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Il y a des artistes sans oeuvre et des oeuvres sans artiste. Il y a aussi des êtres sans vie, pour lesquels usurper une identité, c’est faire acte de présence. Un illustre inconnu raconte comment un type anonyme décide d’emprunter la vie des gens pour se sentir exister. De l’emprunt, ce héros très discret va passer au vol et dérégler l’ordonnancement du monde. Le nerf du film est donc l’usurpation, passive, sans stratégie particulière. Sébastien Nicolas va, vient, essaie des poses et des pauses, des postures et des impostures, seul compte ce léger mouvement qui fait qu’un geste devient acte et un postiche, silhouette. Tout ne fonctionne pas forcément comme on voudrait : le troisième acte, où l’autorité de la mise en scène et les références hitchcockiennes deviennent envahissantes ; les perruques de Kassovitz pas toujours probantes... Mais après le carton du "Prénom", enchaîner sur un thriller existentiel aussi gonflé, ça a de la gueule. On sent que Delaporte a envie de chatouiller le système, il a la gnaque et l’audace du kamikaze. Mais "Un illustre inconnu" dessine surtout ses obsessions d’auteur. En osant se confronter aux affres de son héros, le cinéaste quitte ses habits d'entomologiste pour ceux de métaphysicien. Son deuxième film n’en est que plus troublant. Il s’y cache un questionnement sur l’être et l’art. Qui est vraiment ce faussaire ? Un artiste-palimpseste prêt à tout pour exister ? Et comment être un homme droit quand la vie semble vous avoir oublié ? Suprême ironie, c’est Kassovitz qui joue ce nobody, lui qui continue de dire qu’il ne veut pas être acteur.
Toutes les critiques de Un Illustre Inconnu
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Avec son scénario terriblement retors et son héros fascinant, "Un illustre inconnu" renouvelle le thriller et nous subjugue de bout en bout.
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Le style, le climat, la mise en scène de cette quête d'identité soutiennent les ambitions d'un film sombre et fascinant.
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Machiavélique, sombre, pessimiste, "Un illustre inconnu" est un film qui surprend, captive, aidé par un Kassovitz qui retrouve là l'essence de son talent d'acteur. Des choix contestables et quelques longueurs viennent un peu gâcher le plaisir rare d'un cinéma bigrement bien ficelé.
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Les auteurs du "Prénom" changent de ton avec ce thriller à la lisière du fantastique. Matthieu Kassovitz, comme hanté, porte le film et réussit à nous faire aimer ce "héros très discret", névrosé et glaçant.
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Un long-métrage retors, (...) parabole sur notre société en mal de repères. Soignant son cadre et sa direction d'acteur, le cinéaste rend digeste cette épopée psychique et kafkaïenne. Mathieu Kassovitz est déroutant.
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Mathieu Kassovitz porte le nouveau film de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, à l'origine du "Prénom".
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Le film de Matthieu Delaporte étonne par la qualité de son sujet, de son scénario, et de son évolution narrative. (...) Raconté du point de vue de ce personnage terne, tout le film s'en trouve contaminé. Composé en flash-back, la mise en scène y gagne en efficacité, subtilité et élégance. Ces attributs rejaillissent sur tout le film, dans sa sobriété, sans musique, et une interprétation juste.
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Après le succès du "Prénom", Mathieu Delaporte s'aventure dans un registre beaucoup plus trouble et offre à Kassovitz un rôle de caméléon schizophrène inquiétant.
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Mathieu Kassovitz confirme son talent d'acteur dans ce thriller bien écrit autour d'un usurpateur d'identité.
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"Un illustre inconnu" se rêve en thriller américain, avec son pitch inventif et sa mise en scène carrée et maîtrisée.
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L’intrigue, complexe, ne parvient pas toujours à nous faire ressentir qui est Sébastien, pourquoi il imite ainsi ses congénères. Mais il y a du souffe= et la présence indéniable de Mathieu Kassovitz et de Marie-Josée Croze.
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Matthieu Delaporte impose dès le début une atmosphère d'angoisse très stylisée, intemporelle. Le jeu blanc de Mathieu Kassovitz est franchement dérangeant. Le film tourne ensuite au thriller familial, souffre d'un petit problème de vraisemblance, patine un peu, mais, comme son héros, garde jusqu'à la fin une certaine gueule.
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Matthieu Delaporte signe ici un thriller dense et intrigant. Dans sa première moitié en tout cas, la suite partant à vau-l'eau à force d'invraisemblances. Reste que Kassovitz s'y révèle magnétique et impressionnant.
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Si l’idée est intrigante, "Un Illustre Inconnu" peine pourtant à convaincre. A l’image de son personnage, le film passe deux heures à se déguiser sous ses artifices narratifs et scénographiques. Difficile alors de ressentir la moindre empathie pour ce qui se passe à l’écran…
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"Un Illustre Inconnu" est un thriller machiavélique, pessimiste mais également surprenant. Le retour devant la camera de Mathieu Kassovitz est tout à fait réussi.
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Le film ne sort-il jamais des ornières qu’il s’est tracées, enfile les scènes comme un remplissage avant de passer la ligne d’arrivée, trouve plusieurs occasions de s’achever, ne les saisit pas, préfère jouer les prolongations jusqu’à une conclusion qui rassure à la fois sur les plans émotionnel et moral, sans que sa rigidité programmatique soit apte à susciter une sincère émotion ou à mettre en jeu notre morale. Pour le coup, c’est lui qui sonne faux.
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Complexe et prometteur, le film pêche par manque de cohérence narrative et de tenue visuelle.
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Un thriller psychologique sur la quête identitaire d'un homme qui se perd et se retrouve, que l'on peut évidemment déchiffrer comme une métaphore du métier d'acteur. La tentative est louable mais plus le film avance, moins il convainc. Trop d'invraisemblances pour donner envie d'y croire.
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"Un illustre inconnu", comme souvent avec les idées géniales de scénario, semble avoir été conçu pour nourrir un court-métrage malin. Sur la durée, l’épatant point de départ ne devient non seulement anodin, il s’enfonce dans l’anonymat. Pour une oeuvre qui porte une telle paternité, cela en devient problématique.
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Matthieu Delaporte enchaîne les séquences démonstratives, sans jamais installer de situation, sans chercher à faire naître la moindre émotion chez son personnage.Tarabiscoté, indigeste, aberrant, le scénario est relayé par une mise en scène bâclée, focalisée sur les seules transformations de Mathieu Kassovitz. Dans le rôle de la mère de l’enfant, le personnage de Marie-José Croze fait l’objet de tellement peu de considération que ses réactions en sont illisibles. Difficile de ne pas percevoir dans cette désinvolture un réel mépris du spectateur.
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Si les apparences paraissent flatteuses - un scénario original, une mise en scène travaillée et surtout une photographie léchée, une double performance pour l’acteur principal qui se dédouble, se multiplie - elles empêchent le fond de se développer comme dévoré par de bien trop grandes ambitions.