Première
par Isabelle Danel
En adaptant ses souvenirs d’enfance, en se concentrant sur cette année charnière que représente l’entrée au collège, Sylvie Verheyde (Un frère, Princesses) s’attaque à un genre difficile. Elle ne risquait pas de friser la mièvrerie, n’ayant jamais montré de penchant pour ce travers. En revanche, le manichéisme la guettait dans l’exposition des deux univers qu’elle confronte – les pauvres contre les riches, l’éthylisme contre l’élitisme. La plupart du temps, ces chausse-trappes sont évitées avec grâce car il ne s’agit pas de renvoyer dos à dos deux façons de vivre mais plutôt de prôner la cohabitation et l’ouverture : le Top 50 et les livres, les batailles d’eau et les dîners en famille... Dans l’univers de Stella, les adultes sont ce qu’ils sont et font ce qu’ils peuvent, ni monstres ni saints mais quelque part entre les deux. Humains en somme. Désormais, il y a une fille de son âge qui lui restitue sa part d’enfance tout en lui ouvrant les portes du futur ; bref, qui lui redonne sa place. Avec ses cadres laissant vivre le vide, sa reconstitution d’époque juste sans être encombrante, son interprétation sur le fil (mentions spéciales à la jeune Léora Barbara et à Karole Rocher, qui joue sa mère), Stella atteint par moments la vérité bouleversante d’une chronique adolescente dans laquelle l’éducation, si normative qu’elle soit, peut être libératrice. Nostalgique donc, et furieusement actuel.