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Sans rien asséner mais à coups de petites piques maritales ou d’indifférences filiales qui en disent long sur le machisme ambiant, le film, dans sa première partie, suit ce fil tendu. Maria del Carmen nous apparaît dans sa singulière banalité de femme au foyer cinquantenaire, d’épouse modèle et de mère aimante depuis (trop ?) longtemps... Le puzzle du titre, cadeau anodin offert par une tante, ouvre devant Maria les portes d’un monde où, soudain, le temps peut servir à faire quelque chose pour soi-même et non pour les autres... Si la deuxième partie, qui traite d’une liberté retrouvée dans des échappées bien innocentes, exhale une impression de déjà-vu, ce premier long métrage en forme de fable conserve jusqu’au bout une opacité bienvenue. Il le doit à la magnifique actrice qu’est María Onetto. Comme dans La Femme sans tête de Lucrecia Martel, son visage en apparence impassible et ses sourires gentiment résignés font merveille.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Tout est souterrain, feutré, intériorisé. Maria Onetto, une sorte de Susan Sarandon argentine, y est d'une délicatesse extrême, d'une beauté émouvante, mais la réserve de son personnage nous laisse sur la berge de ses émotions.
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Le premier film de Natalia Smirnoff raconte une femme, son rôle au sein de la famille et de la société, qui consiste à faire tenir toutes les pièces ensemble, à les emboîter tout bien comme il faut et le plus vite possible. La métaphore peut paraître un tantinet pesante, mais Smirnoff l’établit d’emblée : elle est le point de départ du film et non son aboutissement trop précoce. La réalisatrice va ensuite avancer chaque plan de son film comme une nouvelle pierre à son édifice, dont le sens général n’apparaîtra qu’à la fin du film (dans les tournois officiels de puzzle, on travaille sans modèle, nous explique-t-on).
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Un portrait de femme assemblé, scène après scène, avec beaucoup de justesse, de finesse et remarquablement interprété par Maria Onetto. S'il n'a pas gagné de prix au dernier Festival de Berlin, ce premier long-métrage a, en tout cas, conquis notre coeur.
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Sous prétexte de délicatesse dans l'évitement des enjeux qu'il propose et se termine, au bout du compte, à la moitié du chemin, sur l'héroïne réconciliée avec sa propre vie alors que rien n'a vraiment eu lieu.
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Avec tendresse, avec douceur, avec classe, la réalisatrice, Natalia Smirnoff (c’est son premier film), met en place un monde de non-dits, de regards, de petits secrets. C’est beau, original, et, en même temps, fort. Le cinéma argentin – 70 films par an ! – nous réserve quelques passionnantes surprises.
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(...) ce premier long métrage argentin subvertit ces clichés avec tant de douceur, avec tant d'amour pour ses personnages (et par conséquent pour ses spectateurs) qu'on est d'abord subjugué par son charme tranquille.
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Le sujet n'est pas neuf. Mais ici, le moyen d'y parvenir est étonnant, dérisoire, touchant. Maria del Carmen se libère peu à peu... par le puzzle. Une petite pièce par-ci, une autre par-là, le temps de s'apercevoir, pour la première fois, qu'elle est bonne à autre chose qu'à la popote et au ménage. Peu à peu, l'innocente distraction devient une obsession, un temps dissimulée au mari. Voilà Maria qui s'inscrit à un championnat, s'entraîne et, soudain, se sent vivre. Hors de son monde, avec la complicité d'un autre homme, bourgeois délicat et cultivé. Au-delà de la métaphore trop évidente du puzzle - l'héroïne se « reconstitue » morceau par morceau -, ce film aux images limpides est avant tout le terrain de jeu d'une actrice exceptionnelle. Découverte chez Lucrecia Martel (La Femme sans tête), Maria Onetto impose un mystère frémissant. Epaules voûtées, lèvres serrées, elle a la silhouette humble de ces petites dames qui n'osent pas sortir du décor. Mais ses yeux brûlent, avides d'autres cieux, même ceux qui s'éparpillent en mille bouts de carton.
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La cinéaste filme son héroïne sans grande passion, en particulier dans ses instants créatifs, alors qu’une partie du long-métrage repose sur ce don exceptionnel pour les puzzles dont la technique nous échappe complètement. La caméra est placée en retrait, loin des mains et du regard du personnage interprétée par Maria Onetto, loin du plaisir du jeu et de l’intelligence dont cette femme fait preuve pendant ces moments de reconstruction. (...) Mais si Natalia Smirnoff a choisi des acteurs puissants, ceux-ci ne peuvent cependant pas pallier aux manques stylistiques et aux inévitables lourdeurs métaphoriques. Le parallèle entre la construction des puzzles et la recherche d’un équilibre est surligné par des symboles trop explicites pour convaincre, à l’image de l’assiette brisée que la protagoniste s’attache à recoller comme si sa vie en dépendait. Bref, tout cela ne nous captive pas beaucoup.