cyrus n’a pas.