Élève à l'École des beaux-arts de Leningrad, puis à l'Institut d'art scénique, il débute comme acteur dans la troupe de la FEKS, d'abord sur scène puis dans le second film de Kozintsev et Trauberg : Michka contre Youdenitch, avec lesquels il travaillera comme acteur et assistant jusqu'en 1930. Son physique (carrure puissante, crâne rasé, visage dur, yeux perçants) le spécialise dans les rôles de « méchant » : un espion dans Michka, un bureaucrate envieux dans le Manteau, un aventurier dans S. V. D., un journaliste cynique dans la Nouvelle Babylone, un complice des koulaks dans Seule ; il figure aussi dans Un débris de l'Empire d'Ermler et dans le Déserteur de Poudovkine.Il passe à la réalisation au studio Lenfilm au début du parlant, tout en menant de pair une carrière de professeur d'art dramatique à Leningrad puis à Moscou (VGIK). Après un début peu marquant, il est révélé par son premier film parlant, les Sept Braves (Semero smelyh, 1936) et surtout par Komsomolsk (1938), où il pratique un style délibérément réaliste et exalte le nouvel homme soviétique dans des épisodes héroïques de la construction de la nouvelle société. Dès cette époque, ses films sont la parfaite incarnation du réalisme socialiste. Mais, si les films précédemment cités, ainsi que l'Instituteur (Uitel, 1939), sont animés par un enthousiasme civique convaincant et par un certain souffle dramatique, ceux qu'il réalisera durant la période jdanovienne seront beaucoup moins inspirés : c'est le cas de la Jeune Garde (Molodaja gvardija, 1948) et surtout du Don paisible (Tihij Don, 1957-58), qui sont souvent considérés, en dehors d'URSS, comme les parangons de la sclérose artistique stalinienne. Auparavant, il aura donné une belle adaptation de Lermontov, Mascarade (Maskarad, 1941) et plusieurs contributions aux Ciné-Recueils de guerre.Contrairement à ceux de certains de ses contemporains (Romm, Raïzman, Donskoï), ses films de la période du dégel ne portent guère la marque d'une profonde révolution thématique et plastique : Hommes et Bêtes (Ljudi i zveri, 1962), le Journaliste (urnalist, 1967), Au bord du lac Baïkal (U ozera, 1969), Aimer les hommes (Ljubit eloveka, 1972) témoignent cependant, au fil des années, d'une volonté de modernité et d'ouverture qui culmine avec la belle réussite de Mères et Filles (Doki-materi, 1974), étude de murs contemporaines d'une vivacité et d'une justesse étonnantes. Plus récemment, il s'est tourné vers la littérature (le Rouge et le Noir, film en 5 parties pour la TV) ; Léon Tolstoï (Lev Tolstoj, 1985, où il interprète lui-même le rôle-titre) et l'histoire (la Jeunesse de Pierre le Grand Junost ' Petra, en 2 parties, 1981).