Pierre Desgraupes

Né à Angoulême, Pierre Desgraupes passe par les bancs du Lycée Pasteur de Neuilly avant de décrocher une licence en philosophie à la Sorbonne. Après trois ans passés au sein du service de presse du ministère des Anciens Combattants et Prisonniers de Guerre, il intègre en 1947 le service littéraire de la RTF, où il s’occupe, en tant que rédacteur en chef, du Journal parlé. L’aventure dure une dizaine d’années.C’est au début des années 1950 que Pierre Desgraupes va commencer à marquer la télévision française de son empreinte avec diverses émissions. De 1953 à 1958, il anime avec son ami Pierre Dumayet un magazine littéraire, Lecture pour tous. On le retrouve ensuite à partir de 1954 comme producteur d’ En votre âme et conscience qui traite d’affaires judiciaires. Présentée par Pierre Dumayet et Claude Barma , cette émission sera diffusée jusqu’en 1970. Il produit également Avez-vous lu ? (1953) et Ecouter, Voir (1955). En 1959, il participe à Cinq colonnes à la Une de Pierre Lazareff, aux côtés de Pierre Dumayet et Igor Barrère .En parallèle, il écrit pour les quotidiens Paris-Presse et France-Soir, tout en collaborant pour Radio Luxembourg et Europe n°1. On le retrouve entre autres dans Paris vous parle, une émission radiophonique centrée sur des reportages commentés par plusieurs journalistes.Il profite du mouvement de contestation politico-socio-culturel de Mai 68 pour revendiquer plus d’indépendance et de liberté dans l’information du secteur public. Après un bref passage à la Télé Suisse Romande (TSR), il prend, en septembre 1969, la direction de l’unité d’information de la première chaîne de l’ ORTF. Habité par ses convictions, il va maintenir ses exigences de liberté à l’égard du pouvoir politique et va, en outre, lancer une vague de réformes dans le but de donner une nouvelle image à l’ORTF. Deux mois après sa nomination, il met en place un nouveau genre de journal télévisé qui ne compte qu’un seul présentateur. En 1971, il lance l’émission Information-Première et, pour donner un nouveau souffle à la rédaction, il engage de nouveaux journalistes qui proviennent de RTL, d’Europe 1, du Nouvel Observateur ou encore du Monde. Parmi ceux-ci, plusieurs futurs piliers du paysage audiovisuel français tels que Philippe Gildas , François-Henri de Virieux , Etienne Mougeotte, ou encore Joseph Pasteur. En 1972, l’arrivée d’un nouveau président au sommet de la hiérarchie et le changement de politique de l’ORTF entraînent l’éviction de Pierre Desgraupes. Il s’éloigne du devant de la scène cathodique, tout en y maintenant ses activités de producteur. Il devient éditorialiste du magazine Le Point jusqu’en 1981, date à laquelle il est nommé président directeur général d’Antenne 2, sur proposition de Pierre Mauroy, alors premier ministre. Pierre Desgraupes reprend son ancienne équipe et se lance une nouvelle fois dans une politique de réforme. Il fait de la décentralisation sa stratégie et innove avec des choix de programmes ambitieux comme Gym Tonic, les Enfants du rock, ou encore La Chasse aux trésors. En outre, il mise aussi sur une certaine continuité avec des émissions telles que Dimanche Martin, Le Grand Echiquier, etc. Il est également le premier à confier les rênes du journal télévisé du soir à une femme, Christine Ockrent. Les résultats de cette révolution ne se font pas attendre. A partir de 1982, Antenne 2, alors âgée de quinze ans seulement, dépasse en termes d’audience son aînée TF1, qui compte quarante ans d’existence.Au mois de novembre 1984, Pierre Desgraupes, atteignant l’âge de soixante-cinq ans, ne peut pas renouveler son mandat et doit laisser son fauteuil de PDG d’Antenne 2. Certains avanceront même l’idée selon laquelle la loi rabaissant l’âge maximal des dirigeants du service public lui aurait été taillée sur mesure, à cause de sa défiance affichée envers le pouvoir.Le ministre de la Communication de l’époque, Georges Fillioud, le charge alors d’une mission sur le projet de création d’une chaîne culturelle européenne dont il rend le rapport vers le milieu de l’année 1985.A la fin de sa carrière, il dirige la Sofica Création et occupe le poste de vice-président du Conseil supérieur de la sûreté de l’information nucléaire.Décédé le 16 août 1993, Pierre Desgraupes a également écrit quelques ouvrages : Rainer Maria Rilke en 1949, Prague, l’été des tanks en 1968, En direct de la médecine en 1976, le Mal du siècle en 1977, Non-lieu en 1981 et Hors antenne en 1991.