Carl Theodor Dreyer est un cinéaste né le 3 février 1889 à Copenhague, au Danemark. Ses exigences esthétiques, son style épuré et la frilosité des producteurs expliquent la rareté de ses films : seulement 14 films en 56 années d'activité. Une lenteur que seul Terrence Malick aujourd'hui est capable de suivre avec ses 6 films en 40 ans de carrière.Sa mère, Joséphine Nilsson, est gouvernante chez un gros propriétaire terrien du sud de la Suède qui la met enceinte. Ne voulant ni scandale ni mariage, le père envoie la jeune femme accoucher à Copenhague où elle abandonne son fils. Elle mourra deux ans plus tard en tentant de se faire avorter.L'enfant est recueilli par la famille d'un ouvrier typographe qui lui donne son nom et son prénom : Carl Theodor Dreyer. Baignant dans un univers socialisant et irréligieux, le petit Dreyer grandit sans grande affection et finit par détester ses parents. A dix-sept ans, après un enseignement technique et des études de piano, il apprend la vérité sur ses origines.En 1906, il est engagé comme comptable par la Compagnie des télégraphes du Nord. De 1909 à 1915, journaliste dans plusieurs journaux, il se partage entre le reportage sportif, aéronautique (il est lui-même pilote d'aéronef et d'avion) et l'écriture de billets satiriques.Entré dès 1912 à la Nordisk Film, il y est rédacteur d'intertitres, adaptateur, conseiller artistique et finalement scénariste : 41 scénarios écrits entre 1912 et 1918, dont quatre réalisés par August Blom et six par Holger-Madsen.Dreyer est particulièrement influencé par David Wark Griffith (il voit Intolérance en 1918) et par l'école suédoise, en particulier son intimisme, sa spiritualité et sa vision des paysages. En 1918, il réalise son premier film : Le président, mélodrame muet qui ne sortira qu'en 1920 et qui raconte l'histoire d'un magistrat qui reconnait en une jeune fille accusée d'infanticide sa propre fille née d'une femme qu'il avait abandonnée. Bouleversé, il fuit avec elle, l'épouse et finit par mourir dans la solitude.L'année suivante, en 1919, il réalise Pages arrachées au livre de Satan, un film ouvertement inspiré du film Intolérence de David Wark Griffith. En 1920 il revient avec La quatrième alliance de Dame Marguerite, une chronique médiévale qui compile habilement l'humour et l'observation sociologique. En 1922, il sort deux films : Aimez-vous les uns les autres et Il était une fois.En 1924, il sort Michaël, une adaptation du roman de Herman Bang qui constitue une œuvre importante dans la carrière du cinéaste. Il y dresse une réflexion philosophique sur les rapports entre la création artistique et la vie. Seulement, c'est l'année suivant, avec Maître du logis que Dreyer rencontre le succès et se hisse au statut de réalisateur international, rejoignant ainsi les Fritz Lang, Jean Renoir et autres Charlie Chaplin. Suite au succès du film, la Société Générale de Films convoque le cinéaste en France et lui commande trois sujets de films. Dreyer propose Jeanne d'Arc, Catherine de Médicis et Marie-Antoinette. Après avoir tiré au sort, les producteurs optent pour un film sur Jeanne d'Arc : ce sera La passion de Jeanne d'Arc.Un temps pressentie pour incarner le rôle phare, Madeleine Renaud renonce devant les exigences de Dreyer : ce dernier veut que l'actrice ait le crâne rasé et l'oblige à prononcer les paroles pour que les spectateurs puissent lire sur les lèvres (d'ailleurs Dreyer entendait réaliser un film parlant mais une impossibilité technique l'en empêcha). Finalement, c'est Renée Falconetti qui endosse le rôle principal et qui côtoie à l'écran l'écrivain Antonin Artaud qui interprète Jean Massieu. Le film de Dreyer est essentiellement centré sur le procès de Jeanne d'Arc devant mener à son exécution, faisant ainsi ressortir la force de la foi devant la pression des institutions.Par la suite, la Société Générale de Films fait faillite. Dreyer cherche alors des fonds auprès du baron Nicolas de Gunzburg pour produire son prochain film, le premier parlant : Vamypr, sorti en 1931. Le tournage se révèle très difficile, le cinéma parlant en étant encore à ses balbutiements. Dans ce film qui se veut être une adaptation libre de deux nouvelles de l'écrivain irlandais Sheridan Le Fanu - Carmilla et L'auberge du dragon volant - Dreyer élargit le champ de sa réflexion sur la problématique chrétienne jusqu'au surnaturel. Le rôle phare, celui de David Gray, est tenu par Nicolas de Gunzburg, le producteur du film, sous le pseudonyme de Julian Wes mais le film ne rencontre pas le succès escompté.Dreyer a donc de plus en plus de mal à trouver des financements pour réaliser ses films, tous ses projets échouent, si bien qu'il est obligé de retourner au Danemark pour exercer de nouveau son métier de journaliste. Il faut ensuite attendre 1943 pour retrouver Carl Theodor Dreyer derrière une caméra. Mais une nouvelle fois, son Jour de colère ne rencontre pas le succès. Il quitte alors le Danemark et se rend en Suède, alors sous occupation allemande. Il y réalise en 1944 le film Deux Êtres, qui ne restera pas lui non plus comme une œuvre majeure de sa filmographie.Par la suite Blendis Davis, un multimillionnaire, propose à Dreyer de l'envoyer aux États-Unis pour réaliser un film sur Jésus à Hollywood. Encore une fois le projet ne verra pas le jour mais Dreyer conservera le sentiment religieux pour réaliser Ordet en 1955. Seulement, entre temps, lassé des échecs à répétition de ses longs métrages, le maître danois réalise plusieurs courts. Huit au total entre 1942 et 1954.Il faut ensuite attendre une nouvelle fois une décennie entière avant de revoir Dreyer derrière une caméra. C'est en 1964 et le cinéaste réalise son dernier film, Gertrud, ultime chef-d’œuvre d'abstraction lyrique devenu une source d'inspiration pour tout les cinéastes modernes.Il s’éteint le 20 mars 1968 à Copenhague à l'âge de 79 ans, et si son œuvre ne reçut pas toujours un très bon accueil, Dreyer demeure, pour bon nombre de cinéphiles, le cinéaste de la foi bafouée dans une société désenchantée, avec des portraits de femmes particulièrement déchirants. Si son œuvre n'a pas forcément été reconnue à sa juste valeur de son vivant, il est indéniable qu'elle a été une source d'inspiration pour bon nombre de cinéastes comme Lars Von Trier ou encore Terrence Malick.
Nom de naissance | Carl Dreyer |
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Naissance |
Copenhagen, Denmark |
Décès | |
Genre | Homme |
Profession(s) | Réalisateur/Metteur en Scène, Scénariste |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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2015 | Le Maître Du Logis | Réalisateur | - | |
2015 | Le Président | Réalisateur, Scénariste | - | |
2015 | Aimez-Vous Les Uns Les Autres | Réalisateur, Scénariste | - | |
2014 | Nitrate Flames | Acteur | Himself (archive footage) | |
1964 | Gertrud | Réalisateur, Scénariste | - |