Nom de naissance Jelinek
Genre Femme
Avis

Biographie

Elfriede Jelinek est une auteure dramatique, scénariste et poétesse autrichienne de langue allemande. Elle est née le 20 octobre 1946 à Mürzzuschlag, district du Land de la Styrie.Elle connaît une enfance difficile en raison de la relation houleuse qu'entretiennent ses parents, un père juif tchécoslovaque travaillant dans l'armement, et une mère d'origine roumaine extrêmement autoritaire.Celle-ci impose à Elfriede Jelinek une discipline des plus strictes, réduisant ses sorties et l'obligeant à s'initier très tôt aux langues et à la musique.Après avoir vécu quelque temps à Rome, Berlin et Munich, la jeune autrichienne s’installe à Vienne.Passionnée d'art lyrique, Elfriede Jelinek fait ses classes au conservatoire tout en nourrissant un grand intérêt pour le théâtre et l'histoire de l'art, ce qui la pousse à s'inscrire à l'université de Vienne.En plus de la musique et de l'art dramatique, elle commence à écrire à partir de ses vingt-et-un ans. C'est en effet en 1967 qu'elle publie un recueil de poèmes intitulé L'Ombre de Lisa.L'année suivante, Elfriede Jelinek entame l'écriture d'un roman qui n'est achevé et publié qu'en 1979 sous le titre Bukolit, hörroman.Son premier roman à paraître est Wir sind lockvögel Baby! en 1970. Il est suivi de Michael, Ein Jugendbuch für die Infantilgesellschaft, puis du très féministe Les Amantes en 1975.Elfriede Jelinek s'inspire par la suite des textes du dramaturge norvégien Henrik Johan Ibsen (1828-1906) et en particulier d’Une maison de poupée pour signer sa première pièce de théâtre baptisée Ce qui arriva quand Nora quitta son mari, ou les piliers de la société: rien que du malheur (1977). Elle garde les grandes lignes de l'oeuvre originale, mais l'adapte au contexte social contemporain pour dénoncer le statut inférieur réservé à la femme dans la vie active.Quatre années plus tard, elle s'intéresse à la jeunesse séduite par les idées néo-nazies dans Les Exclus, un livre qui ne tarde pas à être porté à l'écran par le cinéaste Franz Novotny avec lequel elle partage l’écriture du scénario. Elfriede Jelinek consacre ensuite une pièce de théâtre à Clara Wieck, la femme du célèbre compositeur allemand Robert Schumann (1810-1856), et baptise sa création Clara S.Si elle s'inspire de son propre vécu dans la plupart de ses écrits, La Pianiste (1983) est l'exemple le plus probant de cette tendance. Elle partage avec l'héroïne du roman, Érika Kohut, plusieurs points communs tels que l'âge, un certain repli sur soi, une présence écrasante de la mère, la passion de la musique et une grande difficulté à assumer ses désirs charnels. Très proche de l'autobiographie, ce livre n'en est pas moins son plus grand succès commercial, ce qui ne manque pas de susciter l'intérêt du réalisateur Michael Haneke. Celui-ci en fait un film en 2001 dans lequel il réunit Isabelle Huppert, Benoît Magimel et Annie Girardot.La sexualité est l'un des thèmes chers à Elfriede Jelinek. Elle le prouve une nouvelle fois en 1989 avec la parution de Lust, ou le récit d'une épouse totalement soumise à son mari, entrepreneur aussi tyrannique dans sa relation conjugale que dans sa vie professionnelle.Après la parution de Totenauberg en 1991, qui se penche sur la philosophie de Martin Heidegger, l'écrivain dévoile l'inquiétant Enfants des morts en 1995, un roman où règne une atmosphère particulièrement pesante et macabre.L'année suivante, elle se heurte à de vives critiques, notamment celles de personnalités d'extrême droite à l'image de Jorg Haider. Cet épisode la convainc de fuir toute forme de médiatisation.Elfriede Jelinek poursuit néanmoins sa carrière littéraire et imagine une pièce qui établit le lien entre le culte du sport et les idées fascistes, Sportstück qui paraît en 1998.Avidité, publié deux ans plus tard, fait partie de ces romans difficiles à traduire et à éditer en raison de la longueur croissante des ouvrages et d'une écriture de plus en plus sombre, laissant progressivement beaucoup moins de place aux touches d'esprit qui faisaient également le succès controversé de ses textes. Si elle se met à dos nombre de maisons d'éditions, de critiques et d'hommes politiques, elle continue toutefois de plaire à son public et aux cinéastes tels que Nicolas Stemann. Ce dernier reprend sa pièce Le Travail (2003) et l'adapte au cinéma en 2004. Il récidive en 2007 en portant la pièce Ulrike Maria Stuart à l'écran. 2004 est aussi l'année de la plus grande consécration d'Elfriede Jelinek puisqu’elle reçoit le prix Nobel de littérature, récompense qu'elle ne va pas chercher elle-même, expliquant son absence par des problèmes de santé.