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Belle surprise de 2016, Dernier Train pour Busan réinventait à lui tout seul la grammaire visuelle du film de zombies, avec un film sanguin et racé pratiquement totalement en huis clos. Depuis, Yeon Sang-ho a fait une halte chez les super-héros (Psychokinesis, disponible sur Netflix), avant de retourner aujourd’hui aux morts-vivants avec Peninsula. Cette suite, qui se déroule quatre ans après Busan, se joue à une échelle bien plus grande : la péninsule coréenne, abandonnée aux zombies, entassés par dizaines de milliers. Mais un groupe de mercenaires décide d’y retourner pour récupérer une grosse somme d’argent coincée dans un camion de transport de fonds. Ce qui devait être un aller-retour rapide en zone rouge va vite devenir un cauchemar.
Animé par l'envie louable de ne pas reproduire à l’identique ce qui a fait son succès, Yeon Sang-ho se laisse pourtant submerger par l’ampleur de son projet. Le Coréen semble s’amuser comme un petit fou mais copie platement les gimmicks et les astuces scénaristiques de New York 1997, Mad Max, Le Jour des morts-vivants ou Land of the Dead, pour ne citer qu’eux. Un pot-pourri jamais tout à fait honteux, mais plombé par des personnages caricaturaux (les militaires devenus fous ; les gentils survivants…) et un manque d’ambition criant sur le terrain de l’action. Si Peninsula parvient à imprimer une belle tension dans sa première demi-heure (notamment durant une scène sanglante sur un bateau, qui renoue le temps de quelques minutes avec la puissance de Busan), toute l’entreprise s’effondre sous une avalanche de courses-poursuites en bagnoles numérisées à l’excès, façon cinématiques de PlayStation 3. Le manque de production value est flagrant et il devient vite évident que le film ne pouvait s’épanouir qu’avec un budget d’une cinquantaine de millions de dollars de plus. D’autant plus dommage que le réalisateur avait de quoi déployer un vrai propos sur l’individualisme de nos sociétés. Yeon Sang-ho s’est certainement laissé emporter par ses ambitions et a visé trop haut, trop vite. Croisons les doigts pour qu’il nous revienne avec un cinéma plus modeste.