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par Thomas Baurez
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Les critiques de la Presse
Le noir et blanc d’une Nouvelle Vague lointaine dont l’écume recouvrirait notre monde contemporain. L’écho produit, déformé par le temps, s’incarne ici dans une voix off consciente de sa légère incongruité (confiée judicieusement au chanteur Bertrand Belin qui s’en délecte). Playlist premier long de Nine Antico est un Masculin féminin godardien version 2021 – il partage son caractère ludique, imprévisible et sociétal - où le féminin l’emporte haut la main. On suit Sophie (savoureuse Sara Forestier, notre « Jean-Pierre Léaud » d’aujourd’hui), une jeune serveuse qui aspire à devenir autrice de B.D (on dit « roman graphique ! » lui dit-on dans la petite boite d’édition qu’elle finira par intégrer) et cherche peut-être l’amour. Jean, Benjamin..., les prétendants ne manquent pas, mais qui sera à la hauteur des espérances ? Le thème de l’amour archi-rebattu reste, on le sait, indémodable donc intemporel. Le noir et blanc si cher à Philippe Garrel ne dit pas autre chose. La Nouvelle Vague n’a évidemment pas le monopole du cœur. Nine Antico parle avec justesse et drôlerie des incertitudes qui mènent la danse d’une vie dont on guette les promesses. Le fait que sa Playlist où la voix profonde Daniel Johnston s’enchaîne avec l’innocence fragile d’une Nana Mouskouri gainsbourisée, surgisse au moment où le monde redécouvre le vivre ensemble après un an de brouillard, décuple l’effet produit. Hasard peut-être, il y a toutefois cette certitude que le film, quoiqu’il advienne, est à l’heure juste. Une bien belle surprise avec aussi Laetitia Dosch et Grégoire Colin. Que demande le peuple ?